À l’été 2013, le sénateur républicain Lindsay Graham a déclaré que Barack Obama devait étudier la possibilité de boycotter des Jeux olympiques à Sotchi, si la Russie accordait l’asile à l’ancien agent de la CIA, Edward Snowden. « J’enverrais à la Russie le message le plus explicite possible », a-t-il déclaré.

Il faut avouer que cette idée n’a pas plu même à « l’ami » de la Russie John McCain, qui fait partie du groupe politique du sénateur. Il a déclaré que leur ancienne expérience dans le boycottage des Jeux olympiques n’a pas été très réussie. John Boehner, président de la Chambre des représentants des États-Unis, était du même avis. Patrick Sandunsky, porte-parole du Comité olympique américain, a remarqué que le boycottage des Jeux olympiques de 1980 à Moscou a « privé des centaines de sportifs américains de la chance unique de participer aux JO et des millions d’habitants des États-Unis de la possibilité d’être fiers des performances de leurs compatriotes ». Et Vitali Smirnov, président d’honneur du comité olympique russe, a souligné que « les JO sont un évènement international et ce n’est pas le comité d’organisation qui invite des sportifs, mais le Comité international olympique (CIO) ».

Cette réflexion simple n’a pas toujours été prise en considération. Si l’on croit aux données d’Internet, une démonstration publique des protestations politiques était toujours inhérente aux JO. Le premier cas du boycottage conscient par des États a eu lieu au seuil des 7es Jeux olympiques à Anvers en 1920. Pour punir l’Allemagne et ses alliés d’avoir déclenché la Première Guerre mondiale, leurs sportifs n’ont pas été invités. En plus, les organisateurs ont démonstrativement ignoré l’existence de la Russie soviétique.

Les JO de 1939 en Allemagne ont aussi suscité beaucoup de controverses. Berlin a été proclamé capitale des JO pendant la République de Weimar deux ans avant l’arrivée des nazis au pouvoir. Après cet évènement, la question du transfert des JO dans un autre pays a été sérieusement discutée, mais finalement ce n’est pas arrivé.

La veille des JO de 1980 à Moscou, le président américain Jimmy Carter a proposé au CIO de transférer les JO en Grèce pour protester contre l’introduction des troupes soviétiques en Afghanistan. Lorsque le CIO a refusé cette proposition, Jimmy Carter a annoncé son intention de boycotter les JO. Plus de 60 pays ont partagé l’initiative des États-Unis, alors que le Royaume-Uni, la France, l’Italie et l’Espagne ont autorisé les sportifs à se rendre à Moscou individuellement. Cela va sans dire que les pays du bloc socialiste, à l’exception de la Roumanie, de la Yougoslavie et de la Chine, ont boycotté à leur tour les JO de 1984 à Los Angeles.

La Corée du Nord ne s’est pas rendue à Séoul en 1988. L’Afghanistan a boycotté les JO de 2000 à Sydney, car les talibans ont interdit le sport tel quel et ont dissous le comité national olympique. Avant le début des JO de 2008 à Pékin, des propositions de « punir » les Chinois pour leur oppression au Tibet se sont fait entendre.

En ce qui concerne le boycottage des JO de Sotchi, le sénateur Lindsay Graham n’est pas le premier à vouloir le faire. Tout de suite après l’attaque géorgienne de l’Ossétie du Sud et les contre-mesures russes d’août 2008, le journal Washington Post et ensuite deux membres du congrès (la démocrate Allyson Schwartz et le républicain Bill Shuster) ont appelé le CIO à transférer les JO de 2014 de Sotchi dans une autre ville. Le comité national olympique géorgien a envoyé une lettre identique à Jacques Rogge, président du CIO, mais ce dernier a refusé.

Les tentatives de léser les intérêts de la Russie d’une manière ou d’une autre continuent. La Human Rights Campaign (la Campagne pour les Droits de l’Homme) a exigé de la chaîne télé NBC de mentionner « les lois russes contre les homosexuels » lors de la diffusion des JO de Sotchi. Il s’avère que la loi sur l’interdiction de la propagande homosexuelle parmi les adolescents « rend impossible ne fût-ce qu’un soutien modeste aux personnes LGBT ». Quel est le rapport avec les JO de Sochi ? Les défenseurs des droits de l’homme ne le précisent pas.

Au printemps 2013, le tabloïde britannique Mail on Sunday a affirmé que l’on impose aux sportifs russes la consommation de substances illégales et le laboratoire antidopage de Moscou dissimule cette information et substitue les échantillons contre de l’argent. Vitali Mutko, le ministre russe des Sports, a supposé à son tour que ce genre d’accusations soient publiées à l’égard de Russie pour empêcher le laboratoire de Moscou d’effectuer le contrôle antidopage aux JO de Sotchi. Selon Vitali Mutko, « nos succès dans le domaine du sport ne plaisent pas à tout le monde » et en ce qui concerne le problème du dopage, la Russie a su faire là-dedans plus de progrès en 5 ans, que le Royaume-Uni ou, par exemple, la Norvège en 20 ans.

Enfin, les JO de Sotchi sont souvent critiqués par les écologistes étrangers et russes qui sont persuadés que les constructions massives d’infrastructures olympiques ont occasionné des dommages irréparables à l’environnement. À ce sujet-là, un blogueur russe connu qui soutient les craintes des écologistes a appelé les partisans des mêmes idées à renoncer à l’idée de boycotter les JO. Le sport et l’écologie sont des alliés, a-t-il écrit. Le sport et l’écologie c’est la propagande d’un mode de vie saine, d’une relation saine avec elle. Il est difficile de pratiquer du sport dans un smog. Un parc est agréable, car on peut y faire un jogging le matin. Et le mouvement olympique rejoint la pensée écologique, où il n’y a pas de place pour la destruction, mais bien pour la création et la coopération.