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Vendredi, 29 Mars 2024

Reconnaissant que la guerre est perdue, l’« Occident » cherche une porte de sortie

Auteur : Moon of Alabama (Etats-Unis) | Editeur : Walt | Jeudi, 23 Févr. 2023 - 22h19

Le président américain Joe Biden est à Kiev aujourd’hui pour tenter de sauver son projet débile de destruction de la Russie par l’intermédiaire d’une guerre par procuration. Mais il n’a pas de bon moyen de s’en sortir.

Un examen des médias « occidentaux » montre que l’inévitable issue de cette guerre est désormais reconnue. Les seules alternatives encore possibles sont soit de risquer une guerre nucléaire de grande ampleur soit de renoncer aux rêves d’hégémonie permanente de l’Occident.

Peu de responsables « occidentaux » admettent déjà que la guerre est perdue, que la Russie a gagné en Ukraine. Mais c’est pourtant le cas. Elle a gagné cette guerre lorsqu’elle a réussi à piéger l’armée ukrainienne dans une guerre d’attrition.

Comme l’écrit le commentateur russe Sacha Rogers (en russe, traduction automatique) :

« Cette guerre a déjà été gagnée (de plus, ce qui est le plus offensant pour divers « génies non reconnus », sans leur participation et contrairement à leurs idées stupides sur la façon dont elle devrait être gagnée). Elle a été gagnée au moment où, au lieu d’une guerre hautement manœuvrable, notre état-major a imposé aux forces armées ukrainiennes une position « debout » dans une guerre d’attrition.

En suivant strictement le manuel : La guerre d’attrition est une stratégie militaire consistant pour les belligérants à tenter de gagner en usant l’ennemi jusqu’à l’effondrement par des pertes continues en personnel et en matériel ».

L’Ukraine a déjà perdu deux armées et elle en réclame une troisième. Mais l’« Occident » est incapable de la lui fournir :

« Moins d’un quart des chars de combat modernes que l’Occident a promis à l’Ukraine sont susceptibles d’arriver à temps pour contrer une offensive russe prévue au printemps.

Kiev s’attend à ce que ses partisans envoient jusqu’à 320 chars occidentaux au total, mais selon les estimations, à peine 50 atteindront les lignes de front d’ici le début du mois d’avril, ce qui fait craindre qu’ils ne soient pas suffisants pour avoir un impact substantiel sur les combats ».

Le fait de reconnaître que l’Ukraine a perdu la guerre crée une panique dans les milieux qui sont attachés à l’unipolarité « occidentale ».

The Economist met en garde contre la perte de « l’autorité de l’Occident » :

« L’avenir de l’Ukraine est toujours en suspens – et restera probablement incertain pendant des années. M. Poutine pourrait accepter un cessez-le-feu à un moment donné par opportunisme, mais son remaniement de la société russe est entièrement orienté vers l’agression envers l’étranger et la répression à l’intérieur du pays. Toute fin concevable de cette tuerie nécessitera donc de solides garanties de sécurité de la part de l’Occident et des transferts importants et durables d’armes et d’aide financière – presque comme si un deuxième Israël, beaucoup plus grand, était apparu aux frontières orientales de l’Europe. Certains dirigeants européens affirment que cela nécessite une adhésion totale à l’OTAN. Si la reconstruction de l’Ukraine devait échouer, et son économie vaciller, alors la démocratie ukrainienne commencerait à échouer elle aussi. (…)

Seul un tiers de la population mondiale vit dans des pays qui ont à la fois condamné la Russie pour son invasion et lui ont imposé des sanctions, selon l’Economist Intelligence Unit, notre organisation sœur. La plupart d’entre eux sont de proches alliés des États-Unis. Les autres ont tendance à considérer la guerre comme une lutte entre autocrates et hypocrites. (…)

Même les pays qui pensent que l’invasion de M. Poutine est répréhensible pourraient conclure que la puissance occidentale est sur le déclin si elle ne parvient pas à aider l’Ukraine. Mais avec des armes, de l’argent et un soutien politique, l’Ukraine peut encore vaincre. Par son courage et la force de son exemple, le peuple ukrainien a gagné cette chance. Il ne pourrait y avoir de meilleur investissement dans la sécurité occidentale ».

Un éditorial du Washington Post va dans le même sens :

« Permettre une issue qui récompense le Kremlin de quelque manière que ce soit serait une parodie de morale. Cela porterait également un coup potentiellement mortel au principe sur lequel reposent la stabilité occidentale et la conduite internationale civilisée, à savoir que des États souverains ne peuvent être envahis, subjugués et soumis à des massacres en toute impunité ».

(Avez-vous déjà entendu parler de la Yougoslavie ? ou de l’Irak ?)

