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Les Etats-Unis mettent la Russie en position de reprendre l’initiative stratégique

Auteur : Valentin Vasilescu | Editeur : Walt | Samedi, 16 Mai 2015 - 16h16

Dans un précédent article, j’avais écrit que l’accord de paix Minsk 2 qui a été achevé en février 2015, et dont les termes étaient dictés par le Kremlin, représentait vraiment une victoire incontestable pour Vladimir Poutine. L’Europe était représentée par les grandes puissances économiques et militaires, l’Allemagne et la France, dirigées de l’arrière par les Etats-Unis qui ne voulaient pas se mettre sous les projecteurs. Alors que l’Europe joue le rôle du « bon flic » dans les relations avec la Russie, les Etats-Unis donnent l’impression d’être le « m’chant flic ».

Avec une journée de décalage avec la fastueuse commémoration du 9 mai, la chancelière allemande Angela Merkel arrive à Moscou. Le mandat qui lui a été confié par les Etats-Unis s’est reflété dans son ton tranchant et pour la première fois, par des références en termes accusateurs à l’annexion de la Crimée. Et cela après que Merkel ait refusé de manière ostentatoire l’invitation à assister à la parade du Kremlin, pour venir le lendemain sur le terrain, la mâchoire serrée, afin de faire des reproches peu orthodoxes à la Russie. En outre, la Commission des affaires étrangères du Parlement européen, contrôlée par l’Allemagne, avait prévu de discuter d’un projet visant à renforcer les sanctions contre la Russie, qui devrait être adopté en juin. En fait elle a un peu irrité le Président Vladimir Poutine.

En résumé, l’Europe, en la personne de Merkel, a joué cette fois le rôle du méchant dans les relations avec la Russie, étant convaincue que ce rôle préparerait le terrain pour des pourparlers entre le Secrétaire d’État américain à Sotchi avec son homologue russe et Vladimir Poutine, au cours desquels la position des États-Unis s’avèrera être beaucoup plus souple que celle de l’Europe. Ostensiblement, Kerry a laissé à l’hôtel de Sotchi l’intransigeante Victoria Nuland avec qui il avait fait le déplacement en Russie, juste pour prouver que Washington est prêt à des concessions. En outre, la déclaration du président Petro Porochenko, selon laquelle l’armée ukrainienne s’apprête à récupérer rapidement l’aéroport de Donetsk, a été fermement sanctionnée par Kerry lui-même à Sotchi: « je conseillerai à l’Ukraine de bien réfléchir avant de prendre une telle décision. « 

Sans en avoir informé au préalable Merkel, Kerry s’est permis, à Sotchi, d’annoncer à Sergueï Lavrov et Vladimir Poutine, au nom des États-Unis et de l’UE, la possibilité réelle d’annuler les pénalités et sanctions imposées à la Russie. Donc cette fois les États-Unis ont décidé d’inverser les rôles, les USA s’arrogeant le rôle positif dans les relations avec la Russie, laissant délibérément de côté Merkel.

Seulement, Lavrov n’est pas tombé dans le panneau, et a rappelé à Kerry que sur cette question il ne peut y avoir aucune négociation, puisque la Russie a imposé les sanctions à l’Union Européenne en réponse aux pressions américaines. Et que du point de vue de la Russie, la décision de l’UE pour promouvoir la paix en Ukraine par le biais de punition contre la Russie, tout en accordant une aide militaire substantielle à l’Ukraine, représente, de toute évidence, une grave fracture. Dans ces conditions, avec toutes les sanctions imposées, la Russie maintient fermement sa position. Elle a démontré par le défilé de ses forces et moyens militaires de dernière génération, sur la Place Rouge le 9 Mai, qu’elle était prête à se battre, tandis que l’Ukraine dirigée par des chefs de l’Euromaidan, soutenus par les Etats-Unis, s’effondre. Lavrov a démontré en quelques mots à Kerry que la politique des Etats-Unis réalisée l’année dernière et visant à mettre la Russie à genoux a lamentablement échoué.

Pour les USA, le sujet brûlant pour le moment est le Moyen Orient. Les Etats-Unis ont commis d’innombrables erreurs stratégiques. Les relations avec les principaux pays de la région sont devenues de plus en plus compliquées et ils admettent ouvertement qu’ils ont besoin d’aide, en particulier en ce qui concerne la crise en Syrie. Et cette aide ne peut venir que de la direction de la Russie, ce qui explique que la question de la recherche de solutions en Ukraine peut attendre.

Ils sont restés loin des yeux et loin des oreilles de la presse, ce qui garantit que Kerry est disposé à offrir beaucoup à Poutine. Peut-être l’annulation des sanctions et la reconnaissance par les États-Unis de l’annexion de la Crimée par la Russie, en échange de l’engagement de la Russie dans la coalition des Etats-Unis et ses alliés contre l’Etat islamique ?


- Source : Valentin Vasilescu

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