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Vaccin anti-cancer: une patiente dépose plainte

Auteur : Libération | Editeur : Rémi | Dimanche, 24 Nov. 2013 - 23h11

 

Une jeune fille de 18 ans a développé de graves troubles après avoir reçu deux injections de Gardasil, un vaccin contre le cancer du col de l'utérus. 

Une nouvelle affaire sanitaire pourrait faire l’objet d’une enquête pénale avec le dépôt d’une plainte par une jeune femme de 18 ans visant le Gardasil (Sanofi Pasteur MSD) et l’Agence du médicament, accusant ce vaccin contre le cancer du col de l’utérus de graves effets secondaires sur le système nerveux central.

Marie-Océane a été vaccinée au Gardasil à 15 ans, comme quelque 2,3 millions d’adolescentes françaises ainsi traitées préventivement contre ce cancer touchant près de 3 000 personnes annuellement. La première injection, détaille son avocat Me Jean-Christophe Coubris dans un communiqué, a été reçue par la jeune landaise le 11 octobre 2010, puis une deuxième le 13 décembre. Une vaccination intervenue selon lui après un véritable «tapage médiatique», visant parfois à «culpabiliser» les parents pour qu’ils choisissent ce traitement.

Mi-février 2011, des signes cliniques sont apparu, des vertiges et vomissements ayant conduit à son hospitalisation à Dax (Landes), puis en urgence au CHU de Bordeaux, après avoir souffert de pertes momentanées de la vue, de la marche et d’une paralysie faciale. Selon Me Jean-Christophe Coubris, «le diagnostic d’encéphalomyélite aigüe disséminée (une inflammation du système nerveux central, ndlr) ou de sclérose en plaques a été rapidement posé».

Son état s’est stabilisé en août 2012, mais la jeune fille est souvent fatiguée ce qui gêne sa scolarité, explique encore l’avocat bordelais - déjà en lutte par ailleurs contre l’antidiabétique Mediator et les pilules de troisième et quatrième génération - qui souligne aussi que Marie-Océane vit désormais «avec l’angoisse constante d’une poussée de sa maladie».

 

Elle a donc déposé vendredi une plainte pénale, auprès du parquet du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), dont dépend le siège de Sanofi pour «atteinte involontaire à l’intégrité de la personne humaine». La plainte révélée par Sud Ouest et le Journal du Dimanche (JDD) vise le labo, mais aussi l’Agence nationale du médicament (ANSM), et estime qu’il y a eu «violation d’une obligation manifeste de sécurité et méconnaissance des principes de précaution et prévention».

 

La jeune fille peut s’appuyer sur une double expertise commandée par la Commission régionale de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux (CRCI) d’Aquitaine, qui a conclu à un «lien de causalité» entre l’injection de Gardasil et une «réaction inflammatoire aiguë du système nerveux central», qui après la deuxième injection a «décompensé un processus immunitaire», selon Sud Ouest. La commission a cependant limité l’indemnisation de Marie-Océane à 50% du préjudice, estimant qu’une éventuelle vulnérabilité génétique avait aussi pu jouer.

COÏNCIDENCE OU LIEN DE CAUSALITÉ ?

 

Sanofi Pasteur MSD a confirmé dimanche la conclusion, mais la conteste. Selon le laboratoire, elle s’appuie «uniquement sur la constatation d’une coïncidence temporelle entre la survenue et les symptômes de la maladie et de la vaccination», sans prouver le lien de causalité.

Pour mettre en cause le vaccin, «il faut regarder si la maladie est plus fréquente chez un groupe de jeunes filles vaccinées que sur un groupe de jeunes filles non vaccinées», a déclaré André Dahlab, directeur adjoint des affaires médicales chez Sanofi Pasteur MSD, or aucune étude n’a jamais établi «d’incidence supérieure», assure-t-il en défendant la thèse de la «coïncidence».

 

L’utilité du vaccin contre le cancer du col de l’utérus fait débat en France, où des patientes ont déjà saisi des commissions régionales d’indemnisation des accidents médicaux, pour des effets secondaires liés selon elles au Gardasil, lancé en 2006. Au-delà du Gardasil, note l’avocat, «il y a de plus en plus conscience au sein du corps médical de la dangerosité d’un adjuvant (booster) présent dans presque tous les vaccins (y compris le Gardasil), le sel d’aluminium».

 

«Ce que Marie-Océane recherche par ce dépôt de plainte c’est une information : que chaque patient qui veut se vacciner ait conscience des risques», dit-il. De son côté, Sanofi Pasteur MSD a regretté dimanche «le discrédit» ainsi jeté sur le vaccin et la «perte de chance» que cela pourrait supposer pour les jeunes filles. Selon l’InVS (Institut national de veille sanitaire), moins d’un tiers des adolescentes françaises étaient en 2011 vaccinées contre le cancer du col de l’utérus, le 12e cancer le plus fréquent chez les femmes.

Marie-Océane a été vaccinée au Gardasil à 15 ans, comme quelque 2,3 millions d’adolescentes françaises ainsi traitées préventivement contre ce cancer touchant près de 3 000 personnes annuellement.

 

 

 


- Source : Libération

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