Un village australien résiste à McDonald's
En 2013 (après Jésus-Christ), toute la planète (de la restauration rapide) est occupée par McDonald's. Toute? Non! Un petit village d'irréductibles australiens résiste encore et toujours à l'envahisseur.
Cette bourgade se nomme Tecoma, une petite ville de 2.000 habitants nichée dans les contreforts luxuriants de Dandenong Ranges, à l'est de Melbourne. Depuis deux ans, ses administrés luttent avec détermination (mais point de potion magique) contre le géant américain qui souhaite y implanter un restaurant. Et ils utilisent tous les moyens pacifiques pour se faire entendre: manifestations dans les rues, sitting, pétition en ligne, mobilisations au travers des réseaux sociaux. Des volontaires ont même lancé une campagne de dénigrement à l'égard de McDonald's en relevant des méfaits l'impliquant prétendument pour ensuite les relayer dans les journaux locaux. Et en février, le bâtiment du siège de McDonald's Australie a dû faire face à une invasion de nains de jardin.
Vandalisme et préservatifs usagés
Mais pourquoi une telle mobilisation contre la venue de McDo (surnommé "Maccas" downunder, ndlr)? Les raisons sont multiples. Certains craignent voir cet endroit vert être dénaturé. Pour d'autres, il risque de bouleverser la quiétude du village. "Savoir que je vais vivre à 400 mètres d'un McDo me déplaît", déclare un villageois sur CNN. "Cela va générer du trafic et un réel inconfort". En outre, le futur emplacement est voisin de l'école de la ville. Une idée inconcevable pour certains qui en font une question de santé publique. "Voir un tel restaurant faire face à l'école primaire et au jardin d'enfants n'est pas un bon exemple pour les enfants. En outre, un restaurant ouvert 24h/24 signifie une augmentation des déchets, du vandalisme voire pire, des préservatifs usagés, des bouteilles cassées. Une somme de choses qui pourrait blesser nos enfants", déclare pour sa part une mère de famille un brin alarmiste.
Démocratie vs. dollars
Si McDonald's déclare entendre les revendications et en tenir compte, une décision favorable du tribunal administratif et civil l'a encouragé à maintenir son projet. Et malheureusement pour eux, les manifestants manquent de moyens pour porter l'affaire devant la Cour Suprême. Désargentés, mais loin d'être découragés, ils veulent poursuivre le combat. "La démocratie doit triompher des dollars. Notre communauté est unique. Tous les manifestants continuent à l'affirmer: nous ne voulons pas d'une multinationale de restauration rapide chez nous", martèle Garry Muratore, porte-parole du mouvement protestataire.
Pour garder espoir, le mouvement s'appuie sur un précédent qui a eu lieu en 2011, lorsque la Cour environnementale de Sydney avait finalement rejeté la construction d'un quatrième restaurant à Port Macquarie (Nord de Sydney) dans une zone résidentielle protégée. La chaîne américaine, qui compte 780 restaurants au travers de l'Australie et emploie quelque 85.000 personnes, espère toutefois ouvrir son 781e restaurant. Et si tout ça finissait par un énorme banquet de Big Mac?