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Vendredi, 29 Mars 2024

Pourquoi les Occidentaux aiment tant l’Ukraine : GPA et « trafic de bébés »

Auteur : Edouard Husson | Editeur : Walt | Samedi, 24 Sept. 2022 - 18h03

Nous commençons une série article sur la réalité humaine et sociale de l'Ukraine. Dès avant la guerre, l'Occident progressiste avait fait du pays un lieu de mise en oeuvre de toutes ses dystopies. Aujourd'hui, nous parlons du recours à la GPA par des couples occidentaux profitant de la vulnérabilité financière de plusieurs centaines de femmes ukrainiennes chaque année.

 

 

Cynisme occidental

Il vaut la peine de regarder la vidéo ci-dessus. Son auteur attire l’attention sur l’une des réalités les moins reluisantes des relations entre l’Occident et l’Ukraine.: le recours à la Gestation Pour Autrui avec des femmes ukrainiennes et les trafics d’enfant qui se sont mis en place avec les années. 

On voit déjà poindre les objections: l’auteur de cette vidéo ne cache pas ses convictions chrétiennes. Et puis, allez sur son compte twitter, elle s’est opposée au pass sanitaire, c’est une “antivax”, une “complotiste”!

Pourtant, le sujet n’est pas nouveau. Peut-être aviez-vous remarqué ces reportages, au début de la guerre, où des femmes (ou des couples) ayant eu recours à la GPA , craignaient de ne pas pouvoir récupérer “leur bébé“.  On peut écouter leur discours émotionnel. On peut titrer comme le magazine “Elle” – “La GPA dans la tourmente”! On peut aussi réagir comme Le Figaro: 

“La guerre est si monstrueuse qu’elle jette à la face des hommes ce qu’ils supportent le moins du monde : la vérité. Ce week-end, contre toute attente, la gestation pour autrui a révélé son véritable visage. Celui d’un opportunisme commercial insensé satisfait par un égoïsme aveugle. Alors que le monde voit le peuple ukrainien résister contre l’envahisseur russe, que Kiev est assiégée par les chars, que des civils fuient ou s’enterrent dans des abris de fortune, deux femmes françaises bloquées en Ukraine et attendant la naissance d’enfants nés de GPA apparaissent, elles, tout sourire sur BFMTV et LCI. Leur «gros problème», selon leurs mots : «Toutes les administrations fonctionnent au ralenti, voir pas du tout», déclare l’une d’elles. Les deux femmes en appellent au gouvernement français pour être rapatriées avec «leur bébé», le plus vite possible. Les deux femmes pensent «à tous les Français, à toutes mamans et tous les papas qui sont eux en France et qui vont avoir leur naissance dans quelques jours (…) et qui ne pourront pas récupérer leur bébé». Alors même que l’armée russe sème la mort, ces deux Françaises pensent aux couples qui ne pourront pas récupérer l’enfant prévu. Indécence”.

Une nouvelle valeur de l’Occident: faire la guerre pour maintenir l’existence d’un pays où le corps des femmes est exploité sans vergogne. 

On peut même aller plus loin. La question n’est pas seulement liée à la guerre ni aux méchants Russes! C’est la GPA en elle-même qui n’est pas acceptable; parce qu’elle est marchandisation et instrumentalisation du corps de la femme. 

Et, si l’on regarde la réalité en face, alors que la GPA n’est pas (encore?) légalisée dans notre pays, des couples ont contourné la loi en allant se faire faire un bébé en Ukraine par une mère porteuse. 

Comme l’explique le Visegrad Post:

“Premier prestataire de GPA du pays, la société BioTexCom fait ouvertement la promotion de ses services et produits en France, comme sur le site mereporteuse.info, et les clients français peuvent sans obstacle faire retranscrire les certificats de naissance de leurs enfants nés d’une mère porteuse par l’ambassade de France à Kiev. Le coût de la procédure en Ukraine varie de 40 000 à 65 000 euros et est nettement moins élevé que le prix d’une GPA réalisée aux États-Unis qui varie entre 130 000 et 160 000 dollars, mais où la procédure est en revanche ouverte aux couples homosexuels et aux personnes non mariées. Une mère porteuse en Ukraine ne touche que 13 000 euros dont une grosse partie est payée après la remise de l’enfant entre les mains des acheteurs.

