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Pour assurer sa survie politique, Netanyahu veut la guerre

Auteur : Abdel Bari Atwan | Editeur : Walt | Lundi, 10 Déc. 2018 - 10h47

La visite imprévue du Premier ministre israélien Binyamin Netanyahu à Bruxelles lundi pour rencontrer le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, qui assistait à une réunion de l’OTAN, évoquait une réunion similaire : celle que son prédécesseur Ehud Olmert a faite à Washington pour consulter les autorités américaines, peu de temps avant de bombarder le présumé réacteur nucléaire syrien près de Deir az-Zour en 2007. Comme Olmert, Netanyahu pourrait bien risquer de terminer sa carrière non seulement derrière des barreaux en étant reconnu coupables de corruption, mais également sous l’accusation d’échec militaire.

Netanyahu a déclaré que ses entretiens avec Pompeo devaient porter sur la présence iranienne en Syrie et plus précisément sur « les moyens par lesquels nous combattons ensemble l’agression de l’Iran – et de ses alliés du Nord », mais sa visite à la tête d’une délégation comprenant le chef du Mossad et son conseiller à la sécurité nationale avait peut-être un autre objectif : informer les États-Unis d’un important assaut militaire contre la Syrie et solliciter son soutien politique et diplomatique auprès du Conseil de sécurité des Nations Unies, et peut-être aussi un soutien militaire.

Après des mois d’enquêtes approfondies, la police israélienne a annoncé qu’elle disposait de preuves solides impliquant Netanyahu et son épouse dans des affaires de corruption. La majorité de sa coalition à la Knesset a entre-temps ne tient plus qu’à un seul siège. Il pourrait donc être en train de planifier une nouvelle aventure militaire pour redistribuer les cartes et empêcher le procureur général de porter des accusations contre lui et pour lesquelles il pourrait encourir une peine de prison de sept ans.

Jeudi dernier, l’armée israélienne a lancé un barrage intensif de missiles, affirmant qu’elle prétendait avoir pour cibles des usines produisant des missiles avancés appartenant à l’Iran et au Hezbollah dans le sud de la Syrie. Mais l’attaque n’a pas atteint ses objectifs. Elle a été efficacement contrée par les défenses anti-aériennes syriennes, qui ont empêché les missiles d’atteindre leurs cibles. Le Hezbollah a insisté sur le fait que ni ses positions ni ses forces ni celles de l’Iran en Syrie n’avaient subi le moindre préjudice.

Le Hezbollah surveille de près les prises de position et le comportement des Israéliens et est préparé à toutes les éventualités, y compris à la possibilité d’un assaut à grande échelle contre le Liban et/ou la Syrie. La semaine dernière, il a publié une bande vidéo en arabe et en hébreu avertissant les Israéliens qu’ils regretteraient de lancer une telle attaque.

Ce qui inquiète le plus Netanyahu et les responsables militaires israéliens, c’est la présence sur le front du Golan de forces spéciales du Hezbollah, soutenues par des unités de l’armée syrienne et de la brigade Qods des Gardiens de la révolution iraniens. Ils craignent la réouverture de ce front maintenant que l’État syrien a recouvré sa souveraineté sur le sud de la Syrie après avoir vaincu les groupes armés contrôlaient la région, soutenus par les États-Unis et par Israël.

Il est difficile de dire à l’avance quelle forme une nouvelle attaque israélienne pourrait prendre. Mais il est à noter que lors du raid de jeudi dernier, cela s’était limité à lancer des missiles, craignant apparemment que tout avion de guerre risquait d’être abattu par des missiles russes S-300. Netanyahu aurait peut-être demandé l’autorisation du secrétaire d’État américain d’utiliser des F-35 ultra-sophistiqués, supposés capables d’éviter les S-300, lors de toute nouvelle attaque.

L’approbation des États-Unis est nécessaire pour l’utilisation de ces appareils, mais leur invulnérabilité aux missiles russes est discutable. Même s’ils pouvaient frapper leurs cibles sans être interceptés, l’armée israélienne est bien consciente du fait que le Hezbollah risquerait de se venger d’attaques de missiles dévastatrices.

Le mouvement du Hamas – peu équipé, sans expérience équivalente et assiégé dans la minuscule bande de Gaza – a réussi à tirer 480 missiles et obus contre les colonies de peuplement israéliennes en réponse au dernier assaut d’Israël. Netanyahu a été contraint de demander un cessez-le-feu et d’annuler les attaques au bout de moins de 48 heures. Imaginez ce qui se passerait si le formidable arsenal de Sayyed Hassan Nasrallah était lâché en direction de Jaffa, Haïfa et Tel Aviv ?

Nasrallah – dont les déclarations sont prises au sérieux par 80% des Israéliens, d’après les derniers sondages d’opinion – a été franc et direct dans son dernier enregistrement télévisé. S’adressant aux Israéliens, il a déclaré: « Si vous osez [nous attaquer], vous le regretterez ». Alors, vont-ils suivre ce conseil ? Ou bien leurs dirigeants auront-ils encore recours à une nouvelle agression pour contrer les difficultés politiques et judiciaires intérieures et compenser l’échec militaire [contre Gaza] ?

Nous ne pouvons qu’attendre. Mais nous pouvons être certains que si Netanyahou répète la folie de son prédécesseur Olmert, il partagera le même sort et risque une défaite encore plus impressionnante.

L'auteur, Abdel Bari Atwan, est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération.

Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah


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