Les "boeuf-carottes", le surnom de la "police des polices", pourront désormais être saisis par tous les Français. "Chaque citoyen pourra saisir cette inspection pour faire en sorte que la déontologie et les valeurs qui sont celles de la police s'appliquent, afin d'attendre des policiers un comportement exemplaire", avait annoncé en avril dernier, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, dans l’émission Zone interdite sur M6. Dès demain donc, la saisine de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) sera élargie.
Dans le cadre de cette réforme, qui vise notamment à réorganiser les services de l’IGPN, chaque citoyen peut, s’il s’estime victime d’injustice policière, déposer un recours en ligne, de manière non anonyme. En quelques clics, il pourra contester sur la plateforme internet une décision ou dénoncer un comportement illégal des forces de police. Une nouveauté donc, puisque jusqu'ici seule l'Inspection générale des services (IGS), dont le ressort est celui de la capitale et de sa proche banlieue, pouvait être saisie.
"Les gendarmes étonnamment, sont oubliés"
Mais cette mesure passe mal chez certains syndicats, qui craignent une plus forte stigmatisation des policiers. Pour Alliance, classé à droite, cela s’apparente à une simple "dénonciation". Interrogé sur I>télé, le SCSI, syndicat majoritaire chez les Officiers, nuance cet argument en évoquant la "multitude de contrôles déjà existants". Il regrette cependant la création "d’une nouvelle" formule de saisine. "Les gendarmes étonnamment sont oubliés", déplore-t-il aussi. En effet, cette mesure ne concernera que les 130 000 policiers employés en France.
Avec ce souci d’une plus grande transparence, les signalements (2300 cette année) devraient inévitablement augmenter. Mais les citoyens sont avertis : en cas de dénonciation calomnieuse, ils seront poursuivis. Après plusieurs polémiques sur d’éventuels dérapages policiers et l’incident à Joué-lès-Tours qui a fait le tour du web, le gouvernement espère rapprocher police et population. Et peut-être faire également oublier l’abandon de récépissé entériné cet été par Manuel Valls au profit du port du matricule sur les uniformes.