Dans les pays occidentaux, alors que la guerre continue de faire rage en Ukraine, la campagne pour familiariser la société avec la GPA ne faiblit pas, bien au contraire. Les articles sur le drame de la fertilité et sur ce grand geste d’altruisme que serait la gestation pour autrui se multiplient dans les médias dominants, le plus souvent d’obédience progressiste libérale. Comme au début de la crise sanitaire enclenchée par le Covid où les frontières restaient fermées et la récupération de l’enfant acheté était également impossible, les parents génétiques ou « d’intention », présentés comme victimes collatérales de la guerre menée par la Russie à son voisin slave, réclament ouvertement l’intervention des gouvernements pour leur permettre de finaliser la transaction, même lorsque la GPA reste théoriquement interdite dans leur pays d’origine. Personne ou presque ne se penche sur le destin des femmes devenus mères porteuses pour une seule raison : la pauvreté. Personne ne cherche à savoir ce qu’elles deviennent, surtout maintenaient, alors que des villes ukrainiennes sont sous les bombes. Personne ne se pose la question de savoir comment elles vivent leur séparation avec le bébé qu’elles ont porté dans leur ventre en sachant que sa vie est en danger. Pour les Ukrainiennes mères porteuses qui portaient encore le bébé dans leur ventre au moment où les hostilités ont éclaté, fuir vers l’ouest pour y accoucher n’est pas une option, car les pays à l’ouest de l’Ukraine ne reconnaissent pas la GPA et les mères porteuses deviendraient alors automatiquement les mères légales de ces enfants, leur contrat de GPA devenant nul et non avenu”.

On est là au coeur de la réalité européenne la plus sordide. Consciemment ou pas, les Occidentaux projettent en Ukraine toutes leurs dystopies. Le niveau de vie en Ukraine est si bas que certaines femmes ukrainiennes vendent leur corps à des couples occidentaux pour une GPA. 

L’Ukraine est aussi le pays de l’ex-Union Soviétique où les femmes ont été le plus atteintes par un phénomène de “traite” pour la prostitution à l’étranger après 1990: on estime que dans la première décennie d’indépendance du pays, 500 000 femmes ont été attirées hors du pays dans des filières de “traite des femmes”.  Aujourd’hui, un tiers des 100 000 femmes qui se prostituent dans le pays déclarent avoir besoin d’une deuxième source de revenu. La GPA obéit aux mêmes raisons alimentaires. Et ce qui est décrit ci-dessus de BioTexCom montre que l’exploitation des femmes est systématiquement organisée, qu’il s’agisse de “gestation pour autrui”, de prostitution, de pornographie ! 

La guerre ne fait qu’accentuer le phénomène. Avant que l’Ukraine ne sombre définitivement dans le chaos, elle appartenait à une “division internationale du travail” pensée par l’Occident progressiste, pour qui la marchandisation du corps des femmes n’est pas un problème. 

Quand on décide de se battre pour un pays, il vaut mieux savoir pour quoi on combat! Au lieu de couplets lyriques sur un “peuple en armes luttant pour sa souveraineté et sa liberté et défendant nos valeurs”, il vaudrait mieux reconnaître que nos gouvernements défendent – entre autres – le droit d’exploiter et instrumentaliser le corps des femmes ukrainiennes au mépris de toute éthique et de  la dignité des personnes. 

Les autorités religieuses ukrainiennes ont protesté en vain auprès de Zelensky! 

Et pourtant, il suffirait d’écouter les autorités religieuses d’Ukraine: 

“Les évêques catholiques d’Ukraine se sont opposés sans succès au recours aux mères porteuses et ont demandé aux autorités de leur pays d’interdire la « maternité de substitution » dans les plus brefs délais. « Il est difficile d’imaginer le drame d’une femme qui doit renoncer à son enfant. La douleur d’un enfant arraché à sa mère et vendu à une autre famille dans le cadre de ce contrat inhumain est également inimaginable », avait déclaré en mai 2020 Mgr Sviatoslav Chevtchouk, primat de l’Église gréco-catholique, quand le scandale avait été mis en évidence par les restrictions sur les déplacements internationaux imposées par plusieurs gouvernements face à la pandémie de Covid-19. Cette condamnation avait également été soutenue par Mgr Mieczyslaw Mokrzycki, archevêque de Lviv et président de la conférence des évêques catholiques romains du pays. Mais avec un peu plus de 4 millions de gréco-catholiques et seulement quelques centaines de milliers de catholiques romains dans ce pays de 41 millions d’habitants majoritairement orthodoxes, la portée de ces condamnations reste limitée. La demande faite l’année dernière au président Zelensky par le représentant des Églises évangéliques d’Ukraine pour interdire la GPA commerciale n’a pas non plus été suivie d’effet. Les évangéliques ne sont également que quelques centaines de milliers (sans doute environ 700 000, comme les catholiques romains) dans ce pays, et il manque donc une voix orthodoxe forte à l’appel”.


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