L’Europe paye cher sa révolution Maïdan
Il y a un an, l’Union Européenne ne s’attendait certainement pas à payer aussi cher son plan hégémonique concernant l’Ukraine. A la même période il y a un an, le temps était plutôt à la préparation, aux intrigues, aux manigances souterraines. Dans les chancelleries, on se frottait les mains à l’idée du bon tour que l’on allait jouer à la Russie, avec peut-être pour certains quelques gloussements de plaisir.
Tout n’avait-il pas été mis au point avec le grand Frère américain ? Une grande phase de conditionnement avait déjà eu lieu et était encore en cours avec la campagne sur le thème de l’homosexualité. C’est fou comme elle a marché aussi facilement, cette campagne. Avant cela, les Pussy Riot avaient déblayé le terrain. Les Jeux Olympiques d’Hiver de Sotchi approchaient à grand pas et, même s’il n’y avait rien eu d’officiel, une atmosphère de boycott était savamment entretenue. Tout avait été synchronisé avec ces jeux, Poutine ayant les mains liés par cet évènement auquel il attachait une importance capitale.
A Kiev, le scénario se déroulait conformément à ce qui avait été prévu. Sur la place Maïdan, défilaient les différents acteurs chargés d’animer le spectacle, du sénateur McCain au révolutionnaire de studios BHL. L’Union Européenne, pourtant habituée, parce que toujours complice, aux coups tordus de son chef de file, est ébahie et admirative de l’habileté des manœuvres de diversion qui donnaient à croire que tout était encore possible pour sortir de la crise, et qu’avec de la bonne volonté et des concessions tout redeviendrait normal. La veille du coup d’état, les ministres des affaires étrangères polonais et français riaient sous cape en se rendant à Kiev pour signer le dernier acte bidon sensé être l’acte final de sortie de crise.
Les principaux pays de l’UE, trop habitués à jouer solos et top occupés à s’auto-congratuler, dans leur délire mégalomaniaque n’ont pas pensé un seul instant à regarder ce qui se tramait en face, qui ne pourra, de toute façon, jamais rivaliser avec leur génie. Ils n’ont pas vu, non plus, (comment le pourraient-ils ?) qu’ils n’étaient que des outils, et qu’ils le resteront jusqu’au bout de cette opération Ukraine, dont les conséquences, pourtant visibles dès le début, leur seront catastrophiques.
La manière dont le rattachement de la Crimée à la Russie a été commenté par les médias occidentaux prouve qu’ils n’ont rien vu venir. Et pourtant, pour ceux qui voulaient voir, tout était limpide. L’avantage d’avoir un adversaire mégalomane, c’est qu’il suffit de le laisser croire qu'il mène la barque pour faire ce que l’on veut. Il est probable que, dans leur plan, les Etats-Unis aient prévu l’éventualité de ce qu’ils appellent l’annexion de la Crimée. Il est probable aussi qu’ils aient étudié la meilleure manière de l’exploiter, ce qui semble avoir été le cas. En effet, le choc pour la naïve Union Européenne était tel que le premier train de sanction décidé par les Etats-Unis a été accepté et suivi par les européens comme allant de soi, sans réflexion aucune quant aux conséquences, faisant enter progressivement l’EU dans un engrenage mortel, mais encore flou.
Aucun pays de l’UE n’avait l’intention et l’envie de se battre pour l’Ukraine. Ils pensaient tous que le bluff aurait suffi et que, malgré les quelques sanctions distillées prudemment et à regret, il était possible, entre gentlemen, de revenir au point de départ. Sauf que le promoteur de tout ceci avait un programme différent, un programme de confrontation dans lequel la cible (la Russie) et les outils pour atteindre la cible (l’Ukraine et l’UE) sont confondus dans un vaste ensemble au service de ses intérêts.
Après avoir, en vain, essayé de faire comprendre à l’UE qu’elles sont les victimes communes d’une manœuvre des USA, la Russie a fini par renoncer et a décidé de ne pas sombrer avec des partenaires aussi aveugles, en se tournant vers l’Est. Aujourd’hui les pays de l’UE sont désormais seuls à payer les pots cassés. Ils paient les sanctions décidées par les Etats-Unis, ils paient les contre-sanctions décidées par la Fédération de Russie et, enfin, ils paient les dégâts collatéraux, conséquences de l’évolution de la situation installée grâce à eux en Ukraine. Cet hiver par exemple, ils n’ont d’autres choix que de payer la facture de chauffage des ukrainiens pour éviter que ceux-ci ne leur volent le gaz qui leur est destiné, sous l’œil goguenard des russes. Nous sommes bien loin du temps où Laurent Fabius rigolait sous cape à l’idée de jouer un bon tour à la Russie, et où l’UE affichait toute sa morgue devant un supposé vaincu de la Guerre Froide.
L’UE est ferrée, et ne peut plus reculer. Les mises en garde n’ont pourtant pas manqué de la part de Moscou. Elle payera tous les caprices de l’Ukraine, subira les sanctions et les contre-sanctions. Elle n’est désormais plus qu’un portefeuille cherchant à atténuer les effets d’une guerre qui n’est pas la sienne mais qu’elle a pourtant déclenchée.
- Source : Avic