L’avenir appartient au monde multipolaire
Le colloque international sous le nom « Russie-Occident : une nouvelle guerre froide, pour quoi faire » a eu lieu au Centre de la science et de la culture russes à Paris à l’initiative de l’Association « Rassemblement pour l’Organisation de l’Unité Européenne » et un groupe de scientifiques, de juristes et de politologues sous la direction de Robert Charvin, professeur émérite de droit à l’Université de Nice. Le programme du colloque incluait plusieurs questions d’actualité comme données historiques, désinformation, aspects économiques et juridiques de la crise, ses éléments sociaux et idéologiques et le contexte international.
Le professeur Robert Charvin a bien voulu parler à la Voix de la Russie du déroulement du colloque :
Robert Charvin: On a tout d’abord essayé de s’intéresser à ce sujet Russie - Occident et à l’éclosion éventuelle d’une nouvelle guerre froide, parce que un certain nombre des universitaires, dont je fais partie, ont été stupéfaits de la partialité des médias occidentaux, des médias officiels. On avait le sentiment, que l’antisoviétisme était réapparu contre la Russie, comme si rien avait changé et on ne comprenez pas exactement, pourquoi la Russie était systématiquement présentée comme agressive, comme belliciste, alors qu’on avait le sentiment strictement inverse sur la base non pas seulement des informations prépartielles, que l’on recevait, mais sur la base du raisonnement, que la crise ukrainienne etait au contraire une crise, suscitée par l’Occident, comme il a suscité d’autres crises en d’autres régions, en d’autres ex-républiques soviétiques, y compris aussi dans ce qu’on appelle fruitorévolutions arabes. On a l’impression, que l’Occident développe des politiques aventuristes, et j’étais le premier surpris, lorsque j’ai contacté d’autres collègues universitaires, de leur avis quasi général et de leur accord pour participer à ce colloque, qui a eu lieu le 10 octobre dernier sur Russie-Occident: une nouvelle guerre froide, pour quoi faire.
LVdlR: Vous êtes professeur de droit, et qu’est-ce que vous pouvez dire du droit international, qui est souvent l’objet de manipulation?
Robert Charvin: Absolument. mais je dois vous dire d’abord, que ce colloque a rassemblé des universitaires de toutes disciplines, des historiens, des sociologues, des politistes, des juristes et que tous étaient à peu près sur la même longueur d’ondes, considérant que l’Occident devenait dangereux pour la planète, avec notamment l’axe essentiel, qui sont les avancées successives de l’OTAN, alors que la politique russe est une politique réactive, qui soit défend les principes classiques du droit international, soit reprend les argumentaires des états occidentaux.Par exemple, il est tout à fait clair, que les russes jusqu’à ce jour ont défendu le principe de légale souveraineté des états, ont défendu le principe de la nécessité d’une intervention du Conseil de sécurité pour ce qui est recours à la force. C’est à dire, la position la plus classique qui soit dans le domaine du droit international, ce qui ne peut que satisfaire les juristes, quels qu’ils soient, et lorsqu’ils sortent de ce droit classique, ils ne reprennent pas que les thèses, que les occidentaux ont déjà utilisé dans d’autres occasions, mais qu’ils n’acceptent pas de voir se retourner contre eux. Je pense à l’affaire du Kosovo, qui est une affaire assez symptomatique de l’évolution de politique occidentale et qui dans tous les arguments se retourne contre l’Occident aujourd’hui à propos de l’Ukraine, à propos de la Crimée ou à propos même des provinces de l’Est de l’Ukraine. Je crois, que l’imaginaire occidental juridique, politique, est débordant dans ce moment. Par exemple, sur la notion de devoir de protéger les populations civiles, c’est une invention, qui ne fait en fait, que reprendre la thèse de l’ingérence, qui est une violation du droit international sous la formule de l’humanitaire. Devoir de protéger, ça permet de démolir la Libye, ça faillit de démolir la Syrie et c’aurait pu déclencher une nouvelle guerre à l’intérieur de la relation pour la Russie et l’Occident.
Je crois, que les juristes aujourd’hui ont une responsabilité particulière, les juristes occidentaux en particulier, qui doivent dénoncer systématiquement tout ce que font aujourd’hui les juristes de Cour, ceux, qui sont liés au système occidental et qui argumentent pratiquement n’importe quoi. Pratiquement, les américains sont à la tête de tout cela. En fait, il y a la création d’une nouvelle coutume de droit international, c’est à dire, que la violation du droit fabrique du nouveau droit. Je pense, que c’est un mécanisme de penser extrêmement dangereux pour la paix, pour l’échange économique, pour les échanges culturelles, pour tout le monde, car on a vu, que cette affaire de l’Ukraine coûte cher à tout le monde, à la Russie, aux économies occidentales. J’avoue, que bon nombre de juristes, dont moi-même, apprécions le caractère réaliste et raisonnable de la politique de l’état russe d’aujourd’hui, qui ne semble pas du tout satisfaire les américains, mais les français aussi. Et les français sont en pointe dans cette affaire, on a l’impression, qu’ils sont vraiment devenus des «va-t-en guerre» particulièrement actifs sans constat, sans qu’on sache exactement, quel est l’objectif poursuivi, si ce n’est peut-être de dissimuler les difficultés de politique intérieure.
LVdlR: Tout à fait récemment, au cours de sa conférence ouverte, Sergue? Lavrov le ministre russe des Affaires étrangères a dit, que l’étape actuelle des relations internationales est caractérisée par la concurrence, et ce n’est pas seulement dans le domaine de l’économie et des finances, mais aussi en valeurs fondamentales et modèles du développement.
Robert Charvin: Sur ce sujet, je suis totalement d’accord. Je pense par exemple, que l’Afriqie, que je connais bien, attend la Russie même plus active, pour défendre des valeurs par exemple de souveraineté, qui sont actuellement mises en cause de plus en plus par des ingérences multiples, qu’elles soit françaises, ou américaines, ou anglaises, ou italiennes. Je pense, qu'effectivement il y a une compétition des valeurs, mais le paradoxe est qu’aujourd’hui les valeurs les plus classiques, les plus traditionnelles et les plus respectueuses de la légalité, sont défendues par la Russie et sont mises en cause par le monde occidental. Et l’Occident n’en a plus besoin, il est gêné même par ces règles traditionnelles, parce que je crois, que la mondialisation, les intérêts des firmes transnationales sont embarassés par ces règles de droit, qui limitent leur activité, leur possibilité d’intervention. Je crois, que l'égale souveraineté des états c’est encore un principe fondamental, il est le plus moderne des droits. Les occidentaux veulent imposer une hégémonie, balayant tous les contrefaits, tous les contre pouvoirs.
Alors, je crois que l’avenir de la paix et l’avenir de la coopération, c’est la création de plusieurs pôles de pouvoir des puissances, un pôle européen peut-être, un pôle américain, un pôle euroasiatique, un pôle africain, qui permettent d’équilibrer les rapports et d’empêcher les ingérences multiples et donc les risques des conflits.
- Source : Ioulia Pavlova