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Taxe Tobin, tellement bien qu’on en oublierait qu’elle ne vaut rien !

Auteur : Jordan Galienne | Editeur : Walt | Vendredi, 16 Mai 2014 - 23h17

S’opposer à la taxe sur les transactions financières (TTF), est-ce forcément s’exposer à une reductio ad hitlerum ? Doit-on nécessairement passer pour un suppôt du grand capital, petit tortionnaire des peuples, si l’on estime le mécanisme bancal ? Prenons le risque.

La taxe sur les transactions financières, on l’appelle aussi la taxe Tobin. Pourquoi ? Parce que celui qui l’a inventée s’appelait Tobin, James Tobin. C’était en 1972 et l’homme a été couronné du Nobel d’économie quelques années plus tard. Tobin, c’est bien simple, devait vouer un culte à Robin des Bois. N’ayant ni son adresse au tir à l’arc, ni l’envie de vivre dans une cabane perdue dans la forêt, l’homme imagine un mécanisme consistant à délester les riches autrement, en prélevant un pourcentage sur les transactions financières. Objectif multiple : contribuer à la régulation financière, apporter un coup de pouce au redressement des finances publiques, booster la solidarité internationale.

Difficile de s’opposer à une si belle idée sur le papier. Si difficile qu’après avoir pourtant prouvé son inanité en France, il est décidé qu’elle sera dupliquée à l’échelle de l’Union européenne, où 11 pays souhaitent mettre en place une coopération renforcée pour l’instaurer. L’opinion donne son approbation. 80 % des Européens y sont favorables. Tobin, avant sa mort, virera sa cuti, estimant finalement son idée pas si bonne, mais qu’importe, le projet est dans les tuyaux, l’UE tient l’instrument de sa vengeance à l’égard des financiers responsables de la crise, de la paupérisation, du chômage, de la carie de mon oncle.

Mais au fait, qu’a-t-elle de si détestable, cette taxe ? À peu près tout. On croirait une idée accouchée à la faveur d’une soirée arrosée entre étudiants marxistes, qui aurait pris corps à la suite d’un énorme malentendu. Ses failles sautent aux yeux. Sur des marchés financiers ouverts, flanquer de taxes les transactions de telle place financière, c’est mécaniquement entraîner un glissement de ces transactions vers telle autre non taxée. C’est ce qui s’est passé en Suède. Le pays a assisté à une réduction de 85 % de son volume de transactions après application de la TTF. Avant de sonner la retraite, exsangue.

Surtout, alors que la TTF est présentée partout comme un moyen de faire payer banquiers, traders et consorts, elle sera en fait supportée par le consommateur final de services financiers. Pour la bonne raison que les produits d’épargne (assurance-vie, livret A, etc.) sont adossés à des transactions financières, et qu’augmenter le coût de celles-ci ne se fera pas sans diminuer les rendements finaux dont jouissent les assurés.

Nous voici donc en présence d’un cadeau empoisonné, type boîte de Pandore, qu’au lieu d’exposer sous verre feuilleté au musée des fausses bonnes idées, on s’apprête à ouvrir aux quatre vents, malgré les réserves d’à peu près tous les économistes sérieux. Ne leur pardonnez pas, ils savent très bien ce qu’ils font.


- Source : Jordan Galienne

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