Qui protège Emile Louis ?
De 1977 à 1979, sept jeunes filles ont disparu à Auxerre. Dès le début, un gendarme a soupçonné le chauffeur Emile Louis. Mais la justice ne l'a jamais autorisé à poursuivre son enquête. Quel réseau a agi dans l'ombre?
Depuis quelques semaines, Jean-Pierre Soisson, qui fut maire d'Auxerre durant plus de vingt-cinq ans, en a presque perdu son allant légendaire. «L'histoire Emile Louis est un drame pour notre ville. Depuis la fin des années 70, je travaille avec Guy Roux pour donner une image sympa et dynamique de la région. C'est réussi... Dans l'esprit des gens, Auxerre, aujourd'hui, c'est le musée des horreurs!» Tout remonte donc à 1979. Cette année-là, la France découvre l'existence d'un coin de province éternelle au coeur de la Bourgogne paisible et prospère. Auxerre, ses maisons à colombages, ses vignes et son équipe de foot. Le club amateur de Guy Roux sort du néant pour disputer la finale de la Coupe de France face au grand FC Nantes. C'est le début de la légende pour l'entraîneur au bonnet bleu dont la personnalité enthousiaste et débonnaire incarnera désormais l'emblème en trompe-l'?il d'une ville qui se recroqueville sur ses lourds secrets. A la même époque, en l'espace de deux ans, sept jeunes filles de l'Assistance publique ont, en effet, été violées puis tuées dans l'indifférence générale et le silence criminel des institutions. Suivront vingt ans de laxisme administratif et de sommeil judiciaire entrecoupés de quelques cauchemars vite réprimés. «Il y a quatre ou cinq ans, l'histoire de ces pauvres disparues m'est revenue aux oreilles, se souvient Jean-Pierre Soisson. J'en ai parlé au procureur Cazals. Il m'a répondu qu'il n'y avait pas de quoi s'alarmer. Que le dossier était vide. Que c'était du roman.»
Du roman noir, alors. Elles s'appelaient Christine, Jacqueline, Chantal, Madeleine, Françoise, Bernadette et Martine. Sur les photos d'identité, les visages sont flous, les sourires timides. Que sait-on d'elles? Elles sont un peu simplettes et n'ont pas 20 ans. Le jour, elles apprennent des rudiments de vie à l'institut médico-éducatif (IME) d'Auxerre. Le soir, elles rejoignent leurs familles nourricières. Une vie de misère salie par les ragots. En ville, on les dit frivoles, faciles à convaincre, prêtes à suivre le premier venu. «Des jeunes filles nubiles avec un cerveau d'enfant», résume un éducateur spécialisé. L'une d'elles se fait prescrire la pilule dès 14 ans, l'amant d'une autre lui tond la tête un soir de beuverie. Mais à qui confier leur plongée aux enfers? Elles ont à peine connu leurs parents - mères sans ressources ou prostituées, pères alcooliques ou vagabonds. Et leurs familles d'accueil, souvent, ne valent guère mieux. Par tradition, depuis plus d'un siècle, les «nourrices de l'Yonne» recueillent les enfant abandonnés des régions industrielles. Ici, comme dans la Nièvre voisine, les pensions mensuelles rétribuant la garde des orphelins sont très courues dans les foyers déshérités. Au sein de ces familles, il n'est pas rare que six ou sept enfants de la Ddass s'entassent dans la même chambre. Quand les jeunes filles se volatiliseront, l'une après l'autre, de 1977 à 1979, une seule de ces nourrices s'en inquiétera et publiera un avis de recherche dans la presse locale: «Si quelqu'un retient Madeleine, il est prié de lui laisser écrire une lettre de sa propre main.» Ce n'est rien, mais c'est déjà beaucoup face au mépris des autorités et à la conspiration du silence qui se referme aussitôt sur le sort des sept disparues. Du côté de l'IME, le dossier de chaque pensionnaire est barré de la mention «en fugue», pour toute épitaphe. Et, à la Ddass, personne ne se soucie que la région d'Auxerre tourne au triangle des Bermudes. Aucun signalement n'est effectué à la gendarmerie. Aucune recherche n'est entreprise. Rien que le mépris. Rien qu'une invraisemblable cécité. Dans l'Yonne, c'est sûr, on enterre les affaires encore plus vite que les cadavres.
