En flagrant délit de « conspirationnisme »
“L’anti-conspirationnisme promu par les médias dominants n’est pas neutre idéologiquement, ce qui détermine en partie le choix de ses cibles et priorités. Selon que vous serez puissant ou misérable… Il arrive aussi que ses experts, emportés par leurs a priori personnels et le consensus politico-médiatique du moment, abandonnent toute prudence et relaient eux-mêmes une théorie du complot et son cortège de fausses informations. Exemple avec Rudy Reichstadt et Tristan Mendès France, désormais complotologues de référence du service public.” Laurent Dauré*, 10 mars 2021
Pour les anti-conspirationnistes, toute personne professant des opinons divergentes du mantra officiel, est immédiatement cataloguée comme conspirationniste. Il aurait donc fallu avaliser le narratif présenté par les médias sur « les manifestations pacifiques en Syrie, sauvagement réprimées par le régime syrien », sur « la révolution du Maïdan en Ukraine », ou sur « le génocide au Kosovo perpétré par les Serbes », et la liste est longue.
Dès lors que vous donnez la parole à des témoins qui contredisent la version officielle, vous êtes désigné comme conspirationniste. Heureusement, les sites indépendants leur permettent de s’exprimer. C’est ainsi que leur voix arrive encore à se faire entendre, d’une partie de l’opinion publique.
Il nous a semblé intéressant de rapporter les observations du colonel Jacques Baud à propos de Conspiracy Watch, figurant dans son excellent livre publié sous le titre ”L’affaire Navalny, le conspirationnisme au service de la politique étrangère.” La force de l’ouvrage de Jacques Baud, ce sont ses analyses, basées uniquement sur l’information fournie par les services officiels, les médias occidentaux, y compris ceux qui sont financés par les gouvernements occidentaux et à leur service, les médias liés à l’opposition russe et ceux qui sont considérés comme agents de l’étranger par les autorités russes. En aucun cas, sur les informations des médias officiels russes ou financés par l’État russe. Nous n’allons pas revenir sur le portrait de Navalny. Les lecteurs intéressés peuvent consulter l’article concernant ce personnage(1).
Jacques Baud analyse en détail l’affaire du soi-disant empoisonnement de Navalny. Et c’est maintenant que les choses deviennent intéressantes. Après avoir examiné les différentes séquences de ce dossier, l’auteur conclut que, parmi toutes les explications possibles, « on a systématiquement choisi celles qui s’inséraient dans le narratif d’un empoisonnement du Novitchok, donc commandité par Vladimir Poutine ».
Ainsi, dès début septembre 2020, avant même que les laboratoires français, suédois et de l’OIAC aient commencé leurs analyses, Conspiracy Watch ”sait ” que Navalny a été empoisonné avec du Novitchok ”plutôt associé aux services secrets russes”, et qualifie de ”conspirationnisme” l’éventualité que l’empoisonnement puisse être le fait de la criminalité organisée.
C’est fort justement que Jacques Baud fait observer que « cette manière d’exclure toute explication alternative, d’affirmer un jugement à partir d’informations qui sont toutes de nature spéculative, d’ignorer certains faits et d’en relier d’autres avec une logique arbitraire correspond exactement à la définition du complotisme ». Il ajoute que ”les anti-conspirationnistes” deviennent …des ”conspirationnistes”(2).
En définitive, selon le dicton, « tel est pris qui croyait prendre », Conspiracy Watch finit par tomber elle-même dans ce qu’elle prétend dénoncer chez les autres(3).
Notes:
(1) Navalny : suite du feuilleton
(2) Jacques Baud, L’affaire Navalny, le complotisme au service de la politique étrangère,p.112
(3) Conspiracy Watch pris les doigts dans le pot de confiture
- Source : Arrêt sur Info (Suisse)
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