Covid – Marseille punie pour l’exemple ?
Les élus sont vent debout contre un quasi-reconfinement décidé à Paris, sans consultation des pouvoirs locaux, qui promet de tuer le tissu économique et social des Bouches-du-Rhône.
Mesures disproportionnées, infantilisation de la population et stratégie punitive ahurissante de l’État. Les annonces d’Olivier Véran face à la dégradation de la situation sanitaire ont du mal à passer à Marseille et à Aix, où les bars et les restaurants devront fermer dès samedi.
Les élus sont vent debout contre un quasi-reconfinement décidé à Paris, sans consultation des pouvoirs locaux, qui promet de tuer le tissu économique et social du département des Bouches-du-Rhône. À droite comme à gauche, des voix s’élèvent pour protester contre ce qui est vécu comme une punition, punition qui risque de se traduire en faillite et en chômage si elle devait se prolonger ad vitam eternam.
À Marseille, les élus en colère
Le maire de Marseille, Michèle Rubirola, s’est émue sur Twitter d’une décision prise sans concertation et promise à l’incompréhension des citoyens.
J'apprends avec étonnement et colère une décision pour laquelle la Mairie de Marseille n'a pas été consultée. Rien dans la situation sanitaire ne justifie cette annonce. Je n'accepte pas que les Marseillais soient victimes de décisions politiques que personne ne peut comprendre.
— Michèle Rubirola (@MicheleRubirola) September 23, 2020
Maryse Joissains, maire d’Aix-en-Provence, interrogée par BFM-TV, est plus cash : « il faut calmer les gens, ils font tout le contraire… Là on dérape, moi je dis : ferme-là Véran ! La haute administration est en train de devenir folle. »
Derrière les raisons sanitaires, on soupçonne des arrière-pensées politiques. Le monde médical qui a l’oreille du pouvoir n’est-il pas en train de mettre la pression pour éviter l’engorgement des hôpitaux ? Marseille serait-elle victime de règlements de compte entre bureaucrates et politiciens parisiens ? Ne voudrait-on pas faire de la ville un exemple ?
Après tout, la cité phocéenne a été le centre de l’attention médiatique pendant plusieurs mois grâce au controversé professeur Didier Raoult. Pour le meilleur et pour le pire, le médecin est devenu aux yeux du grand public le symbole de la défiance envers le centralisme politico-hospitalier constitué au sommet de l’État.
???? Marseille, 24 Septembre: “Je suis affligé. Je ne sais pas par qui @olivierveran est entouré, je ne sais pas s’il travaille les chiffres!” (Pr Parola -Cnews) @MartineWonner @EmmanuelMacron @andrebercoff #Raoult #Marseille #COVID19france #COVID19 pic.twitter.com/1g229cheD6
— Biobiobiobio (@biobiobiobior) September 24, 2020
Punir Marseille, c’est aussi montrer au reste du pays que les prises de position du professeur, le fameux « protocole Raoult », se sont révélées inutiles pour endiguer le « rebond » du virus. La rumeur s’amplifie sur les réseaux sociaux et dans les groupes de discussion, elle s’insinue dans les esprits sans bien sûr pouvoir être vérifiée. Le choix bureaucratique de punir et de ne pas communiquer se traduit aussi par davantage de défiance à la base.
Punition pour Raoult. Ruine pour la restauration. Il va falloir bouger, les gars. Trop, c'est trop. https://t.co/156badTWES
— ariane walter (@ArianeWalter) September 23, 2020
Des indicateurs qui brouillent les cartes
Et puis sur le plan sanitaire, Marseille, ce n’est pas Paris, qui elle, échappe au reconfinement autoritaire.
Comme le rappelle Le Monde :
« Le taux d’incidence du virus à Paris est remonté en flèche et atteint désormais 204 cas pour 100 000 habitants, selon le ministère, soit davantage qu’à Lyon ou Marseille. « Le système de santé francilien est désormais fortement mis en tension », a assuré M. Véran. « Le nombre de patients hospitalisés au sein de la région est en augmentation très rapide. On comptabilise près de 1000 hospitalisations pour coronavirus sur les sept derniers jours, contre 460 la semaine précédente. Un doublement », a-t-il insisté ».
Car évidemment, placer en "rouge écarlate" la région PACA qui affiche l'un des taux de mortalité les plus bas de France, cela revient à inférer que Raoult est impliqué dans une situation de "catastrophe sanitaire" qu'il n'a su ni prévoir, ni prévenir.
— phil.bechade (@pittbull_grrr) September 23, 2020
Il est trop nul ce Raoult !
Mais sans doute n’avons-nous pas compris les indicateurs proposés par les pouvoirs publics, qui se complexifient de jour en jour pour atteindre des sommets d’opacité, virant du rouge au « rouge écarlate ». Seuls les experts et les bureaucrates ont le temps, l’énergie et la disponibilité d’en comprendre les subtilités.
#Direct le gouvernement annonce une nouvelle carte avec des zones rouge, zones écarlate, zones super rouge, zones extra méga rouge, zones c'est vraiment très très rouge, zones rouge de ouf, zones rouge façon flammes de Snap.
— Le Gorafi (@le_gorafi) September 23, 2020
Pour les autres, il devient un peu difficile de savoir pourquoi les écoles peuvent ouvrir mais pas les bars et les restaurants, enfin pas partout et tout le temps, même si les indicateurs sont comparables à différents endroits sur le territoire national.
Il devient aussi difficile de comprendre pourquoi le gouvernement dépense 100 milliards pour arroser certaines entreprises et administrations triées sur le volet, pourquoi Bruno Le Maire nous invite à dépenser notre épargne en dépensant et en « nous faisant plaisir » (sic) alors que les mesures des préfets partout en France sont en train d’organiser la récession au nom du sacro-saint risque zéro.
La politique de la peur et de la menace du reconfinement adoptée par des pouvoirs publics totalement paniqués et hors de contrôle risque d’infliger des dégâts humains, politiques et économiques bien supérieurs à ceux du covid au cours des prochains mois.
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- Source : Contrepoints