Le pouvoir face à la contestation : ses 5 stratégies pour en venir à bout
Mis en échec face à la crise, englué dans les contraintes de l’Europe communautaire, sous pression de la finance mondialisée, le pouvoir n’a plus, ou presque, de grain à moudre. Après avoir suivi la stratégie du « diviser pour mieux régner » en stigmatisant les musulmans à coups de lois anti-voiles et de campagnes islamophobes, il cherche aujourd’hui à étouffer la contestation grandissante. Tous les moyens sont bons : censure d’État, harcèlement politico-judiciaire, provocations policières, campagnes médiatiques mensongères, interpellations massives et chasse aux sorcières. Si ces méthodes sont habituelles – les gouvernements précédents y ont eu aussi recours -, ce qui l’est moins en revanche c’est la frénésie avec laquelle elles sont employées. La dictature, c’est maintenant.
Incapable de mettre en œuvre ne serait-ce qu’une ébauche de réponse à la crise, le pouvoir est dos au mur. La légitimité qu’il tirait de sa capacité à assurer aux populations une protection sociale et un niveau de vie en progression lui fait désormais défaut. La construction européenne, la mondialisation du capitalisme et la financiarisation de l’économie ont eu raison des politiques keynesiennes de l’après-guerre et le seul horizon qui s’offre désormais aux populations est une baisse inexorable de leur niveau de vie. Comment maintenir l’ordre dans un contexte de casse sociale, d’austérité, de paupérisation sans rien avoir à offrir en contrepartie ? L’État n’a qu’un seul choix : briser les résistances à sa politique.
Première méthode : diviser pour mieux régner.
Dans le viseur du gouvernement actuel (comme dans celui des deux précédents) : le musulman et ses pratiques religieuses. Une énième loi anti-voile (la troisième en 10 ans !), une charte de la laïcité qui ne concerne de fait que les musulmans et le tour est joué. Ces politiques islamophobes ont fait de lui un bouc émissaire bien utile pour masquer les vraies responsabilités de la situation économique que l’on connaît. Chacune de ces lois a fait l’objet de débats publics fortement médiatisés qui ont fonctionné comme autant de rideaux de fumée détournant l’attention du public des problèmes réels et ont provoqué au passage une hausse des actes et des paroles islamophobes en alimentant la fiction d’une "menace islamique". Attiser les tensions inter-communautaires et les instrumentaliser aux seules fins de sa politique, on ne change pas une recette qui a déjà fait ses preuves.
Deuxième méthode : renforcer les dispositifs de surveillance et de contrôle social.
Passé quasiment inaperçue, la loi de programmation militaire adoptée récemment par le Sénat donne à l’État la possibilité de capter les données numériques de dizaines de milliers de personnes par an, en dehors de toute action judiciaire et sans aucune autorisation auprès de la CNCIS (Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité), sous couvert de lutte contre "le terrorisme" ou la "criminalité organisée". Pourront être mobilisées, non seulement les forces de l’ordre mais également toute la communauté du renseignement, de l’Intérieur à la Défense, en passant par Bercy, pour éplucher tout ce que conservent et traitent les opérateurs d’Internet et de téléphonie. L’adoption du projet par le Sénat s’est faite malgré une forte mobilisation des acteurs du numérique et sans consultation de la CNIL. Il ouvre la voie à une surveillance totale des communications et des déplacements etdonne tout pouvoir à l’État pour espionner légalement ses citoyens.
Le flicage des réseaux sociaux se poursuit dans l’indifférence générale : Manuel Valls a obtenu de Twitter une collaboration avec les autorités françaises, principalement en matière de surveillance : » Twitter s’engage à procéder au gel des données d’enquête sur simple courriel, sans aviser les utilisateurs si les enquêteurs demandent expressément à ce que ces mesures restent confidentielles ». La surveillance d’Internet permet à l’État de reprendre la maîtrise de données (communications interpersonnelles et circulation de l’information) qui échappaient jusque-là à son contrôle.
Troisième méthode : détruire les liens sociaux protecteurs de l’individu face à la toute-puissance du marché.
