Dieudonné, Alain Soral, Farida Belghoul : cette France « black-blanc-beur » qui terrorise la « République »
Quelque chose flotte en ce moment dans l'air en France. Un vent de folie balaie les esprits de l'ensemble de la caste politico-médiatique, dont les trombes semblent devoir emporter jusqu'aux ultimes résidus de bon sens qui s'accrochaient encore, vaille que vaille, à quelques branches isolées et déjà prêtes à rompre.
Cela commença voilà quelques semaines avec l'Affaire Dieudonné : car oui, il convient bien d'affubler le mot "Affaire" d'une majuscule, tant à entendre certains -à défaut de les écouter, évidemment- Adolf Hitler en personne s'était réincarné dans le corps d'un comique mi-breton mi-camerounais, celui-ci vomissant une panzer-division SS à chacune de ses blagues ; et secondé par une singulière milice d'hommes et de femmes prêts à rafler le premier juif venu, voire, si l'on se rappelle les propos d'Alain Jakubowicz, à se livrer à de douteuses pratiques relevant à la fois de la nécrophilie et de la nécromancie. Dieudonné serait-il donc sorcier ?
Peut-être bien, à vrai dire.
Hystérie des élites contre colère du peuple
Ces derniers jours, on aurait pu croire que, le battage médiatique s'étant déplacé de la quenelle de Dieudonné à un autre objet plus ou moins oblong appartenant au Président de la République, nos esgourdes allaient enfin pouvoir souffler un peu, et le citoyen lambda se risquer à allumer sa télévision sans avoir l'impression d'être définitivement pris pour le pire des demeurés.
Las, ces espoirs n'auront pas fait long feu. L'espace politico-médiatique -qui n'est rien de plus que l'équivalent intellectuel d'une bulle spéculative- enfle toujours plus démesurément de superlatifs godwiniens et de formules toutes plus amphigouriques et absconses les unes que les autres, certains allant même jusqu'à nous ressortir les "ligues fascistes" de 1934 pour évoquer le Jour de Colère ou toute autre manifestation ayant le malheur de ne pas partager l'optimisme -sous LSD- du gouvernement socialiste, qu'il s'agisse d'économie ou d'autres sujets domestiques ou internationaux.
Or voilà quelques jours maintenant que le phénomène prend de l'ampleur, atteignant des paroxysmes inédits de mauvaise foi et d'anachronisme abêtissant.
Oyez, oyez Citoyens : la "République" est en danger !
La cause de cette nouvelle crise de délire collectif de nos élites ? Un mouvement de "Journées de Retrait de l'École", initié par Farida Belghoul, et visant à faire interdire l'enseignement de l'idéologie... pardon, de la "Théorie du Genre" dans nos écoles.
Je n'ai nullement l'intention de m'étendre ici sur le fond de cette affaire en particulier. Beaucoup a déjà été écrit sur le sujet, et seuls l'aveuglement ou la mauvaise foi1 -ou un intérêt malveillant- peuvent expliquer que certains, y compris certains parents, hélas, s'échinent à ne pas voir ce qui se balade sous leur nez -ou plutôt celui de leur progéniture. Inutile donc d'en rajouter, dans la mesure où il suffit de reprendre les déclarations de certains responsables socialistes -ou certains éditoriaux ou articles complaisants- pour réaliser que les mêmes qui jurent aujourd'hui leurs grands diables que non, "la théorie du genre n'existe pas", voilà encore moins de deux ans faisaient la promotion de ladite théorie, sous le prétexte fallacieux de lutter dès l'école primaire -voire maternelle- contre les inégalités entre garçons et filles, et ce, en réalité, toujours afin de mieux occulter l'inégalité, autrement plus grave, existant entre un fils d'ouvrier et une fille de médecin -le premier devenant, miraculeusement, le "dominant sexuel" alors qu'il est clairement le "dominé social".
Mais passons, là n'est pas mon propos.
