Le vrai visage d'Obama
Le président Obama vient de dépasser les bornes de l'entendement. Déclarer que le Venezuela représente une menace exceptionnelle contre la sécurité nationale des États-Unis, la plus grand puissance militaire au monde, est tout simplement ridicule.
Celui qui déclarait, en octobre dernier, avec le plus grand sérieux du monde, que la politique extérieure des États-Unis d’Amérique reposait sur un principe fondamental de non-intervention dans les Affaires internes des autres pays, se retrouve aujourd’hui, plus que jamais à visage découvert.
« Moi, Barack Obama (...) je considère que la situation au Venezuela (...) constitue une menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale et la politique extérieure des États-Unis".
"C'est pourquoi je déclare l'urgence nationale pour faire face à cette menace".
Comment, un pays de moins de 29 millions d’habitants, à des milliers de kilomètres des États-Unis, sans armes nucléaires, promoteur avant tout d’une Amérique latine territoire de paix, peut-il devenir tout d’un coup une menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale et la politique extérieure des États-Unis ?
Comment peut-il faire une telle déclaration au lendemain de la visite au Venezuela d’une délégation d’UNASUR, invitée spécialement par le président Nicolas Maduro, pour constater sur le terrain la nature et l’ampleur des problèmes que vit le pays et pour échanger à leur sujet avec les principaux représentants politiques, économiques et sociaux concernés?
Comment peut-il ignorer l’avis des principales instances régionales, telles UNASUR, ALBA, CELAC qui regroupent, dans leur ensemble, tous les pays de l’Amérique latine ? Ces dernières se déclarent contre tout interventionnisme dans les affaires internes des pays latino-américains et des Caraïbes et, dans le cas du Venezuela, la délégation d’UNASUR s’en remet au processus constitutionnel qui prévoit pour décembre prochain des élections pour le renouvellement des députés à l’Assemblée générale?
L’Amérique latine et les Caraïbes représentent 33 pays, comprenant plus de 500 millions d’habitants. Longtemps considérée comme la cour arrière des États-Unis, elle s’affirme, aujourd’hui, comme un territoire de paix, de souveraineté et d’indépendance.
Il y a quelques mois à peine, ce même Obama reconnaissait que la politique des États-Unis et le blocus criminel contre Cuba avaient été un grand échec. Un aveu inattendu qui laissa entrevoir un changement de direction des politiques extérieures des Etats-Unis dans ses relations avec l’Amérique latine, devenue souveraine et indépendante. C’est en ce sens que la reprise des pourparlers avec Cuba se présenta comme pleine de promesses.
Le rêve ne dura pas longtemps. Pendant que les réflecteurs étaient tournés vers ces négociations de réconciliation entre Cuba et les États-Unis, ce même Obama déclarait la guerre des sanctions contre le Venezuela, ignorant complètement sa déclaration concernant l’échec du blocus économique contre Cuba. Avec le décret d’hier, il va encore plus loin. Il déclare la guerre au Venezuela.
On attribue la reprise des échanges entre Cuba et les États-Unis à une intervention du pape François auprès d’Obama. Si tel fut le cas, il faudrait, et c’est urgent, qu’il en fasse tout autant auprès de ce dernier pour éviter une guerre sanglante qui risquerait d’enflammer toute l’Amérique latine. Il faut qu’il fasse comprendre à M. Obama qu’il appartient aux instances multilatérales d’arbitrer les conflits mettant en cause le respect du droit des personnes et des peuples.
Pour un récipiendaire du prix Nobel de la paix, les projets de guerre ne lui manquent pas : Syrie, Irak, Ukraine, Russie et maintenant le Venezuela. Il est temps qu’il prenne un temps d’arrêt. Le bon sens n’y est plus. Il met son pays sur un pied de guerre pour voler au secours de criminels assassins qu’il convertit arbitrairement en prisonniers politiques. C’est hors de toute proportion et c’est prendre le monde pour des cons.
Nous sommes bien loin de ce jeune Obama militant dans les quartiers pauvres de Chicago, assurant la défense des pauvres et laissés pour compte de la société. Nous sommes loin de ce Obama qui avait redonné espoir à l’Amérique qu’un autre monde était possible. Il disait à l’époque, avec la passion qui l’habitait, « Yes, we can ». « Oui nous pouvons ».
Malheureusement, ce rêve d’Obama se révèle être aujourd’hui toute autre chose de ce qu’il était au temps de la conquête du pouvoir.
Si le pape François veut empêcher une guerre sanglante au Venezuela et éventuellement dans l’ensemble de l’Amérique latine, il est temps qu’il agisse et vite. Il se doit de dénoncer avec force et sans ambiguïté cette forme d’interventionnisme dans les affaires internes du Venezuela. Une occasion unique pour l’Église de se racheter de toutes les fois où elle a servi de caution à pareilles interventions. Sans l’appui du Vatican, Obama ne saurait s’aventurer dans une guerre en Amérique latine. Il est important que le pape François lui fasse savoir que l’Église et le Vatican s’opposent fermement à ce décret et qu’ils ne le suivront pas sur cette voie de l’interventionnisme.
- Source : Oscar Fortin