«Une succession de négligences»Il faudra vingt ans et la ténacité exceptionnelle d'un homme pour exhumer ce scandale que les pouvoirs publics et la «nomenklatura» auxerroise voulaient ignorer. Il se nomme Christian Jambert. C'est un gendarme. Du genre obstiné. En 1981, il est chargé de l'enquête sur le meurtre de Sylviane Lesage, 23 ans, dont le corps a été découvert dans un abri à bestiaux de Rouvray, près d'Auxerre. La victime est la maîtresse d'Emile Louis, un quinquagénaire fruste et jovial, chauffeur de car à l'Association pour l'aide aux adultes et jeunes handicapés (Apajh), qui gère huit centres d'accueil dans le département. Très vite, les soupçons de Jambert se portent sur cet homme. Sa compagne de l'époque héberge trois fillettes de la Ddass, qui se plaignent régulièrement: monsieur Emile leur fait faire «de drôles de choses». Inculpé, puis écroué, monsieur Emile admet les attouchements sur les gamines mais nie le meurtre de Sylviane Lesage. Condamné en janvier 1983 à cinq ans de prison, il voit sa peine ramenée, en appel, à quatre ans. Mais Jambert, lui, ne revoit pas ses tarifs à la baisse. Persuadé de la culpabilité d'Emile Louis, il continue son enquête. Fouille les archives de l'Apajh. Et découvre, au hasard de ses investigations, l'existence des sept «fugueuses» tombées dans l'oubli. Toutes fréquentaient Emile Louis et lui vouaient une confiance sans bornes. Toutes ont été aperçues près de lui quelques heures avant leur disparition. En 1984, le gendarme adresse son rapport au parquet d'Auxerre. Tout y est. Tout sauf les aveux d'Emile Louis. Jambert réclame un complément d'enquête. La demande reviendra barrée d'un «non» définitif dont tous les magistrats de l'époque se rejettent aujourd'hui mutuellement la responsabilité. Durant plusieurs années le gendarme Jambert, meurtri, brisé, tentera d'établir de façon formelle la culpabilité d'Emile Louis. En août 1997, en pleine dépression, il se suicide d'une balle dans la tête. Peu de temps avant sa mort, il confiera à propos de l'unique objet de ses tourments: «Il était démoniaque, ce bonhomme. Pendant les interrogatoires, il avait une manière de répondre... Il était sûr de lui. Tout ça le faisait rire et il clamait haut et fort qu'il avait des relations.»
Des relations. Le mot qui fait peur. Le venin qui continue d'empoisonner toute cette affaire, trois mois après les aveux bien tardifs d'un grand-père aux humeurs imprévisibles. Des relations. Le soupçon mine chaque ligne du rapport accablant de l'Inspection des services judiciaires (ISJ) commandé par la garde des Sceaux, Marylise Lebranchu, au lendemain de cet embarrassant coup de théâtre. En 24 pages, les enquêteurs pointent la «succession de négligences», le «manque de rigueur» et la «passivité surprenante du parquet d'Auxerre» qui ont émaillé ce feuilleton judiciaire. Deux procureurs de la République sont directement incriminés. Le premier, René Meyer, en poste de 1979 à 1986, est désigné comme le magistrat qui a relégué aux oubliettes le travail d'orfèvre du gendarme Jambert. Au second, Jacques Cazals, en poste de 1992 à 1999, l'ISJ reproche d'avoir mis beaucoup de mauvaise volonté à ouvrir une information judiciaire lors du dépôt de plainte avec constitution de partie civile de l'Association de défense des handicapés de l'Yonne (Adhy), en 1996. Une question reste sans réponse: pourquoi, le 14 décembre 2000, après avoir tenu pendant vingt ans, Emile Louis a-t-il craqué, contre toute attente? «On l'entend une dernière fois et on arrête cette comédie», avait même ordonné un magistrat peu enthousiaste - encore un - au juge Lewandowski à la veille de cette ultime garde à vue.