Or donc, que s'est-il passé ? Mme Belghoul, avec une ardeur et une poigne dignes de lui valoir le sobriquet de Dame de Fer2, a entendu à la fois alerter et mobiliser les parents -ou tout du moins ceux qui ont encore conscience de ce que ce mot veut dire- sur et contre les dangers de l'introduction toujours plus poussée et précoce de la théorie du genre dans les programmes scolaires de nos enfants : à savoir à la fois, via l'introduction d'un paradigme libidocentré, leur abrutissement intégral -en faisant du sexe leur préoccupation première- ; leur réification définitive -en promouvant une vision exclusivement matérielle de la sexualité, réduite à un acte de consommation anodin- ; sans oublier d'en faire du gibier de psy et de futurs consommateurs -justement- d'antidépresseurs. Soit une masse crétinisée dont on sera à peu près sûr qu'elle n'ira jamais penser ni voter hors des sentiers battus obligeamment balisés par les médias.
Ces Journées aurait pu rester assez confidentielles, se cantonner à des cénacles restreints de la "Dissidence" et de ceux qui suivent les acteurs de celle-ci. Or, divine surprise, il n'en a rien été. Ces JRE se sont en fait avérées un grand succès, ce que confirme du reste la bronca politique et médiatique proprement hystérique lancée contre leur initiatrice. Ainsi Vincent Peillon, le Ministre de (la prétendue) Éducation (prétendument) Nationale s'est-il ainsi fait à quelques semaines de distance l'écho tremblotant de son collègue de l'Intérieur Manuel Valls, entonnant à son tour la ritournelle sur la République menacée... par une Arabe, cette fois.
Et oui, pas de chance. Ah, que ne donneraient nos belles âmes de gauche pour un adversaire taillé, non à leur mesure, mais à leurs standards idéologiques issu du prédigéré antiraciste ! Un Jean-Marie Le Pen, un Alain Escada, un Richard Millet... non ? Pas même un Renaud Camus ? Vous êtes sûrs ?
En effet, comme dans le cas de Dieudonné, la gauche se retrouve ici bien embêtée. Ce n'était déjà pas facile de faire passer un métis franco-camerounais pour un nazi. Cela relevait d'un exercice d'équilibriste sans fil au-dessus d'un canyon que d'expliquer que les spectacles de l'humoriste préféré des Français -les chiffres de ventes de billets parlent d'eux-mêmes- étaient en fait des réunions de skinheads étrangement basanés et diversement colorés et plus portés sur la quenelle que sur la querelle. Car si l'on s'en tient à la logique pure -il est vrai que nos élites font leur possible pour l'ignorer- si l'on réunit dans la même pièce des Noirs racistes (détestant les Blancs), des Blancs racistes (détestant les Noirs) et des Arabes racistes (détestant... bah, à peu près tout le monde), l'espérance de vie moyenne à l'intérieur de ladite salle ne devrait guère dépasser les dix secondes. Or loin de s'entretuer, voilà des gens très différents, promis si l'on s'en tient à la bien-pensance antiraciste à la haine et à l'affrontement, rigoler des mêmes blagues et chanter les mêmes chansons... y compris la Marseillaise.
Là est justement le nœud du problème ; et là réside la "sorcellerie", ou plutôt la "magie" de ce que certains ont pu calomnier par le passé sous l'appellation d'"Effet Dieudonné", et peut-être demain sous celle d'"Effet Belghoul". Soit la réunion de toutes les composantes de la société française, dans et en dépit de leur différences ethniques et religieuses, sous un même drapeau, dans un même hymne, contre un même ennemi : non pas le Juif, comme on voudrait nous le faire croire3, mais bien un système décadent aux ordres des plus riches.
Or cette France "black-blanc-beur" raciste -un cachet d'aspirine, s'il vous plaît- n'était pas prévue au programme des promoteurs, forcément "républicains" de l'antiracisme triomphant des années 90. Leur propre vision, d'ailleurs bien peu basée sur une quelconque notion de "bien public" s'articulait autour de Français de souche "assiégés" par des communautés halogènes rendues hostiles -ou ainsi présentées par le truchement de représentants spécialement choisis pour faire la sale besogne- par un endoctrinement permanent reposant sur le triptyque bien connu Esclavage-Colonisation-Collaboration, censé persuader les Français issus de l'immigration que leurs voisins blancs étaient nécessairement et consubstantiellement leurs ennemis. Recette idéale pour instaurer une véritable société de la tension, divisible ad nutum, donc facile à soumettre -et à faire exploser pour peu qu'on force un peu trop sur les doses.
