«L’insécurité est un instrument de contrôle social»
« On croit que l’insécurité est toujours et nécessairement une calamité. C’est une vue trop étroite du problème. L’insécurité joue un rôle important dans le maintien de la stabilité du système. L’insécurité concourt à démoraliser les populations, à les convaincre de la vanité qu’il y aurait à vouloir s’opposer au « sens de l’histoire» (tel que le définissent les autorités).
L’insécurité a une fonction rééducative : elle réduit les individus à l’impuissance et les met dans l’incapacité de rien entreprendre contre la nomenklatura en place.
C’est un instrument efficace de contrôle social. On lui est redevable de soustraire les autorités aux désagréments liés à une contestation venue de la base.
On comprend dès lors le soin tout particulier que les autorités mettent à laisser se développer l’insécurité. Elles ne disent naturellement pas qu’elles sont pour, mais elles s’emploient à la favoriser discrètement.
L’insécurité a une autre fonction pédagogique : celle d’habituer progressivement les populations à l’absence de droit.
La croyance en l’existence du droit n’a de sens que dans un Etat de droit.
Dans un Etat qui n’est pas de droit, ou l’est de moins en moins, la croyance dans le droit perd évidemment toute raison d’être. A la limite même, elle passe pour subversive.»