Certes, depuis la réouverture du dossier, sur décision de la cour d'appel de Paris, en 1997, les gendarmes n'ont pas chômé. Près de 1 300 procès-verbaux ont été rédigés, plusieurs dizaines de témoins retrouvés: un travail de titan, comme un hommage posthume à leur collègue désavoué. Mais pas de quoi déstabiliser ce grognard de 67 ans vers qui tous les soupçons convergeaient mais qui, deux jours avant son interpellation, fanfaronnait encore dans Le Parisien: «Ils n'ont aucune preuve contre moi. Pas de cadavre: pas de coupable!» Pourquoi cette étrange confession - «J'étais possédé par le démon, la pleine lune, la bestiole qui était en moi» - un torrent d'incantations mystiques dépourvu du moindre détail sur le mode opératoire des sept meurtres? Et pourquoi, le mois dernier, alors que deux cadavres en voie d'identification avaient été retrouvés, sur ses indications, dans la campagne auxerroise, Emile Louis est-il partiellement revenu sur ses aveux? Il a multiplié les sous-entendus, pour le moins encombrants dans une région qu'une vieille rumeur veut friande en «ballets bleus», sur de mystérieux réseaux de prostitution et argué d'une chaîne de complicités qui impliquerait «beaucoup de monde». Croyait-il, comme beaucoup, que les assassinats des sept jeunes filles étaient couverts par la prescription (la question reste toujours en suspens)? Est-il un pervers solitaire, un serial killer à la française, ou son premier métier de fossoyeur en avait-il fait l'exécuteur des basses oeuvres au sein d'un monde d'ombre, de sexe et de sang? En 1996, alors que l'Adhy tentait, dans l'émission Perdu de vue, sur TF 1, de redonner un nom et une histoire aux disparues de la Ddass, le frère de l'une d'elles, Jean-Pierre Weiss, reçoit un coup de fil de l'ex-épouse d'Emile Louis. «Vous savez, lui dit-elle, Emile est venu me voir récemment. Il connaissait bien votre soeur. On a parlé de toute cette histoire. Quand je lui ai demandé s'il y était pour quelque chose, il a fondu en larmes et m'a répondu qu'il ne pouvait rien dire. Parce qu'on le menaçait...»
Un couple d'amis fidèles et influentsA la fin des années 70, en guise de «relations», Emile Louis ne compte guère d'amis parmi le gratin auxerrois. Mais ceux-là sont fidèles. Et influents. Pierre et Nicole Charrier dirigent d'une main de fer l'Apajh. Ce n'est pas n'importe quoi, l'Apajh, à Auxerre. «C'est même un lobby très puissant», admet Jean-Pierre Soisson. Avec 80 millions de francs de budget et 350 employés, l'association est le deuxième employeur de la ville. Le genre d'argument qui ne donne pas aux autorités concernées l'envie d'aller y regarder de plus près. Dommage, car il s'en est passé de belles, ces trente dernières années. Quand Pierre Charrier scelle le sort de ses sept pensionnaires assassinées de la mention «en fugue», son épouse, elle, expérimente des méthodes révolutionnaires auprès des jeunes handicapés. «Un jour, je l'ai vue montrer ses seins à une jeune trisomique qui n'avait même pas la parole, se souvient Bernadette Petitcollot, une ancienne éducatrice du foyer Guette-Soleil. La petite s'est mise à hurler. Alors Nicole Charrier a baissé son pantalon pour lui montrer ses fesses.» Tout est prétexte aux plaisanteries salaces et aux propos scabreux. A table, Nicole Charrier fait raconter aux gamines handicapées leurs expériences intimes et livre, à la cantonade, ses petits soucis gynécologiques ou la robustesse de son appétit sexuel. «A plusieurs reprises, je l'ai entendue claironner devant tout le monde, y compris Pierre Charrier, qu'elle avait dû prendre un amant parce son mari ne bandait plus», raconte Serge Lange. Cet ancien administrateur de l'Apajh a fait des démarches auprès du préfet de l'Yonne. Elles sont restées vaines. Tout comme le courrier de dénonciation adressé par Bernadette Petitcollot aux autorités judiciaires pour signaler une fellation dont avait été victime un déficient mental au foyer Guette-Soleil est resté lettre morte. La seule chose avec laquelle on ne plaisante pas, finalement, chez les Charrier, c'est l'honneur d'Emile Louis.
