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Dimanche, 22 Déc. 2024

Vers la fin du monopole Droite/Gauche en France ?

Auteur : Alexandre Latsa via radio La Voix de la Russie | Editeur : Stanislas | Jeudi, 27 Juin 2013 - 22h29

Mon dernier texte m’a valu une question intéressante d’un lecteur (Fréderic) me demandant en quoi un bloc patriotique et souverainiste serait a même de séduire l’électorat français d’aujourd’hui.

La réponse a été en quelque sorte apportée ce jour par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui a accusé « les souverainistes de gauche et d'extrême droite de tenir le même discours ». La phrase est intervenue au cœur d’une polémique entre le gouvernement français et la Commission européenne, Arnaud Montebourg accusant Bruxelles de faire finalement involontairement (?) monter l’extrême droite en France.

La phrase de José Manuel Barroso répond en fait parfaitement à la question de Fréderic. Les enjeux ne se situent pas sur l’échelle linéaire allant de la droite à la gauche mais se sont bien déplacés ailleurs.

Historiquement et traditionnellement, il est vrai que gauche et droite s’opposaient sur presque tout. La gauche se voulait plutôt vecteur de progrès et de modernité, tandis que la droite représentait quant à elle plutôt la défense des valeurs et des traditions. Sociologiquement, la classe socio-économique supérieure avait intérêt à préserver une situation qui lui était de facto favorable, tandis que la classe socio-économique basse souhaitait évidemment des changements pour améliorer sa situation.

Le XXIe siècle verra la composante la plus libérale et la plus libertaire (sur le plan sociétal notamment) de la Gauche définitivement s’imposer sur la Gauche authentique et socialiste, hostile au capitalisme, et qui a elle donné naissance aux divers régimes autoritaires de gauche que la planète a connu, dont l’URSS. En France, mai 1968 a sans doute symbolisé ce grand tournant historique, traduisant le basculement moral du pays via la prise de pouvoir de cette gauche libérale-libertaire. Une prise de pouvoir confirmée politiquement par l’élection de 1981, marquant également la mort politique du parti communiste et la naissance de la gauche sociale-libérale.

Mais les processus qui ont entrainé le départ du Général de Gaulle ont aussi structurellement modifié la droite française. Celle-ci, traditionnellement monarchiste, puis conservatrice, a difficilement émergé comme souverainiste, sous la période Gaullienne, mais en brandissant l’étendard du capitalisme, soi-disant menacé par le péril rouge. La chute de l’URSS laissera la droite française sans idées autres que de calquer le développement économique, politique et moral de la France sur le modèle américain. Les processus d’intégration européenne qui se sont accentués à la fin du siècle dernier ont quant à eux vu la prise de pouvoir des réseaux atlantistes et la droite dite de gouvernement extraire de son sein toute tendance souverainiste, jugée comme inadaptée au nouveau monde, ouvert et marchand.

Cette conception Sorosienne a été également reprise par la gauche de gouvernement française (dite socialiste), qui s’est elle aussi définitivement soumise a l’économisme dominant et aux volontés dictatoriales du « Marché ». Alors que nous entrions dans le XXIe siècle, l’oligarchie française était donc d’accord sur presque tout, de l’Europe à l’Otan mais surtout la nécessaire extension de la matrice Occidentale et de son système d’exploitation libéral, et par conséquent la destruction des entités et des référents primordiaux (à l’origine) pour ces deux courants de pensée politique que sont la gauche et la droite, a savoir le peuple et la nation.

La droite et la gauche ne portent aujourd’hui définitivement plus de projets de sociétés différents, et par conséquent l’alternative que ces blocs proposent est désormais purement sémantique, voire technique. Les involutions économiques, sociétales ou politiques que le pays connaît sont cautionnées de façon quasi-identique par les partis dits « de gouvernement », de droite comme de gauche.

Ce nouveau système de parti unique de gouvernance, maquillé par de factices alternances, n’est plus viable aujourd’hui que grâce à la totale complicité (entre elles) des élites de droite comme de gauche et via le maintien de ce grand mensonge martelé de façon quasi totalitaire par ce que l’on peut appeler le premier pouvoir: les médias.

Ce binôme oligarchique et totalitaire « politique-média » vit cependant sans aucun doute ses dernières années. Pour Michel Geoffroy: « La crise devrait avoir comme conséquence directe l’émergence de nouveaux souverainismes, religieux, ethnoculturels, moraux…. Autant de ferments d’une Nouvelle Alternative qui, quand l’occasion se présentera, emportera tout ».


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