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L’OTAN en action dans les États Baltes

Auteur : Adomas Abromaitis | Editeur : Walt | Mercredi, 21 Oct. 2020 - 11h09

Depuis 2014, l’OTAN accorde une attention particulière à son flanc Est. L’Alliance démontre son intérêt avec l’intensification de l’activité militaire en Estonie, en Lettonie et en Lituanie – toutes d’anciennes républiques soviétiques. L’Alliance y accroît en permanence sa présence. L’OTAN a réussi à trouver l’outil efficace pour déployer plus de troupes sans violer aucun accord. Les troupes arrivent dans les États baltes sous le prétexte d’exercices militaires, malgré l’indignation et le mécontentement de la Russie.

La réaction de Moscou aux exercices de l’OTAN dans la région baltique est particulièrement négative. Elle considère la présence de l’OTAN dans les pays baltes comme une violation de la parité des pouvoirs en Europe.

Les assurances du Secrétaire Général qui a souligné que l’OTAN ne constitue pas une menace pour la Russie et la Biélorussie, qui sont limitrophes des États baltes membres de l’OTAN, n’ont pas été considérées comme vraies. Il a mentionné à plusieurs reprises que l’Alliance ne procède à aucun renforcement militaire dans la région. Néanmoins, la Russie exprime son inquiétude quant à l’activité militaire de l’OTAN.

On sait que pendant l’exercice Brilliant Jump II 2020 de l’OTAN, qui commence fin octobre, des troupes et du matériel sont déployés depuis la République Tchèque, la Pologne et l’Espagne par route, chemin de fer, air et mer vers la Lituanie, principalement à destination de la zone d’entraînement militaire de Pabrade. En septembre, les activités préparatoires ont commencé, dans le cadre desquelles des troupes se déplacent sur les territoires de ces pays alliés. Brilliant Jump II 2020, organisé pour accroître et démontrer l’état de préparation et la mobilité de la Force Opérationnelle Interarmées à Très Haut Niveau de Préparation (VJTF), a été lancé le lundi 28 septembre 2020 en Europe du Nord. Il est organisé en deux parties : une phase essentiellement maritime du 28 septembre au 2 octobre, suivie d’une phase de déploiement sur terre du 28 octobre au 6 novembre.

Les unités terrestres participantes comprendront un QG de brigade, un bataillon de tête, des forces spéciales et un QG de force opérationnelle chimique, biologique, radiologique et nucléaire (tous fournis par la Pologne), un bataillon mécanisé de la République Tchèque, une compagnie mécanisée de Lituanie, ainsi qu’un bataillon d’infanterie d’Espagne.

L’objectif principal de l’exercice est de maintenir l’état de préparation des forces de la VJTF afin qu’elles puissent se déployer rapidement et, simultanément, pratiquer/améliorer l’interopérabilité logistique avec les alliés et les partenaires.

« Nos exercices permettent à l’OTAN et aux pays alliés de saisir les opportunités d’affiner les compétences de combat en se concentrant sur des capacités de pointe », a déclaré le Vice-Amiral Keith Blount, Commandant du Commandement Maritime Allié. « L’exercice Brilliant Jump II 20 montre que nous restons prêts pour des opérations en temps de paix, de crise et de conflit et que nous sommes toujours prêts à déployer nos forces partout où cela est nécessaire, rapidement et efficacement ».

D’autant plus qu’à l’issue de l’exercice, certaines unités de la VJTF participeront à l’exercice Loup de Fer dirigé par la Lituanie. L’objectif de cet exercice est d’entraîner la Brigade de Présence Avancée Renforcée (eFP) à planifier et à mener des opérations d’action décisive et à améliorer le niveau d’interopérabilité des forces multinationales. Il est prévu qu’il se déroule du 9 au 22 novembre en Lituanie.

La France est également un participant actif du renforcement de l’OTAN dans la région. Totalement intégrée au Groupement Tactique de la Présence Avancée Renforcée (GT eFP), la mission opérationnelle française LYNX a été déployée en Lituanie pour une période de 6 mois. C’est le deuxième déploiement de ce type depuis 2018. Depuis leur arrivée début juillet dans le camp militaire de Rukla, les soldats français sont en contact régulier avec leurs homologues lituaniens du Host Nation Support. Il y a également l’élément de soutien de la Brigade du Loup de Fer, à laquelle le groupement tactique de l’OTAN est subordonné.

« Le but de notre bureau, au sein de la brigade du Loup de Fer, est de soutenir chacune des nations du GT eFP en termes d’hébergement, de nourriture ou de demandes spéciales lors d’un exercice ou d’une visite d’autorité », explique le Capitaine Darius, Chef du Host Nation Support. « Nous sommes le bureau de liaison entre les nations alliées et les militaires lituaniens stationnés à la caserne de Rukla ».

Pour mettre les choses en perspective, les groupements tactiques d’eFP dans les pays baltes sont en fait l’OTAN en action. Leurs manœuvres dérangent évidemment les pays voisins.

Il est intéressant de noter que les exercices militaires de l’OTAN dans les États baltes sont observés de près par Moscou et Minsk et considérés comme une menace pour l’État de l’Union de Russie et de Biélorussie. Ces deux pays comprennent que les exercices de l’OTAN dans la région offrent à l’OTAN et aux pays alliés la possibilité d’affiner leurs compétences de combat en se concentrant sur les capacités de pointe. Il est donc évident qu’ils prépareront une réponse.

La Russie et la Biélorussie sont déjà étroitement liées militairement. Ils disposent d’un système intégré de défense antiaérienne et antimissile, d’un groupe régional de forces composé de quatre brigades et forces spéciales biélorusses et de la 20e Armée de la Garde Russe. En outre, la Biélorussie est membre de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) dirigée par la Russie.

Pendant la crise actuelle, Loukachenko a affirmé que Poutine lui avait assuré que l’OTSC lui apporterait de l’aide, suite à des allégations selon lesquelles l’OTAN avait rassemblé des troupes à la frontière occidentale de la Biélorussie.

« Il est probable que la Russie va essayer d’exploiter la crise en Biélorussie pour y accroître sa présence militaire. Une telle présence peut prendre la forme d’exercices beaucoup plus fréquents et d’une rotation des troupes », a expliqué Wojciech Lorenz, un analyste de la sécurité à l’Institut Polonais des Affaires Internationales basé à Varsovie.

En septembre, les forces russes ont été déployées à Brest, en Biélorussie, à seulement 5 kilomètres de la frontière avec la Pologne, dans le cadre d’exercices annuels.

Quelque 1 000 forces d’assaut aéroportées russes ont monté des simulations d’assauts aériens et des missions de bombardement stratégique impliquant six bombardiers russes à long rayon d’action Tu-22.

Les exercices de Slavic Brotherhood du 15 au 25 septembre étaient un message de la Russie à l’OTAN, a déclaré Keir Giles, auteur du livre « Moscow Rules » et consultant au Chatham Hous de Londres. La deuxième partie de l’exercice s’est déroulée du 12 au 16 octobre.

La possibilité de déployer davantage de forces russes en Biélorussie ne fera qu’ajouter aux préoccupations sécuritaires de l’OTAN, a soutenu Gustav Gressel, chargé de mission au Conseil Européen des Relations Internationales.

D’une part, les forces russes supplémentaires en Biélorussie pourraient accroître encore la tension à la frontière avec l’OTAN. D’autre part, en augmentant sa présence dans les États baltes, l’OTAN provoque une augmentation de la présence militaire russe près de ses frontières. C’est un cercle vicieux qui ne mène nulle part.

Traduit par Réseau International


- Source : The Baltic Word

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