Le 12 février 1982, alors que le chauffeur de car de l'Apajh est mis en examen pour «attentat à la pudeur» sur les trois fillettes placées chez sa compagne, Nicole Charrier se porte témoin de moralité. «M. Louis se montre très près, compréhensif, voire même éducatif et éducateur dans ses contacts avec nos adolescents, écrit-elle au juge d'instruction. Vécu comme un père, parfois un grand frère à qui l'on peut tout dire, il permettait les cigarettes à 14, 15 ans ou les flirts. (...)» Bizarrement, le cas d'Emile Louis semble susciter beaucoup de sollicitude autour de lui. Pour le défendre, on réquisitionne un ténor du barreau parisien, Me Thierry Lévy. Interrogé pour savoir comment l'un des meilleurs avocats français avait atterri à Auxerre, dans ce dossier somme toute mineur, Me Thierry Lévy n'a pas souhaité nous répondre.
Et la drôle de vie continue dans les foyers d'accueil de l'Apajh. En octobre 1989, la pétulante Nicole est devenue conseillère municipale d'Auxerre, élue sur les listes de Jean-Pierre Soisson, quand son époux est surpris par une patrouille de police municipale en train de violer une handicapée mentale à l'arrière de sa voiture, tandis qu'un jeune garçon était assis à l'avant. La même séance se répétait depuis près d'un an. Le soir, le gamin essayait de consoler Nathalie «qui pleurait, pleurait...». Pierre Charrier risquait les assises: il sera condamné en correctionnelle à six ans de prison. «Et alors, quel rapport avec Emile Louis?» s'indignait, juste après l'arrestation de ce dernier, Georges Decuyper, 71 ans, qui, durant les années 90, a fini par prendre la place de Pierre Charrier dans le c?ur de Nicole et à la tête de l'Apajh. Le même qui, un an plus tôt, trouvait qu'on lui chauffait un peu trop les oreilles avec cette histoire de disparues: «Je crois savoir que la justice à Auxerre ne voit pas d'un très bon ?il le remue-ménage provoqué par l'Adhy, déclarait-il aux journalistes. Tout ça, c'est du cirque. On sait que ces jeunes filles ont quitté la région dans des conditions normales.»
Durant près de dix ans, avec le soutien tacite et réitéré des autorités, Georges Decuyper a combattu farouchement la poignée de parents de jeunes handicapés qui s'obstinaient à faire jaillir la vérité. Le 23 février dernier, sur la base d'un prérapport de l'Igas diligenté par la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, Elisabeth Guigou, à la suite des aveux d'Emile Louis, le préfet de l'Yonne ordonnait la fermeture administrative des huit établissements gérés par l'Apajh pour «des faits et des comportements d'une particulière gravité risquant de compromettre la santé et le bien-être physique des personnes qui y sont accueillies».
