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Vendredi, 29 Nov. 2024

Emmanuel Macron en flagrant délit d'apologie du thatchérisme…

Auteur : Olivier Berruyer | Editeur : Walt | Mardi, 12 Mai 2015 - 20h21

Le ministre de l'Économie est intervenu dans une émission de la BBC consacrée à la France. Entre trois éloges des "réformes" et deux aphorismes édifiants, il a confié ses regrets que notre pays n'ait pas pris le train des années Thatcher.

Emmanuel Macron est fascinant, tant il incarne, aussi bien dans son discours que dans les politiques qu’il met en œuvre, l’achèvement du virage libéral du Parti socialiste. En toute quiétude, en toute certitude et en toute bonne conscience, ce qui lui permet de réciter le bréviaire du libéralisme sans ciller ni percevoir de quels renoncements il se fait l’agent.

Les réformes, les réformes, les réformes !

Cette fois, c’est dans le cadre d’une émission de la BBC consacrée à la France, Quelle Catastrophe ! France with Robert Peston (Robert Peston est un journaliste économique) qu’il a exprimé ses convictions habituelles, probablement confiant dans leur bonne réception par le pays porte-drapeau du libéralisme en Europe. Cela explique peut-être qu’il n’a pas pris beaucoup de précautions pour exprimer son admiration envers les politiques menées dans les années 80 par le gouvernement de Margaret Thatcher :

« Quand on compare [la France] avec le Royaume-Uni dans les années 80, la grande différence est que nous n’avons pas assuré [les réformes] à l’époque. Les Français se rendent compte que les autres ont décidé de changer et que nous sommes les seuls à ne pas réformer notre propre système. »

C’est dit. Peu importent la brutalité avec laquelle la dame de fer a appliqué sa politique, les ravages sociaux qu’elle a provoqués et ses conséquences politiques. La nécessité-des-réformes est aussi naturelle que l’air ou l’eau, elle n’est pas discutable. Macron pense certainement que "les réformes" ne sont ni de droite, ni de gauche. Elles sont. C’est le sens de ses références constantes à la réalité réelle, à cet ordre de la nécessité indiscutable et de l’absence d’alternative, le sens de ces redondances dont il a encore livré quelques échantillons à la BBC :

« Je pense que les gens pensent que nous avons besoin de réformes. Nous voulons faire des réformes, alors nous allons faire des réformes. »

Force d’auto-conviction

Sa force de conviction confine à la méthode Coué, et elle trahit aussi l’effacement de la gauche critique et de ses valeurs, tout en proposant une analyse politique elle-même dans le déni :

« Les Français sont totalement en ligne avec notre volonté de réformer le pays. Et quand ils ne sont pas contents, c’est parce que nous ne le réformons pas assez. »

Gérard Filoche, également interrogé au cours de l’enquête, appréciera. Nul doute qu’il interprétera aussi, ce mécréant, la déclaration suivante comme une manière d’annoncer la liquidation du « modèle social » qu’elle évoque :

« Les Français sont extrêmement attachés à leur modèle social. Si nous voulons qu’il soit durable dans cette mondialisation, nous devons gagner, nous devons nous réadapter. »

Il faut réformer, parce qu’il n’y pas d’alternative, parce que « la mondialisation est une opportunité » bien que les Français aient décidément du mal à le comprendre. Voyez-vous, « un des grands principes du populisme, c’est de promouvoir des idées idiotes ». Hélas, les sachants ont mal expliqué la mondialisation heureuse :

« Si vous réformez, si vous expliquez, si vous êtes décidé, si vous êtes leader, il n’y a pas de place pour le Front national. Notre erreur est de ne pas avoir assez expliqué que la mondialisation peut être une opportunité si elle est bien gérée. »

Emmanuel Macron est un leader : c’est probablement la raison pour laquelle il parle toujours comme un évangéliste, un motivateur de formation “force de vente” ou un auteur du rayon “développement personnel” de la Fnac. Laissons-lui ce (foudroyant) mot de la fin, que l’on ajoute à notre collection de Macron Philosophie, mise à jour dans le portfolio ci-après :

« On ne commence jamais un match de football en pensant qu’on va perdre. »


- Source : Olivier Berruyer

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