Le rapport préparé par les experts internationaux a été publié sur le site du département des affaires du désarmement de l'ONU. Il précise que les inspecteurs ont étudié sept informations sur l'utilisation des armes chimiques en Syrie entre mars et août 2013. Sur cinq sites ils ont en effet découvert les preuves de l'utilisation du gaz sarin. Cependant les auteurs du rapport ne cherchaient pas à désigner laquelle des parties belligérantes, les forces gouvernementales ou l'opposition, avait utilisé les armes d'extermination massive. Cette mission ne leur a pas été assignée non pas à cause de sa complexité, mais pour des raisons politiques, est convaincu le rédacteur en chef du journal Voïenno-promychlenny kourier (Courrier militaro-industriel) Mikhaïl Khodarenok :

« On peut définir avec une probabilité assez élevée qui concrètement et dans quelle situation a utilisé les armes chimiques. Pour le comprendre il suffit de regarder de quel arsenal dispose Bachar al-Assad. Si l'on retient que ses armes chimiques étaient contenues dans des ogives des lance-roquettes multiples, des obus et des bombes d'avion, on peut comprendre facilement si Bachar al-Assad les a utilisées, oui ou non. Mais si on se souvient de l'adage latin « Cui prodest » (qui en tire profit), on peut dire que dans cette situation l'utilisation des armes chimiques étaient plus avantageuse pour l'opposition armée. Celle-ci devient partie perdante du conflit et l'ingérence de pays étrangers aurait pu lui profiter ».

Pourtant l'attitude des pays occidentaux envers les événements en Syrie a notablement changé. Si auparavant les Etats-Unis et certains pays de l'Union européenne étaient entièrement du côté de l'opposition, à présent leurs approches se sont modifiées. Moscou a maintes fois indiqué à ses partenaires étrangers que le premier violon au sein des adversaires d'al-Assad n'était pas joué par des partisans des droits civils et de la démocratie, mais par des islamistes radicaux de tout poil. Il paraît que l'Occident en a pris conscience. En témoigne le récent refus des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne de livrer aux rebelles de matériels non létaux. Selon l'expert de PIR-Centre Alexandre Tchekov ce refus est intervenu lorsque des radicaux du Front islamique se sont emparés des dépôts d'armes de l'Armée syrienne libre qui est un groupe modéré :

« Ces derniers temps nous constatons que des conflits éclatent au sein de l'opposition syrienne. Ces conflits opposent des éléments radicaux et des islamistes, d'une part, et la parite modérée de l'opposition syrienne, de l'autre. Aussi l'Occident ne parle-t-il plus d'une unité des rebelles et n'oppose-t-il pas al-Assad à l'opposition syrienne. Quand il est question des rebelles, l'Occident désigne des groupes isolés concrets. En plus, les pays occidentaux ont réalisé que, de fait, l'aide qu'ils accordaient à l'opposition syrienne se retrouvait dans les mains des islamistes. L'Occident comprend peu à peu que poursuivre le financement des adversaires d'al-Assad signifie renforcer des éléments radicaux et non pas l'opposition modérée et, par conséquent, exacerber encore davantage le conflit ».

Il convient d'ajouter que la position de Moscou sur la question syrienne trouve une compréhension grandissante de la part d'autres Etats. D'une part, la thèse d'après laquelle le conflit en Syrie n'a rien à voir avec la lutte pour la démocratie est dorénavant contestée par très peu de personnes. D'autre part, la rigueur et l'esprit de suite démontrés par les diplomates russes ont obligé même les patrons des adversaires d'al-Assad, les monarchies du Golfe, à témoigner du respect envers les actions de Moscou. Ainsi le prince héritier de Bahrein Salmane ben Hamad Al-Khalifa a déclaré récemment qu'ayant évincé la frappe américaine contre la Syrie « les Russes ont prouvé qu'ils étaient des amis sûrs ». Il s'est exprimé avec un grand mépris sur la politique proche-orientale de Washington et a souligné qu'elle était entièrement exempte de toute planification à long terme.