Apocalypse de l'antiracisme institutionnel
Il est à parier que, dans quelques décennies ou siècles, lorsque des historiens s'attèleront à étudier et rédiger la chronique de cette étrangeté que fut l'antiracisme institutionnel français, ils marqueront les années 2013 et 2014 d'une pierre blanche, comme le tournant de la fin, l'amorce d'une inévitable descente aux enfers de cette idéologie.
Car voilà, c'est précisément de ceux initialement destinés à être un ferment de division que semble devoir renaître l'unité. Farida Belghoul comme Dieudonné, la première ayant toujours refusé et le second définitivement et depuis fort longtemps maintenant abjuré la complainte communautariste et victimaire -un chant composé par d'autres- s'adressent à l'ensemble des Français, chacun à sa manière, mais sur des thématiques universelles -la justice, la lutte contre le racisme authentique de l'élite, la défense de la famille-, là où le pouvoir d'Etat ne s'emploie désormais plus qu'à susciter clivages et rivalités. Il est d'ailleurs symptomatique que le discours "sociétal" de la gauche -mariage homosexuel, lutte contre les "stéréotypes de genre"- prenne de plus en plus d'ampleur à mesure que grandit sa défiance envers une clientèle électorale dont elle estimait jusqu'à récemment encore avoir le monopole.
C'est que le mariage homosexuel aura marqué une étape dans l'effondrement de l'antiracisme. Trop convaincue de sa mainmise sur les Français d'origine immigrée, la gauche sociétale avait parié sur le fait qu'elle pourrait les jeter dans la rue, aux côtés des militants LGBT et des féministes, pour lutter contre l'ennemi commun : le mâle blanc hétérosexuel et catholique.
Tel ne fut pas le cas. Pour trouver des représentants de la "diversité" dans les cortèges en faveur de la profanation du mariage, il fallait un microscope très puissant et une belle dose de malhonnêteté. Restées très traditionnelles sur ces questions, les familles issues de l'immigration, et tout spécialement celles de confession musulmane, refusèrent de se prêter à cette aberration. Parallèlement, la présence, au sein de la Manif' pour Tous, de l'association Fils de France, de Camel Bechikh, mettait en lumière la réalité récente d'une fraction de plus en plus importante des Français musulmans renouant avec la religion authentique. La réussite des JRE, apparemment très marquée dans les "quartiers populaires", comme on dit, témoigne bien de cette réalité. Mais surtout, elle place un peu plus encore la gauche antiraciste et "républicaine", face à son plus grand paradoxe à cet égard. Un paradoxe que l'on peut, de façon lapidaire et un tantinet grossière, résumer en une phrase.
La gauche adore les Arabes, mais déteste les musulmans.
En effet, aussi longtemps que l'Islam de France se cantonna à de vagues relents culturels du pays d'origine, manifestés à travers des revendications identitaires superficielles -vestimentaires ou alimentaires- fondamentalement dépourvues de toute véritable charge religieuse -et donc de valeurs traditionnelles, et exploitables politiquement, la gauche ne manifesta à l'égard de celui-ci aucune hostilité. Mais dès lors que les musulmans de France entendirent se réapproprier leur héritage théologique, on assista à l'éclosion de cette dichotomie entre le "bon Arabe" -qui écoute du rap et vote socialiste- et le "mauvais musulman", voire carrément l'islamiste -qui étudie le Coran et croit en Dieu. De là bien sûr l'apparente schizophrénie de la gauche, qui appelle au "vivre-ensemble" tout en défendant les dessins scatophiles de Charlie Hebdo et les pratiques à l'avenant des Femen4.
