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« La France est en train de saborder ses intérêts au Proche-Orient » selon Jacques Myard

Auteur : Emilie Defresne | Editeur : Walt | Vendredi, 27 Févr. 2015 - 23h58

Membre de la délégation non officielle des 4 parlementaires français, qui ont rendu une visite controversée à Bachar al-Assad en Syrie, le député des Yvelines Jacques Myard (UMP) s’est exprimé à sa descente de l’avion. Répondant aux critiques, l’intéressé a déclaré que les députés français étaient « libres », ajoutant que ces derniers n’étaient « pas sous l’autorité du chef de l’Etat ».

Jacques Myard : "je ne suis pas sous l'autorité du chef de l'Etat"

Dans une longue interview qu’il a donné à ITélé ensuite, ce député a déclaré que les politiques français étaient autistes, qu’il fallait qu’ils sortent de leurs idées préconçues. Notamment a-t-il donné en exemple, lorsque la France livre des armes aux rebelles syriens prétendus modérés et qu »‘on retrouve ses armes dans les mains d’Al Nosra, il y a quand même des questions à se poser !

Jacques Myard : Assad "élément incontournable" d'une solution politique en Syrie

Jacques Myard est député UMP depuis 2002. Il a eu plusieurs rôle de diplomate au sein de différents gouvernements.

« C’est ce qu’a fait de Gaulle avec le FLN, et pourtant il ne les aimait pas beaucoup. » Interrogé sur Sud Radio deux jours après la visite controversée d’un groupe d’élus français à Bachar Al-Assad, le député UMP des Yvelines Jacques Myard a justifié, jeudi 26 février, ce déplacement, qualifié de « faute morale » par le premier ministre, Manuel Valls.

« La politique d’aveuglement et d’autisme va dans le mur et ce n’est pas acceptable », a dénoncé le député des Yvelines, expliquant que, selon lui, il n’y aurait « pas de règlement militaire » au conflit syrien, « ce sera un règlement politique », et « Bachar Al-Assad [en] sera partie prenante ». Il s’agissait de la première visite d’officiels français depuis que le régime d’Al-Assad a été décrété infréquentable, en 2012. «

Cette délégation comprenait, outre M. Myard, le sénateur Jean-Pierre Vial (UMP, Haute-Savoie), le député Gérard Bapt (PS, Haute-Garonne), et le sénateur centriste et maire de Laval (Mayenne), François Zocchetto . (Source Le Monde)

“La France est en train de saborder ses intérêts au Proche-Orient. ”

Quant aux critiques qui s’élèvent de toutes parts depuis hier soir pour commenter l’initiative des députés français partis en Syrie sans l’aval du Quai d’Orsay, Jacques Myard (UMP) répond :

« Ce qui est certain, c’est que ce voyage correspond à ce que de très nombreux députés et sénateurs pensent sur la nécessité d’adapter notre politique au Proche- et au Moyen-Orient (…) Il faut simplement répondre à ces gens-là que, s’ils ne veulent pas de Parlement, de députés libres qui pensent par eux-mêmes et qui ne sont pas aux ordres de l’appareil étatique, il faut supprimer le Parlement. Les parlementaires français sont libres et ce genre de critiques me laissent froid. Cela provient de gens qui sont dans les salons parisiens et qui ne comprennent pas quels sont les enjeux du monde. »

Avec ce voyage, Jacques Myard espère faire sauter en partie les verrous qui empêchent Paris de « réexaminer [sa] politique au Proche-Orient », afin d’aider à l’obtention d’un « règlement politique » du conflit dans la région. « La France est en train de saborder ses intérêts au Proche-Orient. À un moment, trop c’est trop. Il nous faut réexaminer notre politique au Proche-Orient », termine le député de l’opposition. (Source: Sud Radio)

Le sénateur mayennais François Zocchetto a répondu à Ouest France:

On vous fait le reproche de brouiller le message de la France, à savoir, depuis mars 2012 : aucun contact avec le régime de Bachar al-Assad…

Il y a un débat sur cette position, parmi les parlementaires et jusqu’au sein de la diplomatie française. Je crois pouvoir vous dire que la parole va bientôt se libérer. Nous sommes ici pour collecter de l’information, dont nous rendrons compte à nos collègues de la commission des Affaires étrangères, voire au gouvernement s’il le souhaite. Parce qu’il y a une opportunité pour reprendre le dialogue et les relations diplomatiques avec la Syrie. Nous ne sommes pas isolés. Il y a un envoyé spécial de l’Onu en Syrie, qui travaille en ce moment à obtenir un cessez-le-feu à Alep, et une délégation du Parlement européen va bientôt venir s’informer ici.

Vous considérez que la rupture avec Damas a conduit à une impasse ?

Cette posture a peut-être été justifiée à un moment donné, mais il faut que l’on s’interroge sur la manière dont les choses évoluent. Il faut prendre en compte le développement du terrorisme en Syrie, en Irak, le fait que l’Etat Islamique s’installe maintenant au Liban et que le terrorisme frappe jusque dans nos pays. On ne peut pas rester sur le statu quo face à une organisation terroriste qui dispose de moyens considérables.

Bachar al-Assad a beaucoup de sang sur les mains. Lui serrer la main ne vous a pas gêné ?

J’invite ceux qui sont sur cette posture qui consiste à dire aucune relation, autrement dit à se laver les mains un peu vite de beaucoup de choses, à réfléchir. Cette posture met tout le monde dans une impasse.

A Damas, vous avez aussi pu rencontrer des opposants de l’intérieur ?

Nous avons rencontré des parlementaires des différents groupes, mais pas d’opposants. Il est plus facile de les rencontrer à Paris. Nous avons aussi rencontré le mufti, les patriarches catholique, orthodoxe et arménien. Et puis, il y avait un volet humanitaire très important : nous avons vu des responsables du Croissant-Rouge et de la Croix-Rouge, du lycée français. Nous leur avons dit : vous n’êtes pas tout seuls. Il faut mesurer qu’il y a un vrai sentiment d’abandon dans cette population syrienne, qui est très proche de la France. La Syrie, c’est un Etat laïc, c’est d’ailleurs ce qui déplaît à beaucoup dans la région.

L’opposition modérée en exil –notamment en France– vous accuse de contribuer à réhabiliter un criminel de guerre…

Je comprends les sentiments de ces opposants. Mais depuis quatre ans de guerre, est-ce que leur action a changé beaucoup de choses ? Il y a un moment où il faut tenir compte de la réalité. Il y a eu pendant ce temps des milliers de morts et il y a l’Eata Islamique qui progresse partout.


- Source : Emilie Defresne

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