« Pour contrecarrer la Russie et sauvegarder la souveraineté de l’Ukraine, les États-Unis et leurs alliés européens n’ont guère d’autre choix que d’intensifier leur soutien militaire, économique et diplomatique à Kiev. Cela signifie équiper les forces ukrainiennes d’armes plus décisives et en plus grand nombre, imposer des sanctions plus agressives à Moscou et galvaniser une coalition internationale plus musclée pour isoler et ostraciser la Russie.

Ce programme est urgent ; le statu quo de lignes de combat relativement statiques est intenable ».

Dans le New York Times, David French prévient que l’Amérique ne peut pas être « hésitante » en Ukraine :

« Pourtant, l’issue de la guerre est tout simplement trop importante – pour l’Amérique comme pour l’Ukraine – pour que nous laissions notre soutien faiblir. À l’occasion de l’anniversaire de la guerre, il est temps de déployer un effort concerté pour persuader les Américains d’une seule idée : Nous devons soutenir l’Ukraine autant qu’il le faudra, aussi longtemps qu’il le faudra, jusqu’à ce que l’armée russe subisse une défaite décisive et sans équivoque ».

D’un côté de la discussion actuelle, vous avez ceux, voir ci-dessus, qui pensent à l’issue de la guerre en termes absolus. Les États-Unis doivent gagner la guerre par procuration qu’ils ont provoquée, quoi qu’il arrive. Mais il existe des alternatives. Il faut reconnaître que la courte période d’hégémonie mondiale des États-Unis est terminée. L’heure de la multipolarité a sonné.

Le secrétaire d’État Anthony Blinken est l’un de ceux qui ne veulent pas admettre que dès que la Chine a « menacé » de négocier la paix en Ukraine, il l’a accusée – sans preuve – d’aider la Russie dans cette guerre :

« Dans son interview à l’émission « Meet the Press » de NBC, qui a été enregistrée samedi soir pour être diffusée dimanche, M. Blinken a déclaré que les États-Unis offriraient bientôt de nouvelles informations pour démontrer que Pékin « envisageait fortement de fournir une assistance létale à la Russie » (…)

Wang a utilisé la conférence de Munich comme une plate-forme pour dire aux dirigeants et diplomates européens que la Chine est prête à renforcer ses liens avec eux et à essayer de jouer un rôle dans la fin de la guerre en Ukraine. Dans ses remarques publiques de samedi, il a déclaré que la Chine allait bientôt offrir une proposition de paix pour mettre fin aux combats. Mais M. Blinken a mis en garde, lors d’un autre événement, contre l’attrait de cessez-le-feu que la Russie pourrait exploiter pour se regrouper en vue de nouvelles offensives ».

La Chine n’a pas encore soutenu la Russie dans cette guerre. Mais si la Russie risquait de perdre cette guerre, la Chine devrait intervenir. Sinon, elle deviendrait le prochain pays que les États-Unis tenteraient d’anéantir.

Les États-Unis sont tombés dans le piège d’une escalade lorsqu’ils ont permis aux dirigeants ukrainiens de mener le pays au désastre :

« En vertu de sa décision, l’Ukraine, ainsi que ses partenaires les plus proches en Pologne et dans les pays baltes, sont devenus les « alliés de Troie » classiques – des petits pays dont le désir d’avoir un poids régional face à la puissance moyenne existante (la Russie) repose sur leur capacité à persuader une grande puissance extérieure et son réseau militaire mondial (ici, les États-Unis et, par extension, l’OTAN) d’intervenir militairement en leur nom. Comme nous l’avons noté dans notre étude, « cela se fait à grand risque pour l’équilibre régional et à grand coût pour la grande puissance extérieure ». Car en fin de compte, l’arrangement dépend de « la menace de l’utilisation de la force et de l’intervention militaire » de la part de cette grande puissance extérieure, sans laquelle les intervenants régionaux échoueraient ».

C’est exactement là où nous en sommes. Volodymyr Zelensky, le haineux pathologique de l’Ukraine, entraîne les États-Unis vers le but toujours plus inatteignable de gagner en détruisant la Russie.

Car toute confrontation directe avec la Russie conduirait à une guerre nucléaire. Les États-Unis ne peuvent pas prendre ce risque. Ils poussent donc l’Ukraine à accélérer son engagement jusqu’au suicide :

« Alors que les combats continuent de faire rage, les deux côtés de l’Atlantique craignent que la Russie ne retrouve ses marques, que l’Ukraine ne soit dépassée dans certaines parties de l’est et du sud et que la fourniture d’armes venant de l’Occident ne ralentisse. M. Biden part lundi pour la Pologne où il rencontrera le président Andrzej Duda et d’autres dirigeants clés de l’OTAN. Les responsables américains estiment que la défense de l’Ukraine est sur le point d’atteindre une phase critique avec le lancement par la Russie de son offensive tant annoncée. L’administration Biden a pressé de toute urgence le gouvernement du président Volodymyr Zelensky de consolider ses acquis – et peut-être de lancer sa propre contre-attaque.

