Les États-Unis déploient des forces spéciales pour entraîner des unités en Afrique du Nord et de l'Ouest
Le New York Times a publié un article de une écrit par Éric Schmitt lundi 26 mai, qui détaille un programme du gouvernement Obama visant à établir de nouvelles unités d'élite dans quatre nations africaines.
D'après le Times, «le programme secret, financé en partie avec des millions de dollars venant des fonds secrets du Pentagone et appliqué par des formateurs parmi lesquels se trouvent des membres des Bérets verts et de la Force delta de l'armée, ont commencé l'an dernier à entraîner et équiper des centaines de commandos sélectionnés avec soin en Libye, au Niger, en Mauritanie et au Mali».
Bien que l’objectif affiché de ce programme soit de combattre le terrorisme, les nouveaux détachements sont créés pour aider l’impérialisme américain dans sa campagne pour gagner le contrôle des ressources naturelles et établir des positions d’une importance géopolitique stratégique sur le continent.
Le Times fait savoir qu’un total de 70 millions de dollars est en train d’être dépensé pour l’entraînement et l’achat d’armes et d’équipements d’espionnage pour des «bataillons antiterroristes» au Niger et en Mauritanie, où, d’après de hauts responsables du gouvernement Obama, les nouvelles unités en sont à leur «phase de formation». Bien que les fonds pour ce programme n’aient pas encore été transférés au Mali, 16 millions de dollars supplémentaires ont été dépensés pour créer deux compagnies de soldats d’élite en Libye, où le gouvernement Obama a, d’après le Times, «utilisé un compte de dépense classé secret appelé la Section 1208, afin d’aider les troupes étrangères assistant les forces américaines qui mènent des missions anti-terroristes».
Cette manœuvre intervient alors que les États-Unis et leurs rivaux impérialistes – la France, le Royaume-uni et l’Allemagne – intensifient leur campagne néocoloniale pour se partager le continent africain. Après la campagne de bombardement de 2011 contre la Libye, les principales puissances impérialistes ont entrepris une série de nouvelles aventures militaires.
Le gouvernement français du président François Hollande a mené une guerre au Mali et en Centrafrique pendant que les États-Unis étendaient leur présence militaire sur le continent. À compter du 21 mai, des soldats américains sont officiellement engagés dans des opérations militaires au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Nigeria, au Tchad, en République d’Afrique centrale, en République démocratique du Congo, au Sud Soudan, en Ouganda, au Kenya, en Éthiopie, en Somalie et à Djibouti (ils ont une base militaire permanente à Djibouti). Avant 2011, les États-Unis n’avait officiellement des troupes sur le terrain que dans quatre de ces pays.
Selon le Commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM), des exercices militaires et des partenariats pour l’entraînement ont également eu lieu au cours des deux dernières années en Afrique du Sud, au Maroc, au Ghana, en Tunisie, au Botswana, au Sénégal, au Liberia, au Cameroun et au Gabon.
Les détails concernant ce nouveau programme soulignent comment les efforts américains pour battre leurs rivaux, dont la Chine, dans la course pour le contrôle du continent ont placé l’impérialisme américain dans la même catégorie que les forces qu’il prétend précisément combattre.
La Libye, l’un des quatre pays où l’armée américaine tente d’établir des unités militaires loyales, est le premier exemple de l’alignement des États-Unis sur les forces fondamentalistes islamistes. Un rapport de décembre 2013 dans leTimes détaillait comment les forces qui ont attaqué le consulat américain et un poste avancé de la CIA à Benghazi le 11 septembre 2012 avaient été employées par la CIA auparavant. Ces exemples de «contre-coup» sont la preuves des liens entre les États-Unis et les groupes terroristes comme Al Qaïda, qui émanaient des forces islamistes anti-soviétiques financées et armées par les États-Unis avant et pendant la guerre de l’Union soviétique en Afghanistan dans les années 1980.
Dans l’article de lundi, le Times a fait des références indirectes aux liens des États-Unis avec les forces terroristes islamistes en Afrique. Il a cité le commandant de l’AFRICOM, le major-général Patrick Donahue, disant, «Il faut s’assurer de qui vous entraînez. Cela ne peut pas être la question standard : est-ce que ce type était un terroriste ou une sorte de criminel ?» mais encore «quelles sont ses allégeances . Est-ce qu’il est fidèle au pays, ou est-il toujours lié à sa milice ?»
Ce genre de déclaration de la part de responsables militaires américains mettent en lumière les événements qui ont eu lieu dans un ancien camp d’entraînement américain près de Tripoli, où le gouvernement dit que des forces libyennes qui recevaient un entraînement américain ont été battues par des milices islamistes à l’été 2013. Un reportage du Daily Beast publié à la fin du mois d’avril révélait que cette ex-base américaine est maintenant un centre d’opération d’Al Qaïda et fait fonction, d’après un responsable anonyme du ministère de la Défense américain, d’«autoroute majeure, c’est la voie royale pour les combattants étrangers qui vont en Syrie depuis l’Afrique».
L’article du Times fait référence à «l’effondrement de la mission américaine d’entraînement au contre-terrorisme en août dernier à la base 27» et cite cela comme un «rappel à la dure réalité» des risques associés à l’établissement d’unités d’élite soutenues par les États-Unis. Le Times cite des responsables de l’armée américaine qui suspectent que le raid sur la base 27 était «un travail de l’intérieur dans lequel un officier ou un soldat libyen a donné des informations à ces membres d’une milice locale de tripoli sur le matériel stocké dans la base».
Le Times et ses sources militaires ont intérêt à ne pas dévoiler l’étroitesse des liens entre la CIA et les forces liées à Al Qaïda ainsi que la connaissance de ces liens par le gouvernement. Quels que soient les détails exacts de la relation entre les États-Unis et les terroristes, ce commentaire de Donahue et les appels lancés par un ex-officier des opérations spéciales américaines cité par le Times à «un encadrement plus sérieux» des unités d’élite soutenues par les États-Unis constituent une admission que l’impérialisme américain choisit de travailler avec des forces qui créent un risque de «contre-coup» et contre lesquelles est soi-disant menée la «guerre contre le terrorisme».
- Source : Eric London