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Fin de la cécité collective et lent retour à la réalité pour les Ukrainiens et leurs soutiens occidentaux, alors que le pays sombre

Auteur : Christelle Néant | Editeur : Walt | Mardi, 27 Juin 2017 - 15h02

Les faits sont têtus et à l’épreuve de tous les mensonges. Car si ces derniers prennent l’ascenseur, la vérité prend les escaliers, mais elle finit toujours par arriver à destination, en tout cas pour ceux qui sont prêts à l’écouter et à la voir.

Dès le Maïdan, ceux que l’occident a surnommé les « agents du Kremlin », les « propagandistes pro-russes » et autres fumisteries du même acabit, avaient tiré la sonnette d’alarme sur l’utilisation qui était faite par les États-Unis et l’UE des groupuscules néo-nazis ukrainiens pour renverser Ianoukovytch et mettre en place un nouveau gouvernement post coup d’état. Ils avaient aussi mis en garde sur les conséquences pour l’Ukraine de la coupure des liens économiques et historiques avec la Russie.

Les médias et gouvernements occidentaux avaient hurlé à la propagande russe. Certains jurant la main sur le cœur qu’il n’y avait pas de nazis en Ukraine, juste des nationalistes, des gens un peu « à droite ».

Après le Washington Post qui nous a gratifié d’un article ressemblant à un mauvais réveil après une soirée trop arrosée (vous savez ce moment où vous vous réveillez encore la tête en vrac dans les vapeurs d’alcool et que vous vous demandez « Oh mon Dieu c’est quoi ce nazi dans mon lit ? »), les médias français en bons suiveurs semblent eux-aussi découvrir soudainement que oui il y a des néo-nazis en Ukraine, que oui ils sont dangereux, et que oui, ils ont un pouvoir énorme malgré le fait qu’ils sont une minorité.

C’est le journal Le Monde qui nous offre ce morceau d’anthologie du grand écart sauce française, avec Benoît Vitkine dans le rôle du funambule. Car il faut être un sacré acrobate pour arriver à mixer des mensonges (il ne faut pas totalement renier la propagande antérieure sinon on se décrédibilise tout de suite et pour toujours) comme le fait que le conflit du Donbass serait un conflit entre l’Ukraine et la Russie (ce qui est totalement faux), avec la vérité, à savoir que les néo-nazis deviennent de plus en plus dangereux pour le gouvernement et le peuple ukrainien.

Déjà il faut renommer pudiquement les néo-nazi en ultranationalistes. Ça fait mieux et ça évite de passer pour un crétin alors qu’on prétend depuis plus de trois ans que non les néo-nazis ne sont pas au pouvoir en Ukraine. Il faut faire des aveux pro-gre-ssifs. Il ne faut admettre qu’un bout de faute à la fois. Même si après l’auteur décrit leurs actes et qu’on y retrouve clairement la marque de fabrique des groupes néo-nazis : « Attaques d’expositions artistiques ou littéraires, mises à sac de conseils régionaux en province, manifestations contre la Gay Pride kiévienne ».

La suite est tout aussi acrobatique lorsque Vitkine dit que « les ultranationalistes, qui se contentaient pendant des années de conduire de bruyantes marches aux flambeaux, entendent peser en profondeur sur le destin d’une Ukraine déstabilisée par trois années de guerre ». Comme s’ils n’avaient pas déjà pesé en profondeur sur le destin de l’Ukraine lors du Maïdan, lorsqu’ils ont aidé à commettre un coup d’état !!!

D’ailleurs lorsqu’il parle du fait que ces « ultranationalistes » avaient fini par faire céder le gouvernement ukrainien suite au blocus total du Donbass et aux attaques contre les banques russes, il ne peut s’empêcher (russophobie oblige) de dire que « cette victoire contre l’« oligarchie gouvernementale liée à la Russie », selon l’expression d’Oleksandr Alferov, l’un des cadres dirigeants du Corpus national, en rappelle une autre ».

Oh que oui cela en rappelle une autre. Cela rappelle les accusations qui avaient été portées contre Ianoukovytch pour justifier sa destitution, sous prétexte qu’il serait pro-russe (un crime atroce à en croire certains). Et cela montre bien que ces groupuscules n’ont pas soudainement acquis du pouvoir en Ukraine après trois ans de guerre comme le prétend Vitkine dans son article. Ils avaient déjà ce pouvoir en 2014, quand ils ont renversé Ianoukovytch.

L’article étant payant je ne peux accéder à la suite de ce dernier, mais le début est déjà édifiant et montre bien, que confronté aux faits qui sont diffusés en continu depuis trois ans par des diseurs de vérité, les médias occidentaux sont obligés de commencer à admettre, petit à petit, la réalité de l’Ukraine post-Maïdan.

