Le plan de redécoupage du Moyen-Orient mis en place par les États-Unis
Après avoir détruit l’Irak et initié, en partie, la déstabilisation de la Syrie et permis l’émergence, un peu plus d’une décennie plus tard, de l’État islamique (EI), les États-Unis jouent leur rôle classique de pompiers pyromanes.
Présent au Koweït, le nouveau secrétaire à la défense (depuis le 17 février dernier) Ashton Carter déclarait que la coalition menée par les États-Unis allait « infliger une défaite irréversible » à l’État islamique.
Une action militaire dirigée par les Iraquiens, et soutenue par les Américains, serait un objectif prochain afin de reprendre la ville de Mossoul, voisine de la Turquie et de la Syrie (à l’ouest). « Je suis plutôt confiant à l’idée que les Iraquiens la reprennent. Ils ont les bonnes forces armées pour le faire », a-t-il déclaré. Sans pour autant donner de dates précises, des sources militaires officielles ont annoncé que les hostilités commenceraient au printemps.
« Je pense que l’important est que la campagne pour reprendre Mossoul réussisse, et nous sommes engagés pour y arriver, sans calendrier particulier », a ajouté Ashton Carter.
Cette dernière déclaration renferme toutes les contradictions de la politique extérieure des États-Unis, et qui va bien sûr à l’encontre du plan officieux (mais plus réel que l’officiel) de la diplomatie américaine – de « l’État profond », comme le définit le géopoliticien Aymeric Chauprade et le montre Pierre Hillard dans La Marche irrésistible du nouvel ordre mondial – de redécoupage du Moyen-Orient mis en place à la suite des attentats du 11 septembre 2001.
Wesley Clark, général quatre étoiles de l’armée américaine à la retraite, est sorti du bois. Après sa révélation sur les sept pays à détruire (Iraq, Syrie, Liban, Libye, Somalie, Soudan et Iran), il a à nouveau pointé du doigt la duplicité (pour ne pas dire plus) des guerres et des alliances de l’Oncle Sam. « L’État islamique a commencé par le financement de nos amis et nos alliés », a-t-il déclaré. « Vous soutenez ces zélés et ces fondamentalistes religieux, ce sont eux qui combattent le Hezbollah. C’est comme un Frankenstein. »
Comme Al-Qaïda qui fut financée par les mêmes pour combattre les Soviétiques en Afghanistan, l’État islamique est-il un monstre ayant échappé à son créateur ou toujours une marionnette sous contrôle ? Là réside une importante partie cachée, mais primordiale, de la réalité des relations internationales. Et probablement de l’avenir du monde.
- Source : Florian Toumit