Un ennemi menace l’humanité
Avant que la barbarie s’empare des concepts de " liberté " et de " droits de l’homme ", leur sémantique ne souffrait d’aucune confusion, la décérébration systématique des multitudes n’ayant pas encore eu lieu.
Depuis Spartacus, en passant par toutes les insurrections populaires, jusqu’aux luttes de libération contre le colonialisme. La chanson était sans équivoque. Elle était du bon côté. Du côté qu’on assassine. Victor Jara, le chanteur chilien en est le symbole. Il s’agissait bien de libérer l’humanité de l’oppression multiforme représentée par des Etats au service du capital.
Il était, aussi, notoire que les Etats-Unis et leurs satellites en faisaient peu de cas. Il suffit de se rappeler les coups d’Etats dirigés contre les peuples, organisés au profit des multinationales, pour installer de sanglantes dictatures chargées de tuer dans l’oeuf la moindre velléité de remise en cause de l’ordre dominant. Pinochet, Vidella, Somoza et consorts, recevaient le plein appui de Washington et passaient pour un modèle de bonne gouvernance.
Les Chiliens, les Argentins, les Nicaraguayens et d’autres peuples ont connu dans leurs chairs l’effet des choix de Washington, en réponse à leur propre choix de ne pas se laisser faire. Et puis la " liberté " et les " droits de l’homme " sont devenus les drapeaux de la barbarie. Sans chanson cette fois-ci, faute de poésie, car la poésie ne peut se reconnaître dans ce visage hideux, géniteur de massacres et de destructions, ici, de chaos et de famine là, de chômage, de misère, d’exclusion et d’angoisse partout.
Bien sûr, la barbarie a pris le pouvoir de l’image. Elle ne laisse plus rien ternir sa cosmétique. Lorsqu’elle abat ses griffes sur un peuple, il ne sera rien dit, rien vu, que ce qu’elle voudra montrer. Et même quand une image rebelle lui échappe, elle fera en sorte à culpabiliser sa victime. Ses journalistes, à l’emphase étudiée, d’une seule voix démultipliée à l’infini travailleront à défendre l’indéfendable.
L’un de ses bras armés, le sionisme, peut régulièrement déchiqueter ou brûler au phosphore blanc des milliers d’enfants, il n’en sera pas dénoncé pour autant. Ses victimes seront même responsabilisées de l’avoir agressé. Ses relais, des " révolutionnaires ", peuvent commettre des atrocités, piétiner les droits de l’homme et les libertés, ils n’en continueront pas moins de jouir d’un soutien sans faille.
Bien sûr, encore, il se trouvera que des " révolutionnaires " sortent du rang, pour vaquer à leurs propres objectifs. A ce moment là, si la barbarie n’a pas planifié la chose, ce sera le grand spectacle des exactions de ces " révolutionnaires ", déchus de leur statut et reversés dans le " terrorisme ". Une aubaine pour justifier ses propres guerres et carnages.
La barbarie se nourrissant de la déshumanisation de l’autre, comme fut inventé le " sang bleu " et comme furent inventés les " gueux ". Par la bande, si l’humanité ne se réveille pas au danger, la barbarie finira par mettre le monde sous sa coupe, y compris les peuples sous ses propres murs où sont en train de sauter les derniers verrous vers le règne absolu des puissances de l’argent.
- Source : Ahmed Halfaoui