Russie-Ukraine: Le bras de fer gazier
La Russie n’a pas encore l’intention de recouvrer sur l’Ukraine les milliards de dollars évoqués par Vladimir Poutine dans sa lettre aux leaders des pays européens qui reçoivent le gaz russe transitant par l’Ukraine, a déclaré le secrétaire de presse du président russe Dmitri Peskov.
La facture représente 35,4 milliards de dollars US, soit 20% du PIB ukrainien de l’an dernier.
La guerre du gaz reprend de plus belle entre Moscou et Kiev. Cela tient surtout au fait que les autorités ukrainiennes autoproclamées rechignent à reconnaître les nouveaux tarifs du gaz russe qui sont passés de 300 à près de 500 dollars pour mille m3. Auparavant, les autorités russes accordaient à l’Ukraine un rabais de 100 dollars pour le séjour en Crimée de la flotte russe de la mer Noire. Il a été annulé après le rattachement de la Crimée à la Russie tout comme la taxe d’exportation zéro. Moscou se montre préoccupé par les perspectives de coopération avec Kiev dans ce domaine étant donné la dette ukrainienne croissante, les impayés systématiques et la menace pour le transit du gaz russe vers l’Europe. En même temps, Moscou continue à soutenir l’économie ukrainienne sans pour autant reconnaître ses nouvelles autorités.
Cette situation tient au fait que la Russie est l’otage du système de transit qui date de l’époque de l’Union Soviétique, estime Sergueï Pravossoudov, directeur de l’institut national d’énergie :
« S’il n’y avait pas de transit vers l’Europe, il y a longtemps que l’Ukraine aurait été coupée du réseau de gazoducs. Mais la situation perdure parce que Moscou ménage les consommateurs européens qui paient pour le gaz livré et n’y sont pour rien. Il n’existe qu’une solution : la Russie et les consommateurs européens doivent s’entendre entre eux, prendre la situation en main et mettre l’Ukraine devant le fait accompli. De toute façon, le trésor ukrainien est vide et le pays ne peut pas honorer ses engagements même si on lui proposait le meilleur prix. »
La dette globale contactée par l’Ukraine envers la Russie se monte cependant à plus de 16 milliards de dollars. Ce montant inclut 3 milliards de dollars accordés par Moscou à Kiev à la fin de l’année dernière, avant le changement du pouvoir en Ukraine. Le président Poutine a rappelé les conditions de l’aide financière et de la coopération énergétique avec l’Ukraine :
« Nous avons convenu en décembre dernier que l’Ukraine allait entièrement rembourser sa dette envers Gazprom pour le gaz livré en 2013 et effectuer intégralement les paiements courants. C’est à ces conditions que nous lui avons accordé le rabais trimestriel. »
Entre-temps, Kiev menace d’arrêter le transit du gaz vers l’Europe en faisant porter le chapeau à Moscou. Cette situation n’a rien de nouveau et s’est déjà produite en 2009. L’UE se prépare au pire mais espère que la Russie respectera ses engagements de fournisseur et que l’Ukraine jouera toujours son rôle de transitaire. Si Moscou n’a donné aucun prétexte qui permettrait d’en douter, l’Ukraine a déjà cessé de pomper le gaz dans ses réservoirs souterrains qui assurent justement l’approvisionnement en gaz des consommateurs européens en période hivernale.
En ce qui concerne le partenariat russo-ukrainien dans tous les secteurs conformément à des centaines de contrats en vigueur, Poutine a exigé d’honorer les engagements en ajoutant que la Russie devait se tenir prête à remplacer les produits ukrainiens et à apporter le cas échéant des correctifs dans la commande publique d’armements.
Et voici le commentaire donné par le président russe : « Nos partenaires européens reconnaissent la légitimité des nouvelles autorités de Kiev mais ne font strictement rien pour soutenir l’Ukraine et ne lui accordent pas un seul dollar et pas un seul euro, tandis que la Russie lui accorde toujours son aide. Cette situation ne saurait être qualifiée que paradoxale ».
- Source : La voix de la Russie