Il était donc logique que, entre le succès de Dieudonné et celui des JRE, le seul mois de janvier 2014 aura vu littéralement exploser cette schizophrénie. Les médias ont en effet résonné de déclarations toutes plus délirantes les unes que les autres, révélant le racisme profondément enraciné chez cette gauche qui n'aime la "diversité" qu'aussi longtemps que cette dernière se soumet à ses diktats. Ainsi, d'un journaliste d'I-Télé affirmant sans rire que Dieudonné avait "une vraie tête de méchant"5, à Anne-Marie Haller, secrétaire départementale de l’UNSA dans le Bas-Rhin, affirmant à propos des JRE que "cette campagne a touché un public crédule et peu éduqué"6 (c'est-à-dire en gros les Noirs et les Arabes, si d'aventure vous n'aviez pas compris ; une thématique reprise d'ailleurs par bon nombre de journalistes), apparaît au grand jour l'incommensurable mépris des bien-pensants à l'égard de ces populations dont ils se croyaient, à tort, propriétaires.
Bien entendu, certaines de nos belles âmes, n'assumant pas leur racisme profond, préfèrent éviter l'attaque frontale : plutôt que de traiter Farida Belghoul d'islamiste, elles la transforment en marionnette de l'association Civitas ; au lieu de fustiger l'antisémitisme de Dieudonné, elles le présentent comme étant sous la coupe d'Alain Soral. Ce faisant, évidemment, les belles âmes susmentionnées dévoilent leurs turpitudes suprématistes, puisque il devient clair que dans leur vision du monde, un Africain ne peut rien faire, dire ou penser s'il n'y a pas un Blanc derrière pour lui donner des ordres7.
Le nom d'Alain Soral apparaît également dans l'affaire des JRE. De fait, le président d'Egalité et Réconciliation semble être devenu une espèce de figure tutélaire, un totem maléfique brandi par les médias, comme si sa seule évocation devait suffire à discréditer toute personne ou opération qui lui serait associée, réellement ou même hypothétiquement. Sa réapparition médiatique -fût-elle sous cette forme "spectrale"- témoigne cependant assez de son succès grandissant, y compris auprès de populations "préemptées" par la gauche et ses officines antiracistes. Difficile, du reste, de faire passer Soral pour un fou-furieux antisémite nostalgique du IIIème Reich lorsqu'il suffit d'une connexion Internet pour réaliser que le personnage est un intellectuel de calibre autrement supérieur à tous les faux philosophes et autres porteurs de ténèbres qui parasitent les plateaux de télévision.
Farida Belghoul, Dieudonné et Alain Soral deviendront sans doute des figures marquantes de l'histoire de France. Ils le sont peut-être déjà, allez savoir. Ce qui est certain, c'est qu'à eux trois ils incarnent cette France, non pas "black-blanc-beur", mais cette vraie France, cette France des petites gens assommées par la dictature des marchés financiers et humiliées par ses oukases sociétaux réificateurs. Cette France qui a manifesté sa colère le 26 janvier dernier.
Et qui va continuer, n'en doutons pas.
1On notera en particulier, au sujet du fameux rapport de l'OMS dont il a beaucoup été question ces temps-ci, que de nombreuses voix se sont élevées contre une interprétation prétendument abusive de ce texte. Or lorsqu'on vient vous expliquer qu'il faut aider un enfant de zéro à quatre ans à "développer une curiosité pour son corps et celui des autres", il n'est guère besoin de beaucoup interpréter pour comprendre où l'on va.
2Ainsi que, paradoxalement, les louanges des théoriciennes du gender : après tout, voilà une femme qui en a. Quand même.
3La fameuse "France black-blanc-beur antisémite" de M. Haziza. J'en ris encore. Dieudonné n'a qu'à bien se tenir.
4À noter toutefois qu'une partie du sale boulot est délégué à une frange de "l'extrême-droite", et que hélas celle-ci se complaît dans une attitude anti-Islam dépourvue de nuance. Il serait bon de rappeler aux amateurs d'apéros saucisson-pinards que ce genre d'opérations existait déjà au début du XXème siècle : le vendredi, jour maigre pour les catholiques, se tenaient aux abords des églises des "Banquets Républicains" où des militants de gauche s'empiffraient de charcuterie et de vin. À méditer.
5On aurait aimé que ce monsieur précise à quoi il faisait exactement allusion : à la couleur de peau de Dieudonné ou à sa barbe fleurie.
7Des médecins ont récemment identifié cela comme une maladie chronique de la gauche depuis plus d'un siècle : le "Syndrome Jules Ferry".
- Source : Agoravox