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Lundi, 23 Déc. 2024

Les origines de la « démocratie » moderne

Auteur : cleroterion | Editeur : Walt | Mercredi, 12 Nov. 2014 - 20h02

Ou : Tout ce que vos professeurs, médias et hommes politiques ont oublié de vous dire concernant la démocratie.

Les fondements de nos démocraties actuelles sont nés de la révolution française de 1789.

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, la suppression des droits féodaux, la création de l'assemblée Nationale sont les acquis de la révolution. 

Et pourtant, ceux qui, en 1789 ont conçu nos institutions, notamment l'abbé Sieyès, étaient profondément antidémocrates. Or un siècle plus tard, le mot démocratie est sur toutes les lèvres et nos hommes politiques ne jurent plus que par cela.

Comment est-il possible que des hommes qui étaient vigoureusement opposé à la démocratie soient finalement à l'origine de nos régimes démocratiques qui ont inspirés le monde entier ?

Avant la Révolution française, les gens les plus instruits, c'est à dire, la noblesse, le clergé et la grande bourgeoisie avaient une culture classique, ils connaissaient le grec et le latin. Quand on faisait référence à la démocratie, on pensait à la démocratie athénienne, c'est à dire un système ou l'on tirait au sort ceux qui devaient gouverner la cité. Seules certaines charges administratives étaient attribuées par l'élection. Le sort donnait automatiquement le pouvoir aux pauvres car ils étaient les plus nombreux. Avec 200 ans de tirage au sort à Athènes, les pauvres gouvernaient toujours, les riches jamais. 200 ans, c'est long ! C'est plus long que notre expérience "démocratique" moderne ou les riches gouvernent toujours et les pauvres jamais.

L'assemblée issue de la convocation des Etats généraux en 1789 était composée du clergé, de la noblesse et du tiers état. Le nombre des députés du tiers état était égal à celui des deux autres ordres réunis et était composé en très grande majorité de bourgeois et de notables.

Le 17 juin 1789, les Etats généraux se réunissent en Assemblée Nationale puis s'institueront assemblée constituante afin d'établir les principes fondamentaux d'une nouvelle constitution.

Quel était l'état d'esprit de cette assemblée ? Le moment est venu de citer Henri Guillemin pour décrire la situation de la France à la veille de la révolution :

Il y a eu cette grande expansion économique au 18ème siècle, que vous connaissez.

Donc, il s'était constitué une classe de financiers, d'industriels, de banquiers.

Ces gens représentaient réellement une très grande part de la fortune française.

Or, ils voyaient que, comme on dirait aujourd'hui, les leviers de commande étaient uniquement entre les mains de l'aristocratie.

Alors, ces gens avaient envie de s'affirmer.

Une nouvelle distribution de la richesse, appelle — c'est-à-dire exige — une nouvelle distribution du pouvoir.

Autrement dit : nous qui sommes très importants dans la France, nous tenons à avoir notre part dans la gestion des affaires publiques.

Alors vous pensez bien que ces industriels, ces grands personnages, ces notables, ne vont pas eux-mêmes faire la révolution et descendre dans la rue.

Il leur faut un bélier. Le bélier est tout trouvé, c'est la petite plèbe, c'est le petit peuple.

… Ce sera le 14 JUILLET 1789

Ce qu'on a appelé la révolution française c'est une rixe de possédants.

C'est une bagarre de nantis. Entre richesse mobilière et richesse immobilière, mais sur le dos de ce que Victor Hugo appellera la Cariatide, c'est-à-dire les pauvres, les prolétaires, les travailleurs.

La révolution, la vraie, aura lieu en 1792.

Pour tous ces notables, faire de la France une démocratie est tout simplement impensable. A aucun moment ils n'envisagent de donner le pouvoir au peuple, qui à 85 % ne sait ni lire ni écrire. Pour eux le mot démocratie est un gros mot et a un sens péjoratif, tous comme l'est aujourd'hui le mot oligarchie. 100 ans plus tard c'est exactement le contraire. Aussi quand l'abée Sieyès, dont la renommée est déjà établie, déclare devant l'assemblée, dans son discours du 7 septembre 1789 :

« Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté? particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. », il parle devant un public conquis. La démocratie ils savent ce que c'est et ils n'en veulent pas.

La France est donc passée du statut d'aristocratie héréditaire à celui d'aristocratie élective.

Autrefois ils étaient élus au suffrage censitaire ; aujourd'hui ils sont élus au suffrage universel, mais le résultat est le même : les élus ne sont pas au service du peuple mais au service d'une ultra minorité qui a permis leurs élections.

Tocqueville avait raison de dire « Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira »

Sous l'ancien Régime l'aristocratie servait l'intérêt de la noblesse, aujourd'hui elle sert les intérêts des plus riches. C'est ce qu'on appelle une ploutocratie.