On comprend mal l’acharnement du gouvernement à imposer le mariage pour tous et l’enseignement de la théorie du genre à l’école si l’on ne voit pas que la famille est l’une des dernières communautés qui protègent l’individu de la toute-puissance du marché mondialisé. Et nos élus ont pensé à tout : pour prévenir les cas de déscolarisation consécutifs à cette réforme d’ampleur, ils ont voté une proposition de loi visant à limiter la possibilité d’instruction obligatoire donnée par la famille à domicile aux seuls cas d’incapacité. Et, cerise sur le gâteau, les députés ont cru bon de devoir rajouter un amendement au projet de loi sur l’égalité des femmes et des hommes, supprimant l’expression "en bon père de famille" pour la remplacer par "gestion raisonnable"… en attendant l’interdiction de la fessée donnée aux enfants. Derrière toutes ces attaques, un seul but : déstructurer la famille en cassant les identités sexuées ou la distribution traditionnelle des rôles parentaux, afin de renforcer l’emprise de l’État et du marché sur les individus (voir ici l’exposé de Farida Belghoul). Pour cette même raison, la religion catholique et (surtout) l’Islam sont dans le viseur du gouvernement qui multiplie les attaques contre elles sous couvert de "laïcité". Comme l’explique Pierre Hillard, l’Islam est un rempart contre le mondialisme car ses valeurs sont incompatibles avec le mercantilisme et le matérialisme promus par le Nouvel Ordre Mondial.
Quatrième méthode : éradiquer les foyers de pensée critique et de contestation.
Le succès de Dieudonné pose un réel problème au pouvoir. Il unifie les classes populaires et ceux qui souffrent de sa politique par-delà les clivages socio-ethniques et partisans quand le gouvernement voudrait justement les diviser. Sa dénonciation du passé colonial de l’Occident, sa critique radicale de l’euro-atlantisme, sa mise en cause de l’influence du sionisme dans le monde politique et des affaires heurtent de plein fouet les intérêts impérialistes. On doit donc le faire taire par tous les moyens : censure d’État, campagnes médiatiques et harcèlement politico-judiciaire. Le dessinateur Joe Lecorbeau, proche de Dieudonné, récemment placé en garde à vue, a fait également les frais de ce zèle répressif. A la télévision, la chasse aux sorcières est également à l’ordre du jour avec "l’affaire Taddéi". Rien ni personne ne doit s’opposer au travail de manipulation des médias : détourner l’attention du public des vrais problèmes et le maintenir dans l’ignorance et la médiocrité intellectuelle par des programmes infantilisants font partie des dix stratégies de manipulation des masses. Frédéric Taddéï remplacé par Caroline Fourest : le CRIF en a rêvé, le gouvernement en est bien capable.
Cinquième méthode : terroriser les opposants.
On se souvient sans doute des provocations et des violences policières qui ont émaillé les manifestations contre le mariage pour tous. Elles ont également été au rendez-vous le 26 janvier. 260 personnes raflées (lire ici le témoignage d’un journaliste), certaines jugées et condamnées à des peines de prison avec sursis pour des faits insignifiants, Manuel Valls n’a pas lésiné sur les moyens pour faire taire la contestation mais aussi pour tenter de la minimiser : les manipulations de films et de photos (grossièrement retouchées : voir ici) a permis au gouvernement de sous-estimer de façon éhontée le nombre de manifestants : 160.000 selon les organisateurs… 17.000 selon la police !
Pour terroriser les opposants, le pouvoir dispose d’une police de la pensée, la LICRA et d’un service de renseignement officieux : JSSNews et ses délateurs à l’affût des quenelliers. Un grand nombre d’entre eux ont déjà perdu leur travail et d’autres perdront bientôt leur liberté quand la loi anti-quenelle en préparation sera votée.
Dépenser autant de temps et d’énergie à faire voter des lois comme celle interdisant le port du voile à l’université ou celle autorisant le mariage homosexuel ou encore celle permettant la censure de spectacles humoristiques (ou politiques), alors qu’il existe tant d’urgences sociales et économiques, peut paraître incohérent. En réalité ces mesures, par-delà leur caractère anecdotique, s’inscrivent dans un projet global dont la finalité peut se résumer en quelques mots : imposer par la force la mise aux normes mondialistes de la société française en cassant les solidarités qui peuvent y faire obstacle, en faisant du citoyen un individu socialement isolé et privé de pensée critique face à un État tout-puissant au service exclusif du marché mondialisé.
- Source : Nicolas Bourgoin