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Mardi, 30 Avr. 2024

Alstom, Lafarge, Publicis, Peugeot : le scandaleux laisser-faire sur le rachat de nos entreprises

Auteur : Laurent Pinsolle | Editeur : Walt | Lundi, 19 Mai 2014 - 13h57

Quel paradoxe ! Comme le notait François Lenglet sur RTL, la très libérale Grande-Bretagne a imposé à Pfizer une audition au Parlement sur son projet d’OPA sur Astra-Zeneca. Malgré l’annonce d’un décret, le fait qu’il ne gène pas General Electric souligne la mollesse de notre gouvernement.

Courage, laissons-faire !

Arnaud Montebourg est très bavard et n’a pas hésité à poser en marinière pour défendre le fabriqué en France (tout en parlant trop souvent, bien maladroitement de « made in France »). Mais sur le fond qu’a t-il fait de concret depuis deux ans à la tête de son ministère ? Pas grand chose en réalité. Son action se limite à encourager telle ou telle entreprise dans le grand Monopoly capitaliste du rachat d’entreprise. C’est ainsi qu’une entreprise chinoise a pu mettre la main sur 14 % de PSA en bas de cycle, et donc à bon compte, ce qui devrait lui permettre de réaliser une grosse plus-value, outre le fait d’être devenue le 1er co-actionnaire d’une des 10 premiers constructeurs automobiles mondiaux.

De même, sur Alstom, il est révoltant de voir Montebourg s’agiter pour pousser son démantèlement par Siemens plutôt que par GE, comme si la nationalité de l’acheteur allait améliorer quoi que ce soit pour les salariés de l’entreprise et notre pays. Cela est d’autant plus rageant que les résultats de l’entreprise montrent qu’elle n’a pas forcément besoin d’alliance, et que si tel était néanmoins le cas, il faudrait investiguer des solutions plus franco-françaises, sans doute avec Areva. De même, le gouvernement laisse faire le rachat de SFR par une entreprise luxembourgeoise. Il a également laissé faire la fusion Publicis-Omnicom, avant que celle-ci n’échoue pour d’autres raisons.

Une autre politique possible

Bien sûr, beaucoup de commentateurs présentent les transactions multi-nationales comme une chose inévitable. Pourtant, comme le rappelle François Lenglet, il est toujours possible d’agir. De nombreux pays ne laissent pas faire le rachat d’entreprises nationales. Les Etats-Unis ou l’Allemagne ont bloqué des transactions qui leur déplaisaient (tout comme la France avec Danone). Et même la Grande-Bretagne, peu regardante jusqu’à peu (Mini racheté par BMW, Jaguar par Ford puis Tata), commence à changer de point de vue du fait du poids d’AstraZeneca dans son économie (près de 10% de la R&D privée du pays). Bref, la tendance de fond semble être à une plus grande protection.

Il est d’autant plus préoccupant de constater l’apathie du gouvernement que cela envoie le signal à de potentiels acheteurs que la France est en libre-service. En outre, certaines opérations de rachats peuvent être maquillées en fusion d’égaux. Pire, notre pays peut être une proie pour des prédateurs qui imaginent générer de grosses économies fiscales en déplaçant le siège de l’entreprise. Il est difficile de ne pas voir le poids d’un tel facteur dans le projet, heureusement avorté, de la fusion Publicis-Omnicom (dont le siège social devait être à Londres…) ou dans l’opération de rachat de Lafarge par le Suisse Holcim. Bref, toutes ces opérations pénalisent notre pays à un double niveau.

Le gouvernement, par la voix d’Arnaud Montebourg, s’agite en publiant un décret qui pourrait lui permettre d’intervenir. Mais s’il s’agit seulement de choisir qui sera celui qui pourra dévorer Alstom, comment cela semble être le cas, alors, il s’agira encore une fois d’une agitation totalement vaine.


- Source : Laurent Pinsolle

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