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Les leçons de la Cristiada...

Auteur : Antony Burckhardt | Editeur : Stanislas | Jeudi, 09 Mai 2013 - 22h46

La censure fait bien son travail en France : impossible de trouver une salle de cinéma projetant For Greater Glory, l’épopée des Cristeros revisitée par Hollywood. Le casting est pourtant ambitieux  : Andy Garcia (Le Parrain, les Incorruptibles), Eva Longoria (!) et le légendaire Peter O’Tool (Lawrence d’Arabie pour les anciens, Troie pour les plus jeunes). Bien sûr le film a ses limites : certains écarts avec la réalité historique, sentimentalisme hollywoodien… Il n’empêche, il a le mérite de faire découvrir au grand public un fait majeur du 21e siècle souvent occulté : la Cristiada. Pour ceux qui n’auraient pas vu le film ni consulté un manuel de l’histoire mexicaine, résumons les faits en quelques lignes.

« Viva la Virgen de Guadalupe ! Viva Cristo Rey ! »

En 1926 le gouvernement maçonnique du Président Plutarco Elias Calles fait appliquer les articles de la Constitution de 1917 visant à réduire le culte catholique à la sphère strictement privée : proscription de l’habit religieux, sécularisation de l’enseignement privé, interdiction des ordres monastiques ; prohibition de l’exercice du culte en dehors des églises. Le peuple mexicain, profondément catholique, riposte immédiatement : pétitions et boycott économique d’abord. Les évêques suspendent le culte dans tout le pays ensuite. Le gouvernement reste sourd. Après l’opposition pacifique, vint alors l’insurrection armée : au cri de « Viva la Virgen de Guadalupe ! Viva Cristo Rey ! » les Cristeros tiendront en échec les troupes du gouvernement fédéral pendant plus de trois ans. Alors que la victoire se dessine pour eux, l’habileté diplomatique de Washington parvient à mettre d’accord Calles, les évêques et le Vatican. Les fameux « arreglos » stipulent que les mesures anticléricales du gouvernement Calles ne seront plus appliquées, à défaut d’être officiellement abrogées. Autrement dit, le pouvoir reste aux mains des maçons (le parti de Calles se maintiendra au pouvoir sans interruption jusqu’en 2000 !) mais les cloches pourront à nouveau sonner à Mexico. Trois ans de guerre, des milliers de victimes (et de martyrs), et un retour au statu quo de 1926. Ou comment gagner la guerre et perdre la paix…

« De l’épopée des Cristeros, nous pouvons tirer au moins trois leçons. »

« Confiner la Foi dans la sphère privée… »

De l’épopée des Cristeros, nous pouvons tirer au moins trois leçons. La première est que confiner la Foi dans la sphère privée est une obsession des ennemis de l’Église. En 1926 comme en 2013, au Mexique comme en Europe. Tolérance pour les cathos mais à condition qu’ils gardent leurs convictions et leurs « bondieuseries » pour eux. Pas question de sortir la croix en dehors des sacristies ! Toute prise de position publique en tant que catholique fait immédiatement l’objet d’un lynchage en règle. Autrement dit, vous pouvez vous afficher en tant que socialiste, en tant qu’écologiste, en tant que libéral, gaulliste, musulman, juif ou même bouddhiste mais pas en tant que disciple du Christ ! Le pire est sans doute que beaucoup de catholiques ont absorbé intérieurement cet interdit. Dès qu’ils s’expriment dans la sphère publique ils cessent de faire référence à leur Foi pour devenir de « simples citoyens ». Comme si l’Évangile ne concernait que ceux qui le connaissent déjà ! Comme si la Foi était une part si négligeable de notre engagement qu’on pourrait l’occulter sans risquer de le dénaturer ! Comme si le catholicisme n’était qu’une vague spiritualité juste bonne à « recharger les batteries » sur le plan personnel ! « Celui qui rougira de moi devant les hommes Je rougirai de lui devant mon Père »…

La deuxième leçon est sans doute la plus douloureuse… Je ne suis pas un adepte du « bishop-bashing » mais nous ne pouvons ignorer les leçons de l’Histoire. Les loups sont parmi le troupeau. Le drame est que parfois ils ne sont pas seulement déguisés en brebis mais poussent l’audace jusqu’à s’emparer de la houlette du pasteur… Tragédie inaugurée par l’un des douze.

Ce qu’il nous faut, c’est un Bienheureux José Sanchez del Rio !

Enfin, troisième et ultime leçon : depuis le Golgotha c’est le sang des martyrs qui irrigue l’Église. Les Cristeros n’étaient pas de gentils cathos mous insipides. Hier comme aujourd’hui, la Foi exige courage, héroïsme, don de soi, sacrifice ! Basta « gnangnan style », groupes de partage, et sempiternels jus d’orange dans les non moins immuables gobelets en plastique ! Nous n’avons pas besoin de « cathos sympas » ou de « cathos cool ». Ce qu’il nous faut, c’est un bienheureux José Sanchez del Rio ! Né en 1913 , il a 13 ans quand éclate la guerre. Aussitôt il demande à rejoindre l’armée cristera. Après plusieurs refus des officiers cristeros, il parvint à convaincre le général Prudencio Mendoza de le recruter comme porte-drapeau. Quand on lui demande les raisons de son engagement, José est sans ambiguïté : aller plus vite au Ciel ! Au début de l’année 1928, il est fait prisonnier par les troupes fédérales. Le 10 février, les soudards de Calles lui arrachent la plante des pieds et le forcent à marcher déchaussé jusqu’au lieu de son supplice. S’il dit « Mort au Christ Roi », il aura la vie sauve. La réponse de Joselito à ses bourreaux ne se fait pas attendre : « Viva Cristo Rey ! » Une balle dans la tête et voilà notre héros de 15 ans réalisant son rêve : partir vite vers le ciel ! « Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier », disait Jean-Paul II. Qu’attendons-nous ?


- Source : Antony Burckhardt

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