Au temps des Jardins ouvriers
C'est à la fin du XIXe siècle que l'abbé Jules Lemire, originaire d'Hazebrouck, lance les jardins ouvriers en France. Il y en aura jusqu'à 32.000 dans la seule ville de Roubaix ! L'atelier mémoire des quartiers sud a planché sur le sujet et lance un appel aux souvenirs...
L'abbé Lemire fonde en 1896 la Ligue française du Coin de Terre et du Foyer, dont est issue la Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs. Il en est persuadé : « Les jardins ouvriers professent une vocation sociale et défendent un certain ordre social : s'ils permettent aux ouvriers d'échapper à leur taudis en profitant d'un air plus respirable, ils les éloignent aussi des cabarets et encouragent les activités familiales ».
Une conférence sur les jardins ouvriers est donnée à Roubaix en 1898 par l'abbé Lemire, qui entraîne rapidement les premières initiatives. L'abbé Beuscart lance la première opération des jardins ouvriers, que l'abbé Podvin poursuivra en fondant ceux de l'Institut populaire de l'Epeule en 1902. Charles Droulers, industriel et poète, préside les Jardins Populaires fondés en 1906. Il sera le secrétaire rapporteur des congrès d'après-guerre de la Ligue du coin de terre et du foyer. Une autre oeuvre, les jardins du Progrès, est fondée en 1909.
En 1918, 65m² par habitant En février 1918, les autorités allemandes annoncent leur intention de répartir les terres incultes entre les habitants à raison de 65 m² par tête.
Les moteurs de l'opération furent MM. Watine, Watremez et Carissimo. Au lancement de l'opération il y eut plus de 30.000 demandes. Le congrès de 1920 de la Ligue donne le chiffre record de 32.000 jardins ouvriers à Roubaix, soit près des deux tiers des jardins ouvriers en France ! Roubaix est alors une ville de 120.000 habitants dont près de la moitié a été mobilisée, déportée, emprisonnée.
Après la guerre, les congrès de la Ligue permettent de situer les jardins : neuf sociétés, dont les trois premières citées, rejointes par les Jardins pour tous, le Coin de terre roubaisien, les Potagers Populaires, les Jardins de la Sainte famille, les Jardins Beaurepaire, les Jardins Cordonnier, les Jardin de la rue d'Hem. La fédération des jardins ouvriers est organisée sous la direction de Louis Watine, très actif avec la Croix Rouge pendant la guerre. Elle regroupe alors 1500 jardins.
Un concours des années trente fait apparaître une trentaine de sociétés de jardins ouvriers de Roubaix, Wattrelos et Hem, dont certains portent le nom de l'entreprise propriétaire des terrains : Carissimo, Motte-Bossut, Allart-Rousseau, Leroux, Cavrois-Mahieu, Pennel et Flipo. D'autres portent le nom du lieu où ils se trouvent : Sartel, Constantine, Chemin neuf, Espierre. En 1935, le 23 avril, la municipalité socialiste roubaisienne crée des jardins ouvriers dans les secteurs du Nouveau Roubaix et des Trois Ponts, une fédération se crée et Théo Vanovermeir en est le premier président. De nos jours, on parle plutôt de jardins familiaux à l'image des jardins de la Potennerie gérés par le comité de quartier.
L'atelier mémoire des quartiers sud a commencé un travail d'inventaire de ces jardins afin de restituer la mémoire de leur fonctionnement. Cette restitution sera une partie importante de la contribution des ateliers mémoire au projet de création des jardins partagés porté par l'Adep (Association pour le développement de l'éducation permanente rue Léon Marlot).w On peut apporter des témoignages sur les blogs des ateliers mémoires http://atemem.univ-lille1.fr, ou en contactant Gérard Vanspeybroeck en mairie de quartier sud.
- Source : Nordéclair