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Dimanche, 08 Sept. 2024

La Chine, puissance capitaliste

Auteur : Conscience Citoyenne Responsable | Editeur : Stanislas | Lundi, 23 Sept. 2013 - 19h22

La Chine a pu devenir « l’atelier du monde » en faisant jouer ses « avantages comparatifs » sur le marché mondial : une immense main d’œuvre aux salaires de misère… et l’efficace dictature du parti dit « communiste » chinois ; mais après plus de vingt ans de privatisations par et pour la bureaucratie dominante, cette dernière s’est tellement enrichie que la colère s’accumule non seulement chez les travailleurs, mais aussi dans la bourgeoisie privée et les classes moyennes supérieures.

La Chine a connu ces dernières années des grèves répétées dans les entreprises industrielles, tandis que les campagnes sont parcourues d’explosions contre l’accaparement des terres. L’insécurité est présente partout : dans l’industrie, le bâtiment, le secteur minier. Ainsi, en 2012, plus de 1 300 personnes ont trouvé la mort dans des mines à la suite d’effondrements, d’explosions, ou d’inondations. Les scandales alimentaires se succèdent et la pollution est devenue un problème majeur de santé publique. Les responsables de catastrophes industrielles bloquent aussi la mise en œuvre de normes antipollution et sociales  au nom de la compétitivité, et les accidents industriels suscitent de nombreuses protestations populaires.

Plus problématiques sont les bulles spéculatives, notamment dans l’immobilier, que facilitent les baisses de taux d’intérêt décidées par la banque centrale, dans un pays où par ailleurs le besoin de logements est immense. Beaucoup de bureaucrates s’enrichissent grâce à cette spéculation et sont peu enthousiastes à l’idée de la freiner. Par ailleurs, les ménages chinois qui se sont saignés aux quatre veines pour acheter un logement n’apprécient pas de voir les prix de l’immobilier s’effondrer lorsque le gouvernement prend des mesures pour freiner la flambée des prix. L’inflation des produits alimentaires est aussi un sujet sensible car il provoque le mécontentement des ménages les moins riches.

Notons aussi que la répression est malgré tout aujourd’hui moins effective que les années passées. Non seulement parce que les manifestants deviennent plus hardis, mais aussi et au-delà, parce que c’est le début d’un changement plus fondamental des perceptions, tant du côté du peuple que de la classe dominante. La peur recule, alors que la bureaucratie sent que sa légitimité s’érode graduellement,  alors que le gouffre grandissant entre le parti et le peuple est avant tout le résultat de l’existence de ce « Parti-Etat » et de son capitalisme bureaucratique.

Sur le plan économique et social, la croissance forte réduit, sans les faire disparaître, les antagonismes qui naissent de l’accroissement des inégalités. Lorsque les revenus de la grande majorité augmentent grâce à la croissance, le fait que certains s’enrichissent plus que d’autres est moins intolérable que dans un contexte où une minorité s’enrichit tandis qu’une majorité s’appauvrit. Si les autorités ne parviennent pas à maintenir dans les deux décennies à venir une croissance suffisamment élevée, aux environs de 7 à 8 %, alors les inégalités et la corruption des élites deviendront encore plus inacceptables.

La Chine est déjà considérée comme « l’atelier du monde », mais elle est aussi devenue le premier acheteur d’un très grand nombre de matières premières, de produits intermédiaires, de biens de consommation durables et en particulier de produits de luxe. Les firmes multinationales se ruent pour produire en Chine mais aussi pour y vendre.

Jusqu’à quand la Chine parviendra-t-elle à maintenir une croissance élevée sans redistribution radicale des revenus pour rééquilibrer la croissance en faveur du marché domestique ? Jusqu’à quand le contrôle policier de la société empêchera-t-il le mécontentement de s’exprimer et de se fédérer ? Autant de questions cruciales dont les réponses sont incertaines. L’Etat n’est pas la solution aux contradictions profondes de la Chine : il est plutôt un problème en lui-même, sa corruption rampante s’impose de façon croissante comme un fardeau insupportable pour la société et provoquera un jour ou l’autre une implosion… mais pour l’instant, le principal est que les affaires continuent : bizness is bizness !


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