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L'émir du Qatar passe officiellement la main : un nouveau prince pour une nouvelle politique américaine

Auteur : R. Mahmoudi via Algérie Patriotique | Editeur : Stanislas | Mercredi, 26 Juin 2013 - 00h41

Annoncée en grande pompe, la passation de témoin au palais princier ne s’est pas déroulée sans susciter des interrogations et de profondes suspicions sur l’avenir de l’émirat, et ses relations régionales et internationales. Ce moment, retransmis en direct par toutes les télévisions du monde, a été décrit comme un «exemple de changement» dans la région arabe, alors qu’il ne s’agit que d’une transmission héréditaire du pouvoir, dans la pure tradition des monarchies traditionnelles.

Ceci au moment même où ces monarques ne cessent de stigmatiser les régimes arabes nationalistes qu’ils accusent de despotisme et d’ostracisme. Il est curieux de relever qu’aucun des médias ou des politiques de la bien-pensance, arabes ou occidentaux, n’a rappelé cette réalité à cette occasion, pourtant propice pour lancer le débat sur la démocratie dans les monarchies pétrolières du Golfe.

Tous se focalisent sur la politique que l’héritier du trône va imprimer à son pays et au traitement qu’il devrait adopter pour l’actualité immédiate qui l’attend, surtout la crise syrienne dans laquelle Doha est ouvertement impliqué, étant le principal bailleur de fonds des groupes armés.

Tous savent que l’avenir des nouveaux régimes nés du «printemps arabe» dépend en partie de la présence et du soutien du Qatar, sachant que c’est grâce aux aides financières de l’émirat que l’Egypte et la Tunisie, par exemple, n’ont pas encore sombré dans la faillite. Par ailleurs, ce changement précipité au Qatar cristallise toute l’ambiguïté et la complexité de la situation actuelle dans la région, que reflètent notamment les fluctuations qui caractérisent les positions des Etats-Unis, principal protecteur du Qatar.

Il est illustratif de remarquer que la cérémonie de transmission s’est déroulée le jour même où Washington entamait des négociations avec les taliban, à Doha même, pour tenter de trouver un compromis avec le pouvoir installé par les Américains à Kaboul, suite à l’invasion du pays en 2002. Aussi, ce moment intervient dans une conjoncture où les Etats-Unis optent pour un rééquilibrage de leur politique dans la région du «Grand Moyen-Orient» : soutien de la guerre au Mali, au grand dam de Doha, et soutien d’une solution politique et négociée en Syrie, susceptible de réparer l’échec sanglant de la sous-traitance qatarie.

Doha doit-il anticiper ou accompagner ce qui s’apparente à une nouvelle politique américaine dans la région ? Telle est la question qui va déterminer la nouvelle mission qui échoit au prince Tamim, qui, derrière ses apparats de prince occidentalisé, s’avère être encore plus «radical» dans ses positions idéologiques favorables à l’islamisme et à la confrérie des Frères musulmans.

Auquel cas, il ne faudrait s’attendre qu’à plus de chaos et davantage de malheurs pour les Arabes.


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