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Notre hystérie-dystopique

Auteur : dedefensa | Editeur : Walt | Jeudi, 21 Juin 2018 - 16h56

Un long article de l’auteur John W. Whitehead (son principal livre : Battlefield America: The War on the American People) aborde l’un des sujets centraux de notre temps qui est l’état général de surveillance où la population se trouve placée, dans tous les territoires de notre “contre-civilisation”, – c’est-à-dire, une surveillance globalisée. La technologie monstrueuse que nous avons créée et développée jusqu’à l’absurde rend possible cette situation monstrueuse où il est fort possible que ceux qui sont chargés de cette surveillance et de cet emprisonnement finissent si ce n’est déjà fait par se trouver submergés et emprisonnés eux-mêmes par le tsunami de communication qu’ils ont créé.

Whitehead développe son texte qui dénonce furieusement l’État-surveillance à partir de trois “auteurs”, mais en mettant l’accent sur la série télévisée visionnaire de l’acteur-réalisateur également visionnaire Patrick McGoohan réalisée au milieu des années 1960, la fameuse “Le Prisonnier”. Les deux autres auteurs évoqués sont bien sûr George Orwell et son 1984 et Huxley et son Meilleur des mondes. On trouve dans toutes ces œuvres, particulièrement chez McGoohan, tous les caractères du Système tel qu’il pèse actuellement sur nous ; hors de toute idéologie, de tout projet politique conséquent et cohérent, de toute explication politique de type dictatorial ou impérialiste, – le Mal grimé à l’état pur.

Ce qui est remarquable par rapport à tout ce que Whitehead décrit et dénonce avec justesse, c’est combien ces sombres prédictions des utopies devenues dystopies sont techniquement réalisables et même réalisées, et bien au-delà de ce qu’on pouvait craindre ; mais, en même temps, combien elles ne sont nullement parvenues à créer cet ordre diabolique de l’esclavage inconscient et consentie sans remous ni contestation ; et même au contraire, combien au plus elles s’affirment, au plus elles créent le désordre généralisé d’où se dégage de plus en plus une volonté de résistance prenant toutes les formes possibles… Le Système est arrivé à ses fins, sans aucun doute, mais il ne sait plus exactement quoi en faire, devenant obsédé par des résistances qui n’existent d’abord pas puis qui naissent à cause justement de ces obsessions-Système transformant la surveillance habile en insupportable coercition. Le texte de Whitehead est à la fois effrayant (et instructif) à lire, et en même temps la preuve par lui-même, par la critique qu’il clame, que l’affaire n’est nullement conclue. L’utopie devenue dystopie rend de plus en plus furieux et suggère toujours plus la justesse de l’équation surpuissance-autodestruction…

En d’autres termes : nous nous demanderions bien si McGoohan, réalisant aujourd’hui Le Prisonnier, aurait développé un récit aussi complètement pessimiste que celui qu’il fit dans les années 1960 ; même remarques pour Orwell et pour Wells Huxley. C’est là tout l’intérêt de consulter les grands anciens de notre temps qui avaient deviné la monstruosité que constitue la modernité : ils avaient vu juste quant au Système. Restent les questions de la réalisation du danger, de la prise de conscience de la situation, de la résistance et de la révolte, facteurs absolument imprévisibles aux époques où furent écrits ces récits à cause de l’impossibilité de prévision de la puissance-Janus du système de la communication. De ce côté, tout est ouvert, et s’affirme de plus en plus ouvert à mesure qu’on distingue de mieux en mieux l’horreur du monde enfanté par le Système du Diable.

« You want to be free? Break out of the circle », termine Whitehead. Le vrai est que nous ne savons pas très bien ce que nous allons trouver hors du cercle de notre emprisonnement, mais qu’importe puisqu’il nous sera impossible d’accepter d’y rester encore bien longtemps. Cela est aujourd’hui à un point ou plutôt que s’évader du cercle (“Break out of the circle”), nous suggérerions que ce qui se passera, volens nolens, est que le cercle se brisera, ou que nous le briserons (« You want to be free? Break the circle »).

Le texte de John W. Whitehead, de Rutherford.org, date du 18 juin 2018, sous le titre (que nous avons raccourci) de « Government Eyes Are Watching You: We Are All Prisoners of the Surveillance State ». Il a été repris sur divers autres sites, dont celui du Ron Paul Institute et de ZeroHedge.com.


- Source : dedefensa

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