Faut-il une signalétique "Boire du soda tue" ?
Selon plusieurs études récentes, boire une canette de soda par jour suffirait à favoriser de 50% la possibilité de développer un diabète de type 2. Faut-il envisager d'apposer une mention "Boire du soda tue" sur les canettes de soda ?
Fumer tue" est une mention que les lobbies de l'industrie du tabac ont combattu avec véhémence mais qui a fini par apparaître sur les paquets de cigarettes du monde entier, relayant l'idée que la consommation de tabac est néfaste pour la santé. Le résultat ? Absolument aucun impact sur la consommation de cigarettes - les fumeurs ignorant le message après l'avoir vu une fois. La seule mesure ayant eu une efficacité relativement importante sur la consommation de tabac a toujours été l'augmentation du prix du paquet de cigarette, seule solution envisageable à défaut de pouvoir interdire la vente.
Par la même démarche intellectuelle et pragmatique, on sait déjà que l'affichage des calories sur les paquets de gâteaux n'a absolument pas réduit la consommation de produits sucrés en tout genre. Plusieurs études sont édifiantes à ce sujet : on a constaté que lorsque l'enseigne Starbucks indique le nombre de calories contenues dans ses gâteaux, les ventes ne fléchissent pas. Apposer une signalétique "Boire du soda tue" sur les bouteilles et les canettes de soda est une mesure tellement excessive qu'il y a fort à parier que les consommateurs vont plutôt, au mieux ne pas y faire attention, au pire tourner en dérision le message. Mais en aucun cas le comprendre et encore moins le prendre en compte.
Les jeunes, qui sont les plus grands consommateurs de sodas, se sentent de toute manière immortels - c'est l'apanage des 15-35 ans- et un message anxiogène d'une telle morbidité n'aura aucun impact sur eux.
En revanche, à l'instar de certains produits jugés dangereux comme les acides gras trans par exemple, imposer des règles à l'industrie agroalimentaire et aux établissements scolaires pourrait avoir un impact non négligeable :
- Réduction de la taille des boissons et du conditionnement en pack plus petits (moins de 4 bouteilles par exemple)
- Augmentation de l'utilisation de produit sucrant comme le nectar d'agave ou la stevia ayant un impact réduit sur le taux de sucre dans le sang et/ou "zéro calories".
- Interdiction de distribution des sodas sucrés dans les écoles et interdiction du "sponsoring" -pratique très à la mode aux USA des établissements scolaires par des marques de soda- - 80% des établissements scolaires publiques américains ont des contrats avec Coca Cola par exemple et c'est une tendance qui arrive en France.
- Interdiction du sponsoring d’événements sportifs scolaires par les marques de sodas sucrés n'offrant pas d'alternatives saines.
- Augmentation du prix des boissons via une taxe supplémentaire dont les recettes iraient dans les fonds de soutien aux programmes éducatifs nutritionnels et dans les réunions de parents d’élèves non sponsorisées par les marques concernées. En effet, l'éducation alimentaire se joue dès l’enfance - d'après les statistiques, 77% des enfants obèses le resteront à l’âge adulte mais seuls 7% des enfants minces deviendront obèses à l’âge adulte - et le message santé de prévention et de bonne consommation doit absolument être pris en charge par les parents.
- Enfin, mise en place dans les écoles de cours de "goût" et de cantines scolaires avec des chefs qui réintroduisent le vrai plaisir gustatif à l’école (à l’instar de Dominique Valadier, cuisinier au lycée de l’Emperi à Salon de Provence).
- Source : Valérie Orsoni via Atlantico