Il était temps, mais, à Auxerre, la chape de plomb se fendille à peine. Car une autre affaire laissant croire qu'une grande partie de la vérité a échappé à la justice - et définitivement, cette fois - resurgit à la lumière des multiples «dysfonctionnements» des pouvoirs publics qui ont émaillé le dossier Emile Louis et dont on peut se demander s'ils ne cachent pas de sombres manipulations. Le 20 janvier 1984, Huguette, 19 ans, arrive à l'hôpital d'Auxerre et explique qu'elle s'est échappée du sous-sol d'un pavillon d'Appoigny, un village des environs, où elle était séquestrée depuis trois mois. Une autre fille, Michaëla, y est encore enfermée. Huguette explique qu'elles ont été enchaînées nues sur des croix, battues, brûlées, violées et qu'on les nourrissait de pâtée pour chiens. Sur une ardoise accrochée à la porte de la salle des tortures, les tarifs étaient détaillés: 600 francs la brûlure sur les seins, 800 sur le clitoris. Le point commun avec l'affaire des disparues? Huguette et Michaëla étaient toutes deux pupilles de la Ddass, sorties des centres de l'Apajh. Mais ce n'est pas tout. Dans le pavillon, les policiers saisissent deux carnets d'adresses contenant la liste des adeptes, qui portaient une cagoule: une cinquantaine de fidèles, notables, fortunés, venus de toute la région, de Paris, de Lyon et même de Suisse. Ces carnets ne seront jamais exploités. Ils ont disparu lors de l'instruction. Seuls deux clients seront finalement mis en examen. Par hasard. Ils avaient eu le malheur d'arriver pour une séance alors que les policiers étaient en train de perquisitionner le pavillon. Ces deux PDG à la retraite n'assisteront jamais à leur procès. Tous les deux sont morts d'un infarctus au bout de dix-huit mois de détention préventive. Claude Dunand, le propriétaire du pavillon, lui, ne lâchera rien. Pas une piste. Pas un nom. Il admettra seulement avoir exercé son petit commerce depuis quinze ans.
Protections occultes et tambouille judiciairePersonne ne saura rien de l'identité ni du sort des jeunes filles qui avaient précédé Huguette et Michaëla. «Mais vu l'état, proche de la mort, de ces deux-là, il n'est pas difficile d'envisager le pire», souligne Me Jean-Yves Liénard, l'avocat de Dunand. Aux policiers Huguette expliquera que celui-ci les terrorisait en leur parlant de «l'organisation»: «Ce n'est pas moi qui donne les ordres, répétait-il. C'est l'organisation.» En 1991, Claude Dunand est condamné à la prison à perpétuité. Il est enfermé avec tous ses secrets à la centrale d'Ensisheim (Haut-Rhin). «Ce dossier reste un mystère absolu, précise Me Liénard. L'enquête était truffée de zones d'ombre. L'instruction, bâclée. Aujourd'hui, vous donnez la même affaire au juge Eva Joly: dans quinze jours, il y a déjà 30 personnes en prison.»
Emile Louis, comme d'autres donc, a-t-il bénéficié de multiples concours de circonstances ou d'occultes protections? «Dans l'affaire des disparues de l'Yonne, l'Etat est responsable», a déclaré Marylise Lebranchu au cours d'un spectaculaire acte de repentance, le 1er mars dernier. La ministre de la Justice a notamment saisi le Conseil supérieur de la magistrature pour «manquement à l'honneur» à l'encontre des magistrats défaillants du parquet d'Auxerre. C'est courageux. Mais pendant le grand ménage les affaires continuent.
Celle-ci n'est pas criminelle. C'est juste de la tambouille judiciaire. Mais, dans le climat actuel, tout le monde aurait pu s'en passer. Depuis un an, le nouveau procureur de la République d'Auxerre est une ancienne collaboratrice d'Henri Nallet au ministère de la Justice, Suzanne Le Quéau. Depuis quelques mois, ses relations exécrables avec le juge Lewandowski, chargé de l'instruction du dossier Emile Louis, sont un secret de polichinelle. Or c'est ce même juge qui, en juin 1999, avait mis en examen Henri Nallet pour «abus de biens sociaux» dans l'affaire du Crédit agricole de l'Yonne. Début février, la nouvelle est tombée: au printemps, le juge Lewandowski sera muté à Paris. Une semaine plus tard, on apprenait que la mise en examen d'Henri Nallet était annulée par la cour d'appel de Paris. Une coïncidence, bien sûr. En attendant, les membres de l'Adhy sont effondrés. «Le dossier judiciaire d'Emile Louis remplit une armoire entière, explique son président, Pierre Monnoir. Le départ du juge Lewandowski, qui connaît l'affaire depuis son commencement, est une calamité supplémentaire pour la suite de l'enquête...» Tout cela fait désordre, en effet. Mais tout cela, à Auxerre, fait tellement partie du paysage.
- Source : L'express