Le mauvais goût de Roger Waters selon le CRIF
Un cochon volant antisémite menace-t-il la France ? Au cœur du début de polémique, la personnalité assez extravagante de Roger Waters, le musicien britannique et ancien du groupe mythique Pink Floyd, qui doit passer en concert le 21 septembre au Stade de France,
Sur le site du Crif, son nouveau Président, Roger Cukierman, annonce vendredi qu’il a écrit à Manuel Valls et Aurélie Filippetti, les ministres de l’Intérieur et de la Culture, « pour attirer leur attention sur le concert de Roger Waters du 21 septembre 2013 au Stade de France et les risques que certains passages puissent être interprétés comme une provocation raciste et antisémite ».
Une annonce faite sans autre détail qu’une photo tirée d’un concert récent de Roger Waters où l’on voit un animal, un phacochère plutôt qu’un cochon, affublé d’une étoile de David.
Pour aggraver son cas, Roger Waters décore sa scène avec des bannières et un logo composé de deux marteaux entrecroisés, pouvant laisser penser à des symboles nazis...
« J’ai des amis juifs »
En fait, la polémique n’est pas nouvelle. Elle a deux sources :
- les appels de Roger Waters au boycott culturel d’Israël dans le cadre de la campagne Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) contre l’Etat hébreu ;
- l’étoile de David et la mise en scène de son concert qui lui ont valu l’accusation infamante d’antisémitisme dans certains médias américains et sur le chemin de ses tournées.
La vidéo d’un des concerts de Roger Waters sert de « pièce à conviction ». La vidéo figure au dessus de cet article. Il s'agit de la scène d’un concert de Roger Waters, en Belgique le 18 juillet, vidéo brandie par le Centre Simon-Wiesenthal pour confirmer le caractère "antisémtite" du facochère.
Roger Waters a répondu sur sa page Facebook le 1er août dernier, dans une lettre ouverte à un rabbin américain qui l’avait traité de « jew hater » (« qui hait les juifs »). Il avance toute une série d’arguments en défense, dont le maladroit « j’ai des amis juifs » (en l’occurrence le fils de Simon Wiesenthal, le chasseur de nazis, alors que c’est le Centre Simon-Wiesenthal qui fait campagne contre lui...).
Un crucifix, un croissant, le logo de Shell...
Mais surtout, le musicien fait valoir que sur son animal volant, il n’y a pas que l’étoile de David, mais aussi un crucifix, un croissant et une étoile, une faucille et un marteau, le logo de la compagnie pétrolière Shell, celui de McDonald’s, le symbole du dollar et l’emblème de Mercedes...
En clair, les symboles de toutes les croyances, idéologies ou pouvoirs de ce bas monde qu’il combat depuis des décennies.
Ensuite, Roger Waters rappelle que son propre père est mort en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale en combattant les nazis sous l’uniforme britannique, et que ses petits-enfants sont juifs puisque sa belle-fille est juive...
Et il répond spécifiquement sur son rapport à Israël :
« Que vous l’aimiez ou pas, l’étoile de David représente Israël et sa politique, et est donc légitimement soumis à toute forme de protestation non violente. Protester de manière pacifique contre la politique intérieure et étrangère raciste d’Israël N’EST PAS ANTISEMITE [les lettres capitales sont de lui, ndlr].
Votre affirmation selon laquelle le fait que je condamne les politiques du gouvernement israélien, me place automatiquement dans le même sac que les Frères musulmans est risible et insultante. J’ai consacré l’ensemble de ma vie d’adulte à préconiser la séparation de l’Eglise et de l’Etat. »
« La Ferme des animaux » d’Orwell
L’affaire se complique dès qu’on plonge dans les racines de Roger Waters et des Pink Floyd. Mon voisin de bureau, Pascal Riché, se souvient d’avoir assisté il y a fort longtemps à un concert des Pink Floyd avec des cochons volants...
Dans l’esprit de Roger Waters, les cochons, inspirés par « La Ferme des animaux » d’Orwell, sont une métaphore de notre société.
Les cochons des Pink Floyd ont même droit à leur fiche Wikipédia ! On peut y lire que Roger Waters a gardé le symbole du cochon après avoir quitté les Pink Floyds, adaptant les messages selon les pays :
« Selon les pays où passait Waters, les messages changeaient : lors de son concert à Paris, le 3 mai 2007, on pouvait lire “ quels enculés ” sur l’arrière-train de l’animal, et le nom de Le Pen sur sa patte arrière-gauche. »
« La folie politique de Pink »
Idem pour le symbole des deux marteaux entrecroisés. Wikipédia nous informe :
- Source : Rue 89