Droite et gauche, un théâtre soumis aux caprices des Saoudiens?
Vestige du Second Empire, le théâtre impérial Napoléon III (théâtre du château de Fontainebleau), petit bijou architectural construit entre 1854 et 1857 à la demande de Napoléon III, est en cours de restauration ; l’ouverture est prévue pour 2015.
En revanche – il faudra s’y habituer –, il changera de nom pour devenir le théâtre Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane, car ce sont les Émirats arabes unis qui ont sorti le chéquier pour sa restauration. On nous a bien aidés, alors il faut leur rendre la monnaie de leur pièce…
D’ailleurs, personne ne s’en cache, c’est écrit noir sur blanc sur le site officiel : « Dans le cadre d’un accord passé entre le gouvernement français et celui de l’émirat d’Abou Dabi, parallèle à celui créant le musée universel du Louvre Abou Dabi, une enveloppe de 5 millions d’euros reconductible a été allouée par Son Altesse le Cheikh Khalifa ben Zayed al Nahyane au financement de la restauration du théâtre impérial du château de Fontainebleau. En reconnaissance de cette action, le ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, a décidé le 27 avril 2007, en présence de l’autorité de la Culture et du Patrimoine d’Abou Dabi, Son Altesse Cheikh Sultan ben Tannoun al Nahyane, de donner au théâtre impérial le nom de son mécène. »
En perdant son nom, pour 5 ou 10 millions d’euros, avec une soumission totale, l’histoire de ce mythique théâtre s’envole d’un revers de main.
La France n’ayant plus les moyens de restaurer son patrimoine, c’est le plus offrant qui remporte la mise, et il n’y a surtout pas d’état d’âme à avoir, quitte à faire béni-oui-oui avec n’importe qui, même avec des pays qui n’ont rien en commun avec notre culture. Pour l’argent, nous sommes prêts à travestir nos propres emblèmes, à changer le nom de nos monuments, donc leur identité et leur histoire sans que cela ne chagrine qui que ce soit.
Les pays du golfe Persique (Qatar, Émirats arabes unis…) parviennent à s’approprier au fil du temps tout notre patrimoine culturel et historique et, un jour peut-être, la tour Eiffel ou l’Arc de triomphe changeront ainsi de nom.
2007, cela remonte à loin, nous étions sous l’ère Sarkozy et, déjà à cette époque, on quémandait tout en satisfaisant le moindre de leurs désirs qu’on aura su nous-mêmes cerner par avance. Droite, gauche, droite, gauche : c’est à celui qui sera le plus soumis !
- Source : Boulevard Voltaire