La diktacratie contre le peuple
La diktacratie n’a peur d’aucun parti. Par contre elle craint le peuple ! Elle craint le peuple conscient de lui-même, c’est-à-dire capable de se fédérer autour de ses intérêts fondamentalement communs.
C’est pourquoi la diktacratie s’acharne à nous fendre en faction, à nous communautariser politiquement et culturellement – en aiguisant nos différences tout en stigmatisant nos convergences -, pour que nous ne soyons jamais en mesure de bouleverser son pouvoir.
Objectivement, notre force c’est notre nombre. Or nous assurons de nous même la pérennité de notre impuissance en dispersant nos voix vers autant de partis politiques. Partis dont l’essence est de servir les ambitions de leurs représentants. Ambitions travesties du masque vertueux de l’intérêt général, mais dont l’histoire démontre qu’elles sont éminemment corruptibles, quand elles ne sont pas déjà corrompues par les lauriers du pouvoir.
En effet, le pouvoir représentatif étant aujourd’hui totalement soumis à celui des marchés financiers, des multinationales et autres organes supranationaux, aucun parti, aussi radical se revendique-t-il être, ne peut prétendre gouverner sans préalablement leur avoir fait allégeance.
Ainsi, attendre qu’un profond changement s’amorce de par les urnes reviendrait à espérer, d’une part, qu’un jour les hommes de pouvoir deviennent désintéressés et charitables, et d’une autre, que le monde politique se désynchronise soudainement de celui de l’argent.
Mais ce n’est pas tout. Car aujourd’hui, même lorsque la moitié du corps électoral ne se déplace plus pour voter, la diktacratie affirme néanmoins sa légitimité démocratique. Nous démontrant ainsi, qu’elle s’est débarrassée d’une participation devenue désormais uniquement symbolique…
Par ailleurs, depuis que la société capitaliste a atomisé le peuple en individus consuméristes, et que la quête au pouvoir d’achat a supplanté toute conscience de classe, nous sommes devenus incapables d’appréhender une alternative politique radicalement favorable à un meilleur épanouissement commun. Pire même ! Rompus à notre impuissance collective pour changer les choses, nous ne recherchons plus qu’à satisfaire nos désirs égocentrés, et concourons pour atteindre la meilleure place possible sous les soleils de la diktacratie. Pour cela nous consentons à ses règles, ses hiérarchies de réseau, et à sa morale pervertie…
Mais alors quoi ! Sommes nous définitivement condamnés à servir cette matrice infernale ? N’aurions-nous donc pas le choix ?
C’est tout le paradoxe, car pour agir librement, encore faut-il avoir conscience de ce qui nous détermine à exécuter tel ou tel acte. Et comme la diktacratie nous formate à nous comporter selon ce qui lui permet de persévérer dans son être, ce n’est qu’en prenant conscience des multiples rouages qu’elle a agencée pour nous soumettre, que pourra s’amorcer une résistance. Une prise de conscience capable de nous fédérer en tant que peuple autour de nos intérêts fondamentalement communs. Donc une conscience collective au potentiel éminemment révolutionnaire.
- Source : Yohan De Doncker