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Lundi, 23 Déc. 2024

BRICS, quand la peur change de camp

Auteur : Christine Bierre | Editeur : Walt | Vendredi, 21 Nov. 2014 - 22h06

L’affrontement s’intensifie entre d’un côté Londres et Washington, à la tête d’un parti « occidental », et de l’autre, les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), déterminés à créer une nouvelle architecture économique et financière mondiale.

Le nombre d’anciens alliés prêts à quitter le bateau occidental augmente de jour en jour, tant la crainte des politiques de guerre et de pillage promues par Washington dépasse celle des pays qu’ils diabolisent depuis des années. Serions-nous devant un phénomène similaire à celui qui conduisit à la chute du mur de Berlin ? A cette époque aussi, la peur avait changé de camp. Face à un système qui s’effondrait, les populations osèrent enfin braver l’interdit, et ce qui, au départ, n’était qu’une petite fente devint la brèche qui fit tomber le Mur.

C’est le phénomène qui se développe depuis l’été dernier à travers l’Amérique latine. Constatant qu’Obama avait lâché ses fonds vautours contre l’Argentine, ces pays qui ont vécu pendant des décennies sous la botte ont participé en masse au Sommet des BRICS de Fortaleza, qui leur a ouvert la voie à une politique de développement scientifique, technologique et infrastructurel.

Au Brésil, les Occidentaux ont raté toutes leurs manœuvres pour provoquer la défaite de Dilma Roussef, via notamment la promotion de Marina Silva. Et maintenant c’est le Mexique – si loin de Dieu et si près des États-Unis ! – qui sort du rang, en décidant de maintenir sa visite d’État en Chine, après le sommet de l’APEC, malgré toutes les pressions de Washington. Dans une autre partie du monde, les Philippines, on a vu un retournement tout aussi spectaculaire. Ce pays, destiné à devenir une base militaire clé du « pivot asiatique » des États-Unis, sans l’appeler ainsi car la Constitution du pays l’interdit, a soudain stoppé net ce processus. Seul pays asiatique au bord de la faillite, il a choisi la survie en rejoignant l’AIIB, la nouvelle banque asiatique d’investissement dans les infrastructures créée par la Chine. Deux personnalités de premier plan, proches alliés des États-Unis, Fidel Ramos, successeur de Corazon Aquino à la présidence, et l’ancien ambassadeur Roberto Romulo, ont déclaré à la presse vouloir coopérer avec la Chine et non lui faire la guerre.

Les héritiers des frères Dulles à la rescousse

Dans ce contexte, l’oligarchie anglo-américaine n’a pas hésité à envoyer au front deux de ses porte-flingues...

Dans une tribune datée du 23 octobre 2014, publiée dans la New York Review of Books et dans Le Monde, Georges Soros, grand financier des « révolutions de couleur », lance à l’Europe un appel aux armes contre la Russie qui menacerait son existence même. Ses États membres doivent « agir comme des pays placés indirectement en situation de guerre » et donner 20 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine pour la combattre. Que redoute-t-il ? Qu’après l’élection de Porochenko à la présidence, Poutine lui propose un accord gazier favorable en échange de la nomination d’un Premier ministre russo-compatible. Si Porochenko acceptait, avertit Soros, il « serait répudié par les défenseurs de Maidan ; les forces de la résistance seraient ainsi réveillées » !

Dans le magazine Foreign Affairs du Council on Foreign Relations (CFR), créé par les frères John Foster et Allen Dulles en 1921, Elizabeth Economy lance quant à elle un appel terrifiant contre le nouveau « président impérial de la Chine », Xi Jinping.

Décrivant son projet de Nouvelle route de la soie vers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, ainsi que les structures bancaires créées par la Chine et les BRICS pour financer ces grands projets infrastructurels, elle appelle les Etats à le contrer tant sur le plan militaire que par la guerre économique et la subversion, en lançant des « révolutions de couleur ». Ce « défi » lancé à Washington demande « une réponse vigoureuse » de sa part : les États-Unis doivent renforcer le pivot par une forte présence militaire dans la région Asie-Pacifique et dissuader ou contrer l’agression chinoise.

Ce qui énerve Londres et Wall Street, c’est que désormais toutes les routes mènent à Beijing.


- Source : Christine Bierre

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