Tentative des USA de tacler l'industrie de l'armement française
L'éventuelle rupture du contrat entre la Russie et la France sur les porte-hélicoptères Mistral par les efforts des Américains est une tentative d'affaiblir l'industrie de l'armement française, d'autant que l'OTAN n'a pas besoin de ces bâtiments, estiment Igor Korottchenko, rédacteur en chef de la revue Défense nationale.
Un groupe de congressistes américains a invité vendredi le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen à acheter ou à louer les porte-hélicoptères Mistral, construits pour la Russie par la France. Cette démarche permettrait d'envoyer un «signal fort» au président russe Vladimir Poutine, estiment les congressistes.
Le contrat pour la construction de deux porte-hélicoptères français au profit de la marine russe s'élevant à 1,2 milliard d'euros a été signé en juin 2011. Le premier bâtiment, le Vladivostok, entrera en service dans la marine russe dès cette année. Le second, le Sébastopol, est attendu pour 2015.
En juin, le Vladivostok effectuera les essais en mer. En juin également, deux équipages prévus pour ces bâtiments se rendront en formation à Saint-Nazaire. Les Français ont confirmé à plusieurs reprises que le contrat serait rempli quoi qu'il arrive.
L'OTAN n'en a pas besoin
Selon l'expert, une telle acquisition n'aurait aucune utilité pour l'Otan. Cela s'explique par la situation économique désastreuse de nombreux membres de l'Otan, qui ne peuvent pas se permettre ces porte-hélicoptères. De plus, pratiquement tous les membres de l'Alliance sont réticents à augmenter leurs dépenses militaires, explique Igor Korottchenko.
«Le fait est que les Mistrals construits pour la Russie sont adaptés aux dimensions des hélicoptères et du matériel de débarquement russes, et non aux normes de l'OTAN», a-t-il souligné.
Un tacle contre les Français
Selon Igor Korottchenko, cette lettre des congressistes est une «tentative des USA de tacler l'industrie de l'armement française et d'affaiblir leurs concurrents sur le marché de l'armement ».
«Si cette transaction était mise en échec, il serait question de la révision intégrale de la coopération militaro-technique entre la Russie et la France, qui va plus loin que les contrats sur les Mistrals et s'étend aux projets et accords mutuellement bénéfiques, dont Paris tire un profit économique conséquent», a déclaré le rédacteur en chef de la revue Défense nationale.
Il ne faut pas non plus oublier la pénalité élevée que la France devrait verser à la Russie en cas de rupture du contrat. «A titre de compensation la Russie recevrait non seulement l'argent déjà transféré dans le cadre de ce contrat, mais également une pénalité. Et on ignore qui couvrirait ces frais des constructeurs navals français», a conclu l'expert.
D'après lui, la lettre des congressistes est de «nature exclusivement politique» et «relève de la ligne antirusse générale conduite par l'administration américaine ces derniers mois».
- Source : La Voix de la Russie