La démocratie française n'est qu'une illusion.

"Election piège à con" ce n'est pas qu'un slogan, c'est une réalité.

Quand et comment le mot démocratie a t-il changer de sens pour désigner son contraire ?

Allons faire un tour du coté des Etats-Unis.

Au moment ou les USA deviennent indépendants, le mot démocratie est, comme en France, un terme péjoratif qui a mauvaise presse.

John Adams, vice président de G. Washington, qui deviendra le 2ème président des USA parlait de la démocratie en ces termes :

« J'ai toujours été pour une république libre mais non pour une démocratie parce qu'une démocratie c'est un gouvernement arbitraire, tyrannique, sanglant, cruel, et intolérable. »

Quel président américain oserait aujourd'hui déclarer une chose pareille ? Ce serait un suicide politique.

La constitution des USA est la même depuis 1787 ; c'est donc le sens du mot démocratie qui a changé et non les institutions.

Ce changement de sens, Francis Dupuis-Déri (Pr. à l'Université du Québec à Montréal) le fait remonter à 1829 avec l'élection du premier président "démocrate" Andrew Jackson ; ce dernier a été le premier à se déclarer démocrate et à ce faire élire grâce à ce stratagème. Ses adversaires politiques, voyant que le mot "démocrate" valait son pesant d'or se sont tous proclamés démocrates à leur tour.

Mais ne soyons pas dupe, l'avant et l'après étaient rigoureusement le même ; abuser des citoyens n'était qu'un jeu d'enfant pour des politiques rompu à l'art de la démagogie. La complicité inavouable de la presse et des médias ainsi que la manipulation mentale institutionnalisée ont fait le reste.

En France, le changement de sens attaché au mot "démocratie" date de la révolution de 1848. La Constituante proclame une IIème République « démocratique » (art. 2, préambule). Pourtant, la Constitution organise un régime de gouvernement représentatif. Pas plus qu'en 1789 le tirage au sort n'est évoqué. La participation du peuple au gouvernement n'est pas prévue. Le contrôle des représentants se limite à la procédure élective. Certaines caractéristiques sont nécessaires pour être élu : la notoriété, le sens du jeu politique dominant, la fortune. L'élection organise une nouvelle aristocratie.

Sous la Ve République, si le peuple ne se gouverne toujours pas lui-même, contrairement à ce qu'affirme la Constitution (« gouvernement du peuple, par le peuple », art. 2), il est néanmoins déclaré souverain, et sa souveraineté « s'exerce par ses représentants et par la voie du référendum » (art. 3). Rappelons que la représentation nationale a voté le 8 février 2008 en faveur du traité de Lisbonne, et ce à 87 %, alors qu'un texte similaire avait été rejeté en 2005 par référendum à 54 % des suffrages exprimés.

Ceci laisse planer un sérieux doute quand à la représentativité dont se targuent nos représentants.

Nos ancêtres ont peut-être négligé, ou méconnu les outils fondamentaux permettant d'organiser pratiquement la démocratie. Rien ne nous oblige à les suivre ni à continuer de croire en cette supercherie. Nous ne devons pas compter sur nos élus pour espérer le moindre changement, car le problème c'est eux.

Quand nous serons des millions à réclamer la vraie démocratie, ils seront obliger de nous la donner. La solution dépend donc de nous et rien que de nous, et ca c'est plutôt rassurant…

Qu'est ce que la démocratie ?

La démocratie est, le "gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple."

Ou,

c'est quand le peuple vote lui même les lois auxquelles il accepte de se soumettre.

On pourrait aussi définir la démocratie par ce qu'elle n'est pas à savoir le strict contraire de l'oligarchie qui est un système politique dans lequel le pouvoir appartient à un petit nombre d'individus ou de familles, à une classe sociale restreinte et privilégiée.

Dans le système actuel, les lois sont écrites puis votés par des représentants élus.

Or l'élection par définition n'est jamais démocratique puisque qu'elle donne le pouvoir à un petit nombre de personnes.

Qu'il s'agisse de l'élection du président de la République, des députés, des maires ou d'un président d'un club de pétanque, une élection est par définition, oligarchique et aristocratique (aristos = le meilleur).

Ceci n'est pas un jugement de valeur : l'oligarchie (ou aristocratie) n'est pas forcément un gros mot et la vraie démocratie n'est pas forcément la solution à tous nos problèmes.

La démocratie c'est par définition le tirage au sort.

Montesquieu dans L'Esprit des Lois : « Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie. Le suffrage par le choix est de celle de l'aristocratie. Le sort est une façon d'élire qui n'afflige personne ; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir sa patrie. »


- Source : cleroterion

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