François Bayrou entre à Matignon : Moody’s dégrade la note de la France

Dans une annonce surprise survenue dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 décembre, l’agence de notation Moody’s a décidé de dégrader la note souveraine de la France d’un cran à Aa3 avec une perspective stable. Cette décision intervient le jour même de la nomination de François Bayrou en tant que nouveau Premier ministre. Cette dégradation fait suite à des avertissements antérieurs de l’agence, qui avait déjà assorti la note française Aa2 d’une perspective négative en octobre.

Les Raisons de la Dégradation

Moody’s avait prévenu dès le 4 décembre que la censure du gouvernement Barnier pourrait avoir un impact négatif sur la note de la France. L’agence estime qu’il est très peu probable que le prochain gouvernement réduise durablement les déficits budgétaires. Selon Moody’s, les finances publiques de la France seront considérablement plus faibles au cours des trois prochaines années par rapport à leur scénario de base d’octobre. Cette situation est due à une fragmentation politique qui empêche une consolidation budgétaire significative.

Éric Revel : «Cela reste une note élevée, mais c’est un signal fort donné à François Bayrou. Nous sommes dans une situation financière périlleuse», dans #LaMatinaleWE pic.twitter.com/ftux5eeVrH

— CNEWS (@CNEWS) December 14, 2024

Réactions du Gouvernement

Le ministre des finances démissionnaire, Antoine Armand, a réagi à cette dégradation en déclarant prendre acte de la nouvelle note. Il a souligné que Moody’s a mis en avant les récents développements parlementaires et l’incertitude actuelle sur l’amélioration des finances publiques. Malgré cette dégradation, Moody’s a accompagné la note de crédit de la France d’une perspective stable, reconnaissant les atouts considérables du pays en matière de crédit, notamment une économie importante, riche et diversifiée.

Prévisions Économiques et Déficit Public

Alors que le gouvernement Barnier prévoyait un déficit public de 6,1 % du PIB cette année et un retour sous la limite des 3 % tolérée par Bruxelles en 2029, Moody’s anticipe un déficit public stagnant à 6,3 % du PIB en 2025 et toujours à 5,2 % en 2027. La dette publique, quant à elle, passerait de 113,3 % du PIB en 2024 à environ 120 % en 2027. Moody’s observe que la capacité d’endettement de la France, longtemps considérée comme un atout, s’érode par rapport à ses pairs bénéficiant d’une note similaire.

Réponse de François Bayrou

François Bayrou, le nouveau Premier ministre, a affirmé connaître la difficulté de la situation. Lors de la passation de pouvoir avec Michel Barnier, il a rappelé avoir pris des risques politiques pour poser la question de la dette et des déficits. Bayrou a promis de ne rien cacher, de ne rien négliger et de ne rien laisser de côté face à cette situation héritée de décennies entières. Il considère la dette comme un problème à la fois financier et moral, soulignant le poids qu’elle fait peser sur les générations futures.

Comparaison avec d’Autres Agences de Notation

Avec cette dégradation, Moody’s rejoint ses concurrentes dans leur évaluation de la France. Standard & Poor’s classe la France au niveau AA− avec perspective stable, tandis que Fitch la classe au niveau AA− avec perspective négative. Ces notations reflètent encore une bonne, voire haute, qualité de crédit pour la France.