Lire : L’opinion, ça se travaille. Les médias les « guerres justes » et les « justes causes »
Agone publie la « sixième édition augmentée et actualisée » d’un ouvrage initialement paru en 2000.
Nous reproduisons en bas de page, la « quatrième de couverture ». Voici une présentation plus détaillée d’un livre dont l’intérêt déborde les seules guerres qu’il évoque, parce qu’il met en évidence, toutes variations comprises, quelques constantes du journalisme de guerre.
Le chapitre inaugural – « Propagande de guerre » – résume les principales explications du rôle joué par les médias : la propriété des médias, l’influence du pouvoir politique en général, l’évolution interne aux média eux-mêmes. Puis les auteurs soulignent le « poids de l’ignorance », s’arrêtent sur la floraison de « amalgames », évoque l’« autosatisfaction » des responsables des médias (en dépit de la répétition de leurs errements). Un « petit lexique de la propagande en temps de guerre » actualisé avec le conflit en Libye, conclut cette introduction.
Les deux chapitres suivants sont consacrés à la guerre du Kosovo. Le premier d’entre eux – « Quand le doigt montre la Lune » – souligne à quel point et comment la place accordée à la tragédie humaine a conditionné la totalité des informations et occulté tout débat.
Le second chapitre consacré à la guerre du Kosovo – « Chronique d’un génocide annoncé » – s’étend longuement, comme l’indique son titre sur la surenchère qui a assimilé les massacres perpétrés au Kosovo à un génocide : De l’« emballement des chiffres » à la quasi-négation de la « contre-épuration ethnique » des Serbes par les albanophones, en passant par l’invention d’un « Plan fer à cheval » d’extermination des albanophones du Kosovo. Le tout couronné par les proclamations quasi-unanimes déclarant que les médias ont été « exemplaires ». Un « Post-scriptum de 2006 », intitulé « La Preuve du pudding » tire le bilan – sept ans après – de la couverture médiatique de la guerre.
C’est à l’invasion de l’Afghanistan qu’est consacré le chapitre suivant – « Du World Trade Center à Kaboul ». Il montre comment la plupart des grands médias ont renforcé par leur propre propagande la propagande des gouvernements – à commencer par celui des États-Unis – et comment, une fois de plus, les porte-voix de ces mêmes médias se sont déclarés satisfaits du travail accompli.
Le cinquième chapitre – « Irak : La guerre impopulaire » souligne que l’abstention du gouvernement français explique en grande partie pourquoi ni les préparatifs de la guerre, ni l’invasion n’ont bénéficié ouvertement du renfort de la propagande médiatique. Mais « la militarisation de l’information », la « rhétorique de guerre » et les appels à un « retour à l’ordre… mondial » ont profondément marqué les informations et les commentaires.
Enfin, le dernier chapitre - « Et Bernard-Henri Lévy bombarda la Libye… » - complète les précédentes éditions. Il est consacré à l’intervention militaire en Libye et au rôle joué plus particulièrement par le philosophe de télévision dans la mise en scène de cette guerre. Il y est question de l’enthousiasme des éditorialistes, « le doigt sur la gâchette », à voir la France en première ligne (« Cocorico ! » ont-ils repris en chœur), du « marathon médiatique de BHL » ainsi que du « service après-vente » (livre et film) assuré par BHL lui-même et épaulé par des médias toujours complaisants .
Le livre s’achève par une « Chronique des événements » (indispensable pour se remettre les faits en mémoire) et une bibliographie sélective.
« Si les analyses proposées dans ce livre n’engagent que leurs auteurs, précisent ces derniers, elles reposent en partie sur un travail d’observation et d’analyse notamment pour Le Monde Diplomatique et l’observatoire des médias Acrimed (Action-Critique-Médias) »
De plus, « les auteurs remercient Maria Ierardi, Pierre-Edouard Guérinet, Olivier Pironet, Emmanuelle Pauly et Julien Salingue pour leur contribution à la documentation. »
Quatrième de couverture
« On a tiré toutes les ¬leçons de nos erreurs passées » et « traitement exemplaire » constituent les ¬formules sous lesquelles les médias travestissent leur travail en temps de guerre. Pourtant, d’un conflit à l’autre, dans une ambiance rédactionnelle où dominent les va-t-en-guerre et le simplisme des analyses binaires, le parallélisme des expressions laisse ¬songeur. Des raisons humanitaires accompagnent toutes les politiques d’intervention, missile au poing. Et l’absence d’informations fiables n’empêche pas la machine médiatique de tourner à plein régime. Exemples à l’appui, du Kosovo à la Libye, ce livre rappelle comment les médias ont broyé l’information du public tout au long des vingt-cinq dernières années – et continuent de le faire. Ce qu’il décrit, loin de constituer une ¬collection d’exceptions, est devenu la règle ; pas un dérapage, la norme.Serge Halimi et Dominique Vidal sont journalistes au Monde diplomatique ; Henri Maler et Mathias Reymond animent l’observatoire des médias Acrimed. »
- Source : Acrimed