La France en guerre de religion
Dans quelques semaines, le porte-avions Charles de Gaulle – bien mal nommé en la circonstance – sera en position dans le Golfe pour bombarder l’Irak et tuer inévitablement des milliers de pauvres gens qui avaient « une certaine idée de la France ».
La guerre contre l’Etat islamique va provoquer de nouveaux exodes de population, achever de détruire une région à bout de souffle. Et tout cela parce que les Etats-Unis ont besoin de la caution de la France pour reprendre pied dans un pays que ses troupes ont dû quitter précipitamment en 2011, et pour se positionner pour « la guerre d’après », sans doute contre l’Iran.
Les bombardements français feront des victimes parmi les djihadistes, mais moins qu’on ne le prétendra, car si les bilans égrènent les pertes invérifiables de l’adversaire, ils se gardent bien de donner celles, plus nombreuses, des victimes dites collatérales. Les tués et blessés seront donc, comme d’habitude et dans leur majorité, de paisibles citoyens musulmans dont les parents et les proches, exaspérés, crieront vengeance et iront grossir les rangs des partisans d’Abou Bakr al-Baghdadi. Déjà alimentée par la publication des caricatures provocatrices du Prophète Muhammad, les massacres à venir de civils légitimeront dans l’esprit de très nombreux musulmans, les attaques de djihadistes contre des objectifs en France. Voilà où la politique de François Hollande, après celle de Sarkozy, a conduit notre pays.
Ce n’est peut-être pas un hasard si l’attentat à Charly Hebdo a été commis peu après l’annonce de l’envoi du porte-avions Charles de Gaulle au Proche-Orient et juste avant le vote par l’Assemblée nationale et le Sénat de la poursuite de l’opération Chammal, décidée en août dernier… «à la demande du régime de Bagdad».
Le fait rédhibitoire que le gouvernement irakien est l’émanation d’un parlement élu dans des conditions fort peu démocratiques, que le régime ne respecte pas – loin s’en faut - les droits de l’homme et est un des plus corrompus au monde, n’a pas été pris en considération. Comme il fallait le craindre, la reconduction de Chammal s’est faite dans l’émotion provoquée par les attentats, à la quasi-unanimité des parlementaires, et les voix qui s’élevaient depuis son lancement ont été étouffées.
En septembre dernier, commentant la visite effectuée à Bagdad par François Hollande, Dominique de Villepin a affirmé sur BFM TV que l’engagement français dans le 3ème guerre d’Irak est « absurde et dangereux », que ce n’est pas en envoyant des militaires français là-bas que l’on endiguera l’afflux de djihadistes.
C’est également l’avis d’Alain Marsaud, ancien chef du Service central de lutte antiterroriste du parquet de Paris. Intervenir en Irak est une « erreur ». La France, disait-il au quotidien Le Figaro, devient « la cible n°1 » des djihadistes. « Ce sont les Américains qui sont responsables de cette situation, ils ont la capacité eux de faire le travail tout seuls », et il ajoutait : « On ne réglera pas ce problème de l’Etat islamique sans engagement de troupes au sol quoiqu’on nous raconte! On ne va quand même pas aller faire tuer des soldats français en Irak ».
Après l’attentat à Charly Hebdo, Alain Marsaud – député UMP des Français de l’étranger - a expliqué sur France 24 pourquoi il ne voterait pas la reconduction de l’opération Chammal. Et, il ne l’a pas votée : Chapeau !
Le Charles de Gaulle et son escadre rejoignent en ce moment la frégate anti-aérienne Jean Bart. Ils seront intégrés, comme elle, au sein du groupe aéronaval américain constitué autour du porte-avions USS Carl Vinson. Le maître américain, grand prince, laissera à l’Etat-major français – dit-on - le choix de ses cibles. Billevesée… Que le missile soit américain, britannique ou français, il sème la mort indistinctement.
La France est entrée dans une nouvelle croisade contre l’islam. Personne n’en connait l’issue, si ce n’est qu’elle sera calamiteuse.
La 3ème guerre d’Irak est perdue d’avance, même si la coalition occidentale et ses alliés régionaux parviennent à détruire l’Etat islamique.
- Source : Gilles Munier