La Maison-Blanche a également demandé à l’équipe de Zelensky, selon plusieurs responsables, de se préparer à l’offensive dès maintenant, alors que les armes et l’aide de Washington et de l’Europe circulent librement, de peur que le soutien des voisins européens de l’Ukraine ne devienne limité. (…)

Mais la réalité à laquelle Biden sera confrontée en Pologne est que Zelensky a clairement indiqué qu’il ne négociera pas tant que l’ensemble du territoire ukrainien n’aura pas été restitué – ce qui garantit que la guerre s’étendra jusqu’à un horizon lointain.

« Nous sommes dans cette situation pour le long terme et cela va durer un certain temps », a déclaré Rachel Rizzo, chargée de recherche au centre européen du Conseil atlantique. Si le soutien occidental commence à s’estomper, « il est indéniable que cela aura un effet à la fois sur l’issue et sur la durée de la guerre ».

À qui le dites-vous…

L’Occident est en train de vaciller parce qu’il ne peut pas fournir suffisamment, pendant assez longtemps, pour donner à l’Ukraine la moindre chance de chance de gagner cette guerre :

« Nous continuerons à essayer de leur faire comprendre que nous ne pouvons pas faire tout et n’importe quoi éternellement », a déclaré un haut responsable de l’administration, en faisant référence aux dirigeants ukrainiens. Le fonctionnaire, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat pour discuter de questions diplomatiques sensibles, a ajouté que l’administration était « très fermement convaincue » qu’il sera difficile de continuer à obtenir le même niveau d’aide sécuritaire et économique du Congrès.

L’expression « aussi longtemps qu’il le faudra se rapporte à la longueur du conflit », a ajouté le fonctionnaire. « Cela ne concerne pas le montant de l’assistance ». (…)

La nature critique des prochains mois a déjà été transmise à Kiev en termes directs par de hauts responsables de Biden – notamment le conseiller adjoint à la sécurité nationale Jon Finer, la secrétaire d’État adjointe Wendy Sherman et le sous-secrétaire à la défense Colin Kahl, qui se sont tous rendus en Ukraine le mois dernier.

Le directeur de la CIA, William J. Burns, s’est rendu dans le pays une semaine avant ces responsables, où il a informé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, de ses attentes quant aux projets militaires de la Russie dans les mois à venir et a souligné l’urgence du moment ».

Plus vite, s’il vous plaît, c’est ce que les États-Unis disent à l’Ukraine. Dépêchez-vous, car nous devrons bientôt mettre fin à notre soutien.

Mais l’armée ukrainienne n’a pas le matériel et les effectifs nécessaires pour lancer une contre-offensive qui aurait une chance de remporter une victoire. Elle n’en a même pas assez pour reprendre une portion significative de territoire.

La troisième armée dont elle aurait besoin devrait être beaucoup plus forte que les deux armées qu’elle a déjà perdues. En plus elle ne viendra pas.

Alors que va faire l’Occident ? Livrer encore plus d’armes miracles ?

« Le président Biden doit se rendre en Pologne cette semaine pour discuter des efforts occidentaux visant à aider l’Ukraine à résister à l’invasion russe, alors que la pression s’accentue sur son administration pour qu’elle fournisse à Kiev des avions de combat F-16. Le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a déclaré lors d’une interview accordée ce week-end à l’émission « Face the Nation » de CBS qu’il pensait que l’Occident finirait par fournir des avions de combat, comme ce fut le cas pour d’autres armes de pointe dont la fourniture était « inimaginable » au début de la guerre ».

J’ai des nouvelles pour M. Morawiecki. Le premier F-16 a volé en 1974. Penser que des avions vieux de 50 ans auront une chance contre les défenses aériennes de première classe et les avions de chasse de cinquième génération de la Russie est une folie.

Les avions de combat sont pilotés grâce à des réflexes acquis pendant un long entrainement, pas par des décisions conscientes. Les pilotes sont formés pour cela. Une fois ces réflexes adoptés pour un avion spécifique et sa philosophie, il faut des années pour les adapter à un autre avion. Des pilotes ukrainiens pilotant des F-16 dans un avenir proche est un rêve éveillé.

Mais peut-être que la Pologne, dans sa tentative futile d’être le sauveur de l’Ukraine, peut convaincre ses propres pilotes de se suicider dans un environnement saturé d’avions de chasse Su-57 et de défenses aériennes S-400. Ou bien elle peut envoyer sa propre armée au front. Les États-Unis accueilleraient sûrement favorablement l’engagement d’un autre pays à se suicider pour le plus grand bien de leur hégémonie en dollars.

Mais je ne pense pas qu’on en arrivera là.

Les États-Unis ont besoin d’une stratégie de sortie de cette guerre. Reconnaître que la seule alternative est la guerre totale et l’annihilation nucléaire, comme le laissent entendre les opinions de The Economist, du Wapo et du NYT, est la première étape pour en développer une.

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour Le Saker Francophone


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