Surtout quand cela leur permet de taper sur Donald Trump en lui conseillant de condamner l’antisémitisme en s’attaquant à l’Ukraine dont les autorités feraient la promotion du fascisme, dixit Reuters ! Là d’un seul coup finie la cécité collective sur ce qui se passe en Ukraine.

Reuters découvre par miracle tout ce que des médias qualifiés de pro-russes ont dénoncé depuis trois ans : les rues renommées en l’honneur de collaborateurs nazis, la loi rendant hommage à ces mêmes collaborateurs, les tentatives de blanchir de leurs crimes les collaborateurs de nazis, voire de glorifier les membres de la division SS Galicie, les actes de vandalisme commis sur les mémoriaux de l’holocauste et la hausse des actes antisémites, etc.

L’occasion pour le média OffGuardian de se moquer de Reuters :

« Donc, il n’y avait pas de néonazis en Ukraine, et maintenant ils apparaissent tout d’un coup. Trois ans après l’explosion du fascisme en Ukraine, on le considère aujourd’hui comme une réalité. »

On sent bien que les autorités ukrainiennes actuelles gênent. Il faut trouver un prétexte pour s’en débarrasser. Et quoi de mieux que de brandir les néo-nazis ukrainiens que les médias occidentaux avaient caché sous le tapis pendant trois ans.

Car Porochenko, empêtré dans les scandales et la situation catastrophique de l’Ukraine, est aussi dans la ligne de mire de Ioulia Tymochenko, qui rêve pas moins que de devenir calife à la place du calife. Ses députés au conseil régional de Kiev ont exhorté la Rada à légiférer sur la destitution du président ukrainien. En plus d’une législation permettant de destituer plus facilement le président, c’est une véritable armada de commissions d’enquêtes temporaires (en clair des tribunaux d’exception) que le parti de Tymochenko veut mettre en place pour juger les présidents « criminels ».

Quand on rapproche cela des menaces de « Nuit des longs couteaux » que Iouri Bereza avait proférées à la télé ukrainienne, on sent que le gouvernement ukrainien actuel est sur la sellette et risque la purge pure et simple, pour mettre à la tête de l’Ukraine des éléments encore plus radicaux que ceux qui s’y trouvent actuellement.

Des éléments comme Ioulia Tymochenko, qui en mars 2014 parlait de tuer tous les Russes et leur dirigeant (Vladimir Poutine), et de vitrifier les 8 millions de Russes ethniques vivant en Ukraine à l’arme nucléaire :

Vidéo: Tymoshenko : les russes, une balle dans leur têtes et les tuer à l'arme nucléaire! (RT)

Une conversation dont elle a confirmé l’authenticité sur son compte Twitter, tout en prétendant que la partie sur les 8 millions de Russes en Ukraine était éditée et qu’elle disait qu’ils sont Ukrainiens (quand on voit les discours russophobes et anti-Donbass de cette dame on a du mal à croire à cette affirmation).

Et la gueule de bois post-Maïdan ne frappe pas que les médias occidentaux, elle frappe aussi les politiciens ukrainiens. Ainsi l’ex-président ukrainien, Leonid Koutchma, a fini par déclarer que l’UE était en train de mettre l’Ukraine à genoux et ne lui viendrait pas en aide.

Quand d’autres ont expliqué le désastre qu’allait être l’accord d’association avec l’UE et ce qu’il allait en coûter à l’Ukraine, tous ont hurlé à la propagande pro-russe. Maintenant que c’est un ex-président ukrainien tout ce qu’il y a de plus russophobe qui le dit, d’un seul coup cela va devenir une vérité.

Leonid Koutchma dit sans ambages que l’Ukraine ne vend que du blé et du miel à l’Europe, et que les quotas annuels sont tellement ridicules que l’Ukraine les dévore en un trimestre à peine.

« Nous avons utilisé notre quota dès le premier trimestre, alors maintenant, les Européens nous mettent à genoux, nous demandent de couper du bois et de le leur apporter. Où est leur aide à l’Ukraine? Une fois que nous serons dans la misère, qui aura besoin de nous ? »

C’est seulement maintenant, alors que le Titanic s’enfonce dans l’eau que tout le monde commence juste à admettre que le bateau prend l’eau. Et alors que la situation est catastrophique, elle pourrait devenir encore bien pire si des gens comme Ioulia Tymochenko prenaient le pouvoir en Ukraine. Alors ce serait la guerre ouverte contre le Donbass et surtout la Russie. Dans ce cas, l’Ukraine, en plus d’exploser en plein vol, finirait de sombrer au milieu d’un bain de sang encore pire que celui que le Maïdan a déclenché il y a trois ans.


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