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Le réseau Gladio pourrait être impliqué dans l'assassinat de Boris Nemtsov

Auteur : Alexandre Artamonov | Editeur : Walt | Mercredi, 04 Mars 2015 - 23h38

Boris Nemtsov qui, à la fin des années 90, était désigné comme un « jeune loup » c'est-à-dire héritier de Boris Eltsine par le feu Président de Russie lui-même se fit assassiner sur la voie publique, un pont surplombant la Moskova, à la hauteur du château présidentiel, le Kremlin.

Jacques Sapir explore tous les tenants et les aboutissants de ce meurtre arrogant commis au cœur même de la citadelle du pouvoir russe, à deux pas de la Place Rouge et en face du très huppé hôtel Baltchoug.

RS.Jack Matlock a fait un rapprochement avec le meurtre de Kirov, lieutenant de Staline, assassiné en 1935 lorsqu'il fut le chef du parti communiste à Léningrad. Selon lui cela a provoqué les purges à l'époque et que l'on pouvait s'attendre aussi à quelque chose de spectaculaire de la part des activités russes de nos jours. Qu'en-dites-vous?

Jacques Sapir. Non! Je pense que là c'est du mauvais roman! L'affaire du meurtre de Kirov est aujourd'hui très bien connue des historiens. On sait que Kirov qui était le numéro 2 ou 3 du Parti communiste en 1935, a été tué par un mari jaloux qui lui reprochait en fait de coucher avec sa femme. Après il est clair que les organes de sécurité, avec l'aval de Staline, ont utilisé cela, pour commencer à lancer des purges extrêmement importantes à un tel point que l'on parlait des trains entiers remplis d'assassins de Kirov!

Mais d'abord on n'est plus Staline et ce ne sont plus les mêmes mécanismes politiques qui jouent. Et de ce point de vue-là dire: « Oui, mais Poutine est un nouveau Staline », c'est maintenant ridicule! On peut peut-être rapprocher beaucoup de choses à Vladimir Poutine mais certainement pas de vouloir revenir à la période stalinienne dont il a dit lui-même que c'était une période profondément tragique.

Secondo, si l'on suit cette espèce de métaphore en disant: « C'est l'équivalent du meurtre de Kirov… » alors ce ne serait pas Nemtsov qui était tué! Ca serait quelqu'un beaucoup plus proche de Poutine. Par exemple, le premier ministre Dimitri Medvedev… Pourquoi pas Rogozine? Pourquoi pas le président de Rosneft Igor Setchine? Si l'on avait tué un proche de Poutine, alors là on aurait pu dire: « Attention! Il va avoir justement une vaque de répressions! »

Auteur d'un article pour SPUTNIK intitulé « Boris Nemtsov: à qui profite le crime? », Jacques Sapir s'enquiert du doigté de la mise en scène sanglante. En effet tout a été choisi aussi méthodiquement que, par exemple, les exécutions arrangées de Daesh où les cinéastes professionnels occidentaux se seraient affairés.

Le lieu du meurtre de Nemtsov se trouve sur un pont au niveau de la tour du Kremlin, presqu'au-dessus du fleuve. Mais attention! Si la victime avait fait encore quelques pas, le meurtrier se serait trouvé en ligne de mire des caméras de l'hôtel Baltchoug ou les caméras du Kremlin; c'est dire que la distance et le lieu même ont été méticuleusement calculés, avec un froid professionnalisme digne d'un Machiavel.

Jacques Sapir. Ce crime a pour effet de tenter de déstabiliser la Russie. Est-ce que cela a bien été le projet qui, d'une certaine façon, a motivé le tueur ou est-ce que c'est un effet induit de la mort de Nemtsov, je n'en sais rien. Et il n'y a qu'à voir l'effet d'hystérie que fait une partie de la classe politique occidentale, en France, en particulier. C'est quelque chose de tout à fait indécent et qui n'a pas la moindre base factuelle.

Et puis j'ai remarqué qu'il y a eu une série de choses étranges, mais c'est à l'enquête de déterminer précisément ce qui s'est passé: néanmoins les assassinats par contrat se passent très rarement dans des lieux publics aussi exposés que l'est le Grand Pont qui traverse la Moskova avec le Kremlin en-dessous! Je pense qu'il y a eu là la volonté politique de mettre en scène la mort de Boris Nemtsov peut-être pour justement provoquer cette réaction de la presse occidentale et des politiciens occidentaux…

Vous souvenez-vous de la saga Jason Bourne avec Matt Damon qui tenait la vedette? Il est probable que vous ne savez pas qu'il s'agit presque d'une histoire vraie. Paru en 2005, le livre de Daniel Ganser « Les Armées secrètes de l'OTAN — Réseaux Stay Behind, opération Gladio et terrorisme en Europe de l'Ouest» nous raconte le vrai Jason Bourne. On peut dire qu'il a semé la pagaille chez les euro-atlantistes et redonné l'espoir aux gaullistes oeuvrant pour la renaissance d'une France souveraine et française avant tout autre chose. Le livre en question nous raconte que pendant la guerre froide, l'OTAN a organisé avec l'accord des grandes démocraties occidentales des armées de l'ombre afin d'empêcher l'essor du communisme hors du bloc soviétique. Pareil à un mémoire de doctorat, le livre nous dévoile le réseau structuré et puissant incontrôlable par les autorités nationales des pays respectifs y compris la France, l'Italie et la Suisse.

Je me demande alors pourquoi les opposants naturels de Poutine comme la CIA ou le Congrès des Etats-Unis qui sont allés jusqu'à composer la liste d'indésirables à éliminer par tous les moyens (y compris le président de Biélorussie cité comme dictateur) n'iraient-ils pas jusqu'à l'organisation d'une mise en scène macabre afin de déstabiliser la gestion de Poutine? Bien malheureusement pour les présumés commanditaires, une manipulation de cet acabit ne saurait être commise que par des apprentis sorciers qui ne maîtrisent absolument pas le contexte russe. Si j'étais Obama, je les mettrais immédiatement à la porte. L'argent dépensé en leurs salaires a été claqué pour rien. Décidément il faut renouveler l'équipe des analystes washingtoniens.

Vidéo explicative Réseau Gladio


- Source : Alexandre Artamonov

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