Veilleurs et sentinelles : nouvelles menaces pour la République ?
Le Pouvoir semble craindre leur calme détermination plus que tout autre manifestation de rue... Je vous encourage à aller les rejoindre.
Vendredi soir dernier, ils étaient encore quelques centaines de Parisiens à avoir répondu à l’appel des Veilleurs, mouvement anonyme de jeunes dont le but est de provoquer des rencontres culturelles au sein des villes. Des jeunes qui veulent ressusciter la tradition romaine de l’Agora. 15 jours auparavant, ils s’étaient réunis au carrousel du Louvre, devant les murailles de Philippe Auguste, pour écouter historiens et hommes sur le thème Histoire et Mémoire. Ce vendredi, ils s’étaient donnés rendez-vous via Facebook devant l’Hôtel de Ville pour évoquer la « Légitimité et le Pouvoir », un thème d’actualité…
Certains veilleurs s’étaient protégés du froid avec un bonnet rouge. Car ce mouvement n’est pas que culturel, bien sûr. Nés spontanément de la Manif pour tous, et encouragés par ses dirigeants, les Veilleurs assis mais aussi debout désormais dénommés « sentinelles » se retrouvent sur les places publiques pour parler culture, histoire, mais aussi politique. Ils sont jeunes, voire très jeunes ou parfois âgés, voire très âgés.
Toujours très pacifiques. Pas de cris, pas même d’applaudissements remplacés par une gestuelle de bras qui s’agitent. Mais un flot de discours, de lectures, parfois de musique. Pas de quoi abattre la République, ni même le régime de Hollande que certains orateurs ne craignent pas de critiquer.
Leur chant préféré, L’Espérance, de Baden Powell, est murmuré à chacune des veillées. Comme ce fut encore le cas vendredi soir. Les Veilleurs de l’Hôtel de ville se sont scindés en trois groupes pour aller veiller devant le Palais de Justice, devant l’Assemblée nationale et place Vendôme où ils ont chanté ce très beau chant sous les fenêtres de Mme Taubira. Les forces de l’ordre déguisées en Ninjas blindés les y attendaient.
Car, depuis leur naissance en avril dernier, ils sont l’objet de l’attention particulière du ministère de l’Intérieur ou de la Préfecture de police de Paris et d’ailleurs… Les rassemblements sont surveillés, encadrés par des cordons de gendarmes mobiles ou de policiers « espions » habilement dispersés dans la foule des Veilleurs. On dit de ces gendarmes — forcés d’écouter des textes de Saint-Exupéry, Aristote ou Corneille — qu’ils sont devenus les flics les plus cultivés de France.
Des dizaines de cars sont ainsi mobilisés à chacune de leur veillée. Parfois, l’autobus de la Police Nationale, baptisé le GAV bus, conduit certains de ces « perturbateurs » vers quelques commissariats pour y être interrogés, histoire de leur faire manquer le dernier métro. On a ainsi vu des prêtres, des vieillards, des ados prendre le chemin de la rue de l’Évangile la mal nommée pour y passer quelques heures dans le froid mais la bonne humeur.
Ces gendarmes mobiles, ces commissaires souvent arrogants, ne respectent pas la liberté de circuler ou de se rassembler, au mépris des lois les plus élémentaires, devenant eux-mêmes hors-la-loi, avec la bénédiction de la Place Beauvau… Des plaintes sont déposées lorsque les commissariats ne refusent pas de les enregistrer, et une poignée d’avocats très motivés entament systématiquement des procédures devant les Tribunaux.
Nous sommes loin du laxisme des mêmes forces de l’ordre lors des débordements violents venus des banlieues pour fêter la victoire des footeux algériens, du Trocadéro, du 14 juillet, etc.
Mais ce qui est remarquable, c’est le silence radio des médias dans leur ensemble qui ne parlent jamais de ce phénomène des Veilleurs calmes et disciplinés mais très surveillés et souvent malmenés, sans raison aucune, par les gardes mobiles et autres policiers.
Le Pouvoir semble craindre leur calme détermination plus que tout autre manifestation de rue..
Je vous encourage à aller les rejoindre au moins une fois, un soir, dans votre ville.
- Source